Hachette : Amazon précise ses demandes

Mickaël Bazoge |

Amazon a mis son contentieux avec Hachette sur la place publique. Le géant de la distribution bagarre depuis des mois contre la maison d'édition, sans que l'on connaisse précisément les termes de la négociation. L'entreprise utilise toutes les ficelles afin de détourner ses clients des livres Hachette : plus de précommande possible et des délais rallongés sont désormais le quotidien de ceux qui veulent lire les auteurs de la maison d'édition (lire : Livre numérique : Amazon joue à un jeu dangereux avec Hachette).

Après avoir tenté de jouer les auteurs contre leurs éditeurs en leur offrant 100% du prix de vente de leurs œuvres (c'est visiblement peine perdue), Amazon essaie cette fois de se mettre les consommateurs de son côté en levant un coin du voile sur les conditions que l'entreprise entend obtenir d'Hachette. Une manière pour la société de Jeff Bezos de ne plus passer pour le « méchant de service », une position qu'elle occupe depuis ses quelques réponses publiques particulièrement cassantes, notamment envers les auteurs frondeurs.

Alors que la rumeur annonçait qu'Amazon exigeait une rémunération de 50% sur le prix des livres, la société remet les pendules à l'heure : elle souhaite une commission de 30%. Sans préciser la part qu'il retire actuellement sur la vente de livres Hachette, Amazon écrit qu'en 2010, ces 30% lui ont été imposés par la maison d'édition « quand elle s'est entendue avec ses concurrents pour augmenter le prix des e-books. Nous n'avions aucun problème avec ces 30% — mais nous en avons un quand les prix augmentent ».

L'objectif suivi par Amazon dans cette bagarre est simple : le distributeur veut obtenir un prix de 9,99$ sur les livres numériques. La moyenne actuelle est de 14,99$ (cela peut aller jusqu'à 19,99$), un prix « injustifié » pour un e-book qui ne nécessite « aucune impression, pas de sur-impression, pas de prévision, aucun retour, aucune vente perdue en raison de rupture de stock, pas de stockage, pas de frais de transport, pas de marché de l'occasion — un e-book ne peut être revendu ». Pour Amazon, les ouvrages numériques devraient être moins cher.

Le meilleur argument d'Amazon dans cette rude négociation est que le livre est en concurrence avec d'autres contenus : « les jeux, la télévision, les films, Facebook, les blogs, l'actualité gratuite, et plus encore ». Avec un prix calé sous les 10$, tout le monde y gagnerait selon l'entreprise. Le client bien sûr, qui paierait moins cher ses e-books, mais aussi l'auteur qui profiterait des 16% de revenus supplémentaires tirés de ventes plus importantes (sur lesquels il tirerait 35% du prix), ainsi que la maison d'édition qui in fine, engrangerait des revenus plus substantiels. « À 9,99$, même si le consommateur paie moins cher, le gâteau est plus grand et il y a plus à partager pour toutes les parties ». Et Amazon en tirerait aussi profit…

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avatar redchou | 

De toute façon avec la loi sur le prix du livre en France, Amazon ne pourra pas vendre moins cher un eBook...
Ou il y a eu des changement de ce côté la?

avatar trolloloI | 

Si la partie vente d'ebook est localisée en dehors de la france, en quoi la loi française s'applique ?

Et c'est pas nouveau ce genre d'arnaque des maisons d'édition. A un moment ils voulaient même qu'un ebook soit plus cher qu'un livre physique...

avatar redchou | 

- Je parle pour un consommateur français... Je ne connais pas les lois de tous les pays.
Si un acheteur français achète un livre, la loi française s'applique, sur Amazon en tout cas, sinon il pourrait vendre les films sortie au US en FR, etc...
Ce que dit la loi:
"Le même prix doit s'appliquer aux acheteurs situés en France, que la plate-forme de diffusion soit en France ou à l'étranger."

avatar trolloloI | 

A l'étranger, la loi n'est pas appliqué. Les imports us/jap sont soumis à que dalle quand t'achètes depuis la france.

Du coup une plateforme en suisse ou au maghreb et tu dois pouvoir faire de la vente aux français sans soucis.

avatar redchou | 

Vas-y je te regarde... Fais donc une plateforme de la sorte, je te regarde, on verra si tu n'auras pas de soucis ^_^

avatar trolloloI | 

http://www.culture.gouv.fr/culture/dll/prix-livre/

Je cite: "Suisse Prix libre ; interdiction de l'accord en Suisse allemande en 1999"

Sinon, ya aussi le R-U, le Lux', la Suède, l'Irlande, la Finlande, la Belgique et l'Italie d'après le site de la culture de notre cher gouvernement. ^_^

C'comme pour les JV, pourquoi payer 70€/jeu console en France quand il coutent 25-35 chez les rosbeef et inclut très souvent le FRA. T'as vu une interdiction à l'importation ou au multi FRA toi ? ^_^

on peut citer aussi: "L'implantation de la FNAC en Suisse, en commençant par Genève cet automne, suscite une inquiétude certaine dans le monde du livre: on ne sait toujours pas quelle politique du prix du livre sera pratiquée par cette chaîne." On verra si la fnac aura des soucis ou pourra fournir des livres fra à prix réduit. ^_^

avatar redchou | 

- La loi stipule que le prix d'un livre doit être unique, donc si Amazon pratique un prix de 9,99€, il doit être partout de 9,99€.
Il peut par contre être différent entre la version papier et numérique.
( http://vosdroits.service-public.fr/professionnels-entreprises/F22713.xhtml )

avatar iRobot 5S | 

@redchou :
Et bien la loi est rarement respectée !

avatar Garfield3 | 

Voilà qui remet effectivement les pendules a l'heure surtout vis a vis de ceux qui critiquaient amazon.
Je suis 100% d'accord avec le distributeur comment les maisons d'édition peuvent justifier de vendre la version numérique d'un livre au même prix voire plus cher que sa version papier quand celui demande des couts de Production inférieur...

avatar redchou | 

Moi, ce qui me dérange le plus, c'est ça:
-"Après avoir tenté de jouer les auteurs contre leurs éditeurs en leur offrant 100% du prix de vente de leurs œuvres"
Il ne peuvent pas proposer 100 % du prix de vente sans vendre à perte, ce qui est interdit (Il y a le coût des serveurs, du paiement, etc...). Donc tu peux être sur que ce n'était que pour mieux les entuber par la suite.
C'est toujours comme ça avec Amazon...

avatar umrk | 

Heureusement que la grande distribution (entre autres ...) nous épargne le détail des divers contentieux qui peuvent exister avec tel ou tel de ses fournisseurs, avant qu'un accord soit conclu , et évite de porter chaque affaire sur la place publique, en prenant le public à témoin (avec un exposé des faits convenablement orienté, bien entendu ..) ...

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