Bruxelles recherche un abus de position dominante d'Android

Mickaël Bazoge |

Les constructeurs de smartphones Android ont toute liberté pour utiliser le code du système d'exploitation. Certains fabricants comme Amazon ou Nokia (avec le désormais défunt Nokia X) ont ainsi pu s'appuyer sur cette base pour créer leurs propres plateformes. Mais s'ils souhaitent proposer à leurs clients des services comme Google Maps ou l'accès à la boutique Play Store, les partenaires du moteur de recherche ont plusieurs obligations. D'une, ils doivent intégrer un « paquet » baptisé Google Mobile Services (GMS), que Google peut mettre à jour quand bon lui semble; c'est ce qui permet au moteur de recherche de réduire la fragmentation, les constructeurs et opérateurs ne pouvant proposer les mises à jour d'Android qu'après des batteries de test (lire : Comment Google est en train de reprendre le contrôle d'Android).

Android L sera disponible cet automne.

Les constructeurs doivent également payer des frais de certification : si le feu vert est donné, alors ils peuvent utiliser le logo Android et vendre un appareil complet. Ces obligations contractuelles sont regroupées au sein du MADA (Mobile Application Distribution Agreement), un accord qui intéresse particulièrement la Commission européenne : ce contrat pourrait bien recéler quelques bizarreries pouvant entraîner des accusations d'abus de position dominante.

The Register rapporte ainsi que les services de Joaquin Almunia, commissaire à la Concurrence, s'intéressent à d'éventuelles clauses de « lockout » comprises dans le MADA, qui pourraient empêcher les constructeurs de commercialiser des smartphones Android sans les services de Google — des mobiles qui embarqueraient par exemple les cartes HERE de Nokia au lieu de Maps, ou une boutique alternative d'apps comme l'Appstore d'Amazon. Google se montre également beaucoup plus spécifique quant au positionnement des icônes de ses applications, et l'entreprise a fortement augmenté la taille du paquet GMS (Android L va y ajouter plus de 5 000 nouvelles API). « Beaucoup de constructeurs ne sont pas en position de négocier avec Google », explique un contact du site, pour expliquer la mainmise de Google sur le marché.

Il est à noter que dans ce dossier, la Commission a été aiguillée par un collectif, FairSearch Europe, qui compte dans ses rangs de sérieux concurrents de Google, parmi lesquels Microsoft, Nokia et Oracle.

Des courriers ont été envoyés le mois dernier aux constructeurs afin de confirmer ou pas la présence de ces clauses restrictives dans les contrats MADA. Il ne s'agit pas (pour le moment) pour l'exécutif européen de lancer une véritable enquête en bonne et due forme sur les pratiques de Google; l'an dernier, ces mêmes fabricants ont reçu des lettres similaires sans que cela donne lieu à une investigation officielle. Néanmoins, Almunia a confirmé à ses pairs de la Commission que ce coup de sonde était le plus complet et le plus sérieux de tous ceux que les services à la concurrence conduisent sur Google. Android détenant de 70 à 80% du marché européen, il n'est guère étonnant de voir l'UE s'y intéresser de près. Les rênes de la Commission étant désormais entre les mains de Jean-Claude Juncker (qui entrera en fonction en novembre), le successeur de Joaquin Almunia aura déjà quelques dossiers sur sa table.

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avatar julien76 | 

Ils n'ont pas mieux a faire ? Il y a bien plus urgent en Europe ....

avatar Hari-seldon | 

@julien76 :
oui c est sur mais d un autre côté vu l importance et l imprégnation de l informatique dans notre quotidien et celui des entreprises les marchés et sommes en jeu ca ne me semble pas inutile loin de la.
;-).
celui qui domine ces marchés, domine le monde en quelque sorte.

avatar bazbazbazbazbaz | 

On dit les "rênes de la commission" et non les "rènes de...". Je sais, je fais mon pénible.

avatar Mickaël Bazoge | 
Merci, c'est corrigé. La prochaine fois que vous repérez une erreur, merci d'utiliser le formulaire d'alerte qui est vraiment bien fichu ;)
avatar W.B.M | 

Il aurait été bien de préciser que la demande ( ou la plainte ) a UE vient d'un collectif qui a comme membre , Microsoft , Oracle , Nokia . En gros tout ceux qui détestent android ou qui n'arrive pas a émerger .

Acte désespérer .

avatar Mickaël Bazoge | 
Ah c'est très juste. Je vais le préciser.
avatar Archy | 

@julien76
Les décisions de la Commission m'exaspère ou me révolte souvent mais il faut reconnaître qu'il y a, comme dans un gouvernement, des gens qui s'occupent d'économie, de santé, de culture etc.
Donc argument non recevable...
Surtout que cette enquête est justifiée, on ne peut pas jouer double-jeu comme le fait Google indéfiniment.

avatar julien76 | 

@Archy :

Bah alors ils y en qui branlent rien :)

avatar W.B.M | 

@MickaëlBazoge

D'accord :)

avatar iRobot 5S | 

La solution tout le monde la connais, un OS mobile et un Pc européen.
En gros des alternatives européennes aux services numériques américains.

On a déjà des solutions européennes comme des moteurs de recherches, mais peu de gens les connaissent, par manque de visibilité, de promotion (les films sont le meilleur moyen, et le cinéma français, 1er cinéma d'Europe, l'interdis), etc...

avatar Vetsa | 

Parfois je comprend tout à fait les enquêtes et audits diligentés par l'UE, mais parfois certains me laissent pantois. Comme c'est le cas avec cette enquête, car Google conçoit l'OS et c'est tout à fait normal que les compagnies qui veulent l'utiliser respectent un minimum un certains cahier des charges.

Et c'est ces même bureaucrates qui vont nous pondre des lois anti-obsolescence programmées etc. Et puis c'est les consommateurs qui font leur choix, si untel ou telle compagnie n'arrive plus à vendre ses produits. Certes, il peut y avoir des dessous de table etc. mais parfois c'est le consommateur qui fait son choix.

avatar XiliX | 

@Vetsa
Parfois je comprend tout à fait les enquêtes et audits diligentés par l'UE, mais parfois certains me laissent pantois. Comme c'est le cas avec cette enquête, car Google conçoit l'OS et c'est tout à fait normal que les compagnies qui veulent l'utiliser respectent un minimum un certains cahier des charges.

Oui et non... regarde le cas de "Internet Explorer". Microsoft est obligé de laisser l'utilisateur de choisir le navigateur. Alors pourquoi pas obliger Google de laisser l'utilisateur de choisir l'app de navigation ?

avatar Vouzemoi | 

et sur ios ça se passe comment le choix de l'utilisateur ?

avatar Hari-seldon | 

@Vouzemoi :
Apple n est pas en position dominante.

avatar CJPP | 

L'ennui c'est qu'on est pas dans la même situation. Avec Windows et IE, l'utilisateur c'est le consommateur, alors qu'avec Android et Play, l'utilisateur ce sont les constructeurs de téléphone. Et alors que les consommateurs peuvent exiger un ordinateur selon leurs désirs (parfois on n'a pas le choix), les constructeurs ne peuvent pas exiger un OS comme ils veulent (qu'ils ne se lancent pas dans la téléphonie s'ils n'en sont pas capables).

avatar cloudy | 

La problématique sur laquelle risque de tomber cette enquête est assez clairement énoncé dans l'article : du fait du nature OpenSource du projet Android (AOSP), il est tout à fait possible de construire des téléphone sans Google mais disposant d'un écosystème complet. Il y a plusieurs exemples :
- Amazon et l'écosystème qui va avec
- Nokia X qui bien qu'abandonné pour d'autres raisons à pu être mis sur le marché
- Xiaomi qui construit un écosystème logiciel concurrent très complet

Si les fabricants se mettent dans les bras de Google c'est par incompétence principalement.

Après on ne peut pas demander à Google de fournir uniquement ce sur quoi elle ne gagne rien et laisser tout ce sur quoi il y a de la valeur. Son programme Play Services est construit comme un écosystème. Rien de choquant. D'autant plus que le reste d'Android reste parfaitement ouvert (voir les trois exemples si dessus).

avatar tbr | 

@bazbazbazbazbaz – 21/07/14 18:26
On dit les "rênes de la commission" et non les "rènes de...". Je sais, je fais mon pénible.

C'est pour prendre de l'élan.

Waaah, piti(é les jeux de mots) !

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