Sonos voit son avenir dans le streaming payant et le contrôle vocal

Florian Innocente |

Sonos traverse une mauvaise passe mais parie sur le streaming payant et le contrôle vocal pour rebondir. Dans un billet de blog, John MacFarlane, le patron fondateur du fabricant d’enceintes connectées, annonce que plusieurs salariés ont été licenciés, il ne précise pas combien exactement. Une décision nécessaire, dit-il, pour assurer la rentabilité à long terme de l’entreprise. Basé en Californie, Sonos n’est pas coté en bourse, il a des bureaux ailleurs aux États-Unis ainsi qu’aux Pays-Bas, en Australie, en Allemagne, en Chine et au Royaume-Uni.

Le PDG explique ensuite qu'il voit deux domaines dans lesquels engager Sonos pour les années à venir : le streaming payant et le contrôle vocal. L’arrivée d’Apple dans le streaming a été le dernier chapitre d’une profonde mutation de l’industrie musicale vers ce mode d’écoute. En cela les enceintes de Sonos sont bien positionnées, elles savent diffuser la musique des principaux services de streaming du marché et c’est devenu le cas pour Apple Music le mois dernier.

Qu’est-ce que Sonos entend faire de plus avec le streaming ? Mystère. À lire entre les lignes, on imaginerait presque l’entreprise vouloir proposer une offre de streaming payante, parfaitement intégrée, qui éviterait aux utilisateurs de jongler avec celles de ses partenaires. Cela demanderait toutefois des ressources monumentales qui semblent bien hors de sa portée.

Sonos pourrait aussi proposer une formule qui faciliterait l’utilisation transparente de plusieurs services à la fois et de leurs bibliothèques respectives. Cela semble également compliqué. Enfin, peut-être que Sonos envisage de laisser enfin ses clients utiliser les logiciels de leur service musical de prédilection, plutôt que de les obliger à passer par son app, qui n’est pas forcément la meilleure dans le domaine. À défaut de donner des pistes précises, John Macfarlane parle d’une expérience utilisateur qui va s’améliorer : 

Nous misons plus que jamais sur notre profonde conviction que le streaming musical est la méthode de consommation dominante aujourd'hui et à l'avenir. Nous pensons les utilisateurs vont être de plus en plus déçus par les les solutions qu'ils ont bricolé pour écouter de la musique chez eux. Maintenant que les fans de musique peuvent enfin écouter ce qu'ils veulent et où ils veulent, nous allons nous concentrer sur la création d'expériences incroyablement riches ; qu'il était impossible d'imaginer lorsque nous avons créé l'entreprise ; elles seront à l'avant-garde de ce qu'il est possible de faire lorsqu'on parle d'écouter de la musique à la maison. C'est un effort de développement significatif pour le long terme important et dans lequel nous allons engager des ressources importantes.

Deuxième piste, la reconnaissance vocale. Siri, Cortana, Google Now mais aussi et surtout Echo et son assistante Alexa d’Amazon ont prouvé que ce mode d’interaction avec les objets et appareils qui nous entourent étaient une tendance lourde, d’abord sur les smartphones et maintenant dans la maison.

Amazon Tap, Amazon Fire TV, Amazon Echo et Amazon Dot

John MacFarlane s’intéresse plus particulièrement à Echo, la famille de produits d’Amazon dont l’un des tout nouveaux modèles fait à la fois assistant intelligent pour la maison et enceinte audio (lire Echo Dot et Tap, les nouveaux domestiques d’Amazon).

Les enceintes de Sonos peuvent quadriller un intérieur puisqu’on les dispose dans plusieurs pièces. En les laissant en veille permanente — comme la Play:5 que l’on ne peut éteindre complètement — il y a de quoi en faire des assistants que l’on sollicitera à haute voix n’importe où. D’ailleurs cette Play:5 sortie en septembre est dotée de deux micros qui sont pour le moment désactivés, ils attendent l’arrivée de « futures fonctionnalités de Trueplay » qui ne sont pas décrites.

Comme avec le streaming payant, MacFarlane ne dévoile pas encore son jeu mais il promet de nouveaux services :

Alexa/Echo est le premier produit qui montre réellement la valeur ajoutée du contrôle par la voix dans la maison. Sa popularité auprès des clients permettra d'accélérer cette innovation au sein de toute l'industrie. Ce qui est nouveau aujourd'hui deviendra banal demain. Là aussi, Sonos a une vision à long terme sur la manière de proposer des expériences musicales pilotées par la voix. La voix représente un changement majeur pour nous, nous allons donc y investir ce qu'il faut pour l'amener sur le marché d'une manière formidable.
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avatar occam | 

Pour paraphraser Pierre Dac (DAC, c'est le cas de le dire…), Sonos a son avenir devant lui, mais il l'aura dans le dos chaque fois qu'il fera demi-tour.

avatar mac_adam | 

Ils auraient sans doute mieux fait de ne pas faire fi du passé justement : réduire leurs appareils à la seule diffusion de streaming musical est une erreur. Même des marques plus élitiste et audiophiles proposent en plus du streaming musical la possibilité d'écouter la radio ou tout autre contenu audio.

avatar waldezign | 

Ou se faire acheter par apple.

avatar iPop | 

Intégrer HomeKit

avatar lmouillart | 

RIP Sonos

avatar bugman | 

Baissez vos tarifs élitistes, ça ira peut être mieux !?! (Enfin, bon, tant qu'il vous reste des personnes à licencier... Ca laisse le temps d'y réfléchir...)

avatar lezardon | 

Deja, pour revenir dans la course, il faudrait mettre a jour leur solution afin que l'on puisse enfin lire les pistes 24 bits, et augmenter la taille maximale des bibliothèques, toujours limitée a 64,000 pistes.
C'est du matériel cher, mais pas du tout audiophile. Il est la le problème de Sonos.

avatar Jack | 

C'est un faux problème. La musique HD, c'est du bullshit marketing pour audiophiles abrutis qui ne comprennent rien au fonctionnement des règles de la physique. La limitation du nombre de pistes, elle, ne concerne qu'une personne sur sans doute plus de 10 000, donc je doute fort que ce soit un vrai facteur. Il ne faut pas confondre audiophile et collectionneur de musique. Accessoirement, à en juger par les forums de discussion (il y en a un gros sur Reddit, notamment), Sonos n'est pas une option pour eux, mais c'est lié à la qualité des composants (et donc à la qualité audio considérée comme non "audiophile"), rien d'autre. chez des gens habitués à dépenser des fortunes pour leur matériel, Sonos serait plutôt moins cher que le reste, mais comme ce n'est pas du matos audiophile, ils n'en achètent pas.

Sonos n'a jamais visé les audiophiles, et à titre de comparaison les streamers réseau "audiophiles" coûtent entre 5 et 20 fois plus cher. Ce n'est pas du tout le même marché.

En tant que revendeur Sonos de la première heure, je vois plus la baisse de la marge comme facteur. Aujourd'hui, nous touchons environ 20% de marge sur du Sonos. Certes, c'est plus que sur Apple et les deux marques sont "pré-vendues" dans le sens ou c'est du matériel quasi-standard sur nos installations (on fait énormément de "whole house audio"), mais pour des revendeurs qui ne font que des produits de ce type, l'augmentation récente et délirante des prix Sonos, couplée à la baisse de la marge revendeur sont à mon sens une grosse partie de l'explication.

avatar marc_os | 

@blackops :
20% de marge pour des vendeurs... Ça existe encore ? Ça laisse rêveur.
La distribution qui fait des marges supérieures à celle des fabricants et producteurs, les agriculteurs disent merci.

avatar Jack | 

Tu sais, si ma boîte faisant la taille de Carrefour, je serais hyper content de faire 20% de marge moyenne, mais à l'échelle d'un boîte de 5 personnes, c'est risible et pas du tout suffisant, surtout vu la fiscalité actuelle.

A titre de comparaison, sur Apple on fait environ 6% (et encore, pas sur tout), mais ça se vend tout seul, et à l'inverse, sur du matériel audio traditionnel (amplis, HP, etc.), la marge moyenne oscille entre 35 et 50%, ce qui est une marge comfortable.

Heureusement pour nous, le gros de notre business se situe hors de France, donc on marge plus, mais ici chez nous, c'est dur de survivre à l'heure actuelle.

avatar mac_adam | 

" La musique HD, c'est du bullshit marketing pour audiophiles abrutis qui ne comprennent rien au fonctionnement des règles de la physique."
Sans prendre parti pour ou contre le 24 bits, il est intéressant de se rappeler que Beethoven composait alors qu'il était sourd.

avatar Jack | 

Il n'y a aucun rapport. Beethoven n'est pas né sourd et a caché la baisse de son audition le plus longtemps possible a ceux qui le connaissaient. Il a donc pu composer une grande partie de ses plus belles compositions dans sa tête. C'est impressionnant, certes, mais il n'y a rien de miraculeux là-dedans. Ls gens qui ont vu ou entendu avant de devenir aveugles ou sourds n'en oublient pas pour autant le monde qui les entourait avant.

S'il était né sourd, effectivement, ça aurait tenu du miracle. Mais ce n'est pas le cas.

Et l'oreille humaine n'est toujours pas capable d'entendre les fréquences supplémentaires contenues dans des morceaux encodé en 24/192.

avatar mac_adam | 

@Jack :
Non. Beethoven composait sur son piano et entendait les notes jouées grâce à la conduite par les os du crâne via une tige de bois qu'il tenait serrée entre les dents.

avatar marc_os | 

@ mac_adam
Mais où as-tu donc été chercher ça ?

avatar mac_adam | 

Par exemple : http://www.ordreaudio.qc.ca/historique_protheses.php

Cette tige est exposée dans la maison-musée de Beethoven.

avatar Jack | 

@mac_adam

Chouchou, tu ne sais pas de quoi tu parles.

Beethoven est né en 1770 et n'était absolument pas sourd à la naissance. Il a commencé a entendre des bruits parasites en 1796 et sa surdité est apparue progressivement dés 1798. On estime qu'en 1801 il était à 60% sourd et qu'il l'est devenu complètement en 1816.

Il se plaint d'ailleurs de l'apparition de sa surdité dans une lettre à son ami Karl Amenda en juillet 1801.

Brèf, comme je disais, Beethoven, n'étant pas sourd à la naissance a eu largement le temps de former son cerveau aux notes de musique, ce que j'imagine a du lui permettre plus tard de continuer à composer dans sa tête.

CQFD.

avatar mac_adam | 

@monpetitpoussin :

Il semble que tu aies surinterprété mes propos. Je sais que Beethoven n'est pas né sourd et n'a pas composé toute son oeuvre dans cet état : mon intention n'était pas de faire sa biographie.
Quelle était la part de sa musique intérieure dans ses dernières oeuvres (certainement très importante) ? Quelle était la part des bricolages pour lui permettre de percevoir les sons (apparemment non nulle - je reconnais que j'ai attribué une part sans doute trop importante à la baguette de bois) ? Etait-il même totalement sourd dans ses dernières années ? Les avis divergent.
Quoiqu'il en soit, mon intention était d'utiliser son exemple pour souligner que le son n'est peut-être pas seulement une affaire de "20Hz-20kHz et basta !".

avatar Larson | 

@blackops

Commentaires très intéressant Blackops
Tu travailles pour une chaîne connu ou tu es spécialisé (comme chez Cobra) ?

avatar Jack | 

@ Larson

Ni l'un, ni l'autre. Nous sommes une petite boîte qui travaille essentiellement pour des multimilliardaires, principalement Saoudiens, à la fois en France et en Arabie Saoudite.

Sonos fait partie de l'offre de base qu'on met chez quasiment tous nos clients, parce que c'est bien adapté à la sonorisation de demeures ayant beaucoup de zones indépendantes, sous réserve toutefois ne ne pas suivre les recommandations de Sonos, qui ont tendance à créer plus de problèmes qu'autre chose.

Par exemple: Sonos refuse de reconnaître que leurs produits sont inadaptés au paysage wifi surchargé actuel, alors que dans 95% des cas, ce sont les réseaux wifi parasites qui foutent le bordel (et les trois canaux proposés royalement par sonos dans les réglages ne suffisent clairement plus). De même, et ça ne concerne à priori pas bcp de gens ici, mais si Sonos gère officiellement jusqu'a 32 zones indépendantes (32 zones, chacune avec un morceau différent qui joue, simultanément), dans la pratique, il n'y a qu'un seul switch sur le marché (un Cisco) qui fonctionne avec plus de 7 ou 8 players Sonos en ethernet. N'importe quel autre switch, peu importe la marque, fera planter le système. Sonos le sait très bien, mais refuse de le reconnaître et de partager le modèle du switch. Accessoirement, il faut savoir que, au delà de 7 à 8 players Sonos, peu importe le modèle, le système ne fonctionnera plus en wifi et il faudra les câbler.

Enfin, il est possible de désactiver totalement le wifi des produits Sonos, ce qui a pour avantage d'éliminer complètement les problèmes wifi lorsqu'on en a, à condition bien évidemment que tous les appareils Sonos soient câblés. Bien évidemment, Sonos refuse de communiquer les commandes (pourtant simples) permettant de de faire, et tire la tronche lorsqu'on les appelle avec un problème et si on a eu l'outrecuidance d'avoir désactivé le wifi.

Brèf, excellents produits, mais boite d'enfoirés qui se fout de la gueule de ses utilisateurs.

avatar marc_os | 

@blackops :
Ceci dit, ton commentaire est très intéressant.

avatar Ingmar97432 | 

@blackops :
Merci pour le com vraiment carré. J'en ai 9 sur 2 sites et que du bonheur. Souplesse et stabilité, un son flatteur et "riche" façon Bose. Fiable en plus. Lorsque je veux écouter "audiophile" j'allume ampli et b&w, ça n'est clairement pas la même démarche ni le même moment dans une journée.

avatar marc_os | 

@lezardon :
Ça sert à quoi du 24 bits sur du matériel pas audiophile ?

avatar enzo0511 | 

Chromecast audio a ou finira par achever Sonos

avatar Ingmar97432 | 

Me permettrais-je d'objecter qu'il est possible éventuellement que ce qui est intéressant dans les fréquences supérieures rendues au-delà du spectre à priori audible, c'est la possibilité physique qu'elles ont (comme les autres d'ailleurs, pas exclusif à ces fréquences) de se recombiner et que ces recombinaisons, interactions, puissent résulter en fréquençes audibles celles-là, venant enrichir le message musical? Il me semblait que l'intérêt était là, m'étais-je fourvoyé ;-D ?
Pourrions-nous également envisager que ces ondes étant mécaniques, elles se mettent en relation avec d'autres parties du corps (peau etc) rendant la perception même du message sonore plus complexe et subtile que par la seule oreille externe? Par exemple il est facile de ressentir la pression (acoustique justement) des basses fréquences sur le thorax dans un concert ou autre, on pourrait envisager des zigouigouis légers qui chatouillent les poils des bras ou qui font vibrer les os du crâne pour les hautes fréquences et qui participeraient au plaisir ressenti à l'écoute?

Je suis désolé je bois le soir

avatar mac_adam | 

@ingmar :
On doit boire la même chose :-)
Ce sont exactement les diverses hypothèses auxquelles je songeais avec mon exemple de Beethoven et sa baguette en bois.
Par exemple, j'avais lu il y a quelque temps un article qui, si j'ai bonne mémoire, s'interrogeait sur la possibilité des hautes fréquences du 24 bits à donner un ressenti plus physique du son au niveau de la boîte crânienne.

avatar Ingmar97432 | 

@mac_adam :
Après bon il faut pas se leurrer je rejoins indirectement blackops dans le sens où promouvoir du 24b ou hd audio quand la source (streaming) ou le reproducteur est construit comme de la m... Il y en a bcp à jeter et peu à prendre avant de percevoir une différence à l'écoute.

avatar mac_adam | 

Ca tombe sous le sens. Sinon je me demande bien qui est ce blackops dont je ne vois pas de message. Peu importe. Bonne écoute et peut-être à une prochaine fois.

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