ResearchKit, CareKit : quoi de neuf docteur Apple ?

Mickaël Bazoge |

L’annonce a fait moins de bruit que les lancements des iPhone SE et de l’iPad Pro 9,7 pouces, mais elle n’en reste pas moins importante : Apple a dévoilé durant le special event du 21 mars une nouvelle initiative en matière de santé, CareKit.

Si ResearchKit se destine au développement d’études médicales pour les cliniques et les établissements hospitaliers, CareKit s’oriente vers le suivi des patients. Les applications développées avec ce framework épauleront l’utilisateur pour surveiller les symptômes d’une maladie, respecter la médication, partager les données avec l’équipe médicale.

Même si CareKit ne sera disponible qu’en avril, le framework est déjà au cœur de plusieurs applications développées par des partenaires d’Apple. Le centre médical du Texas a mis au point un logiciel de suivi post-chirurgie, le Beth Israel Deaconess Medical Center une app de suivi des problèmes de santé chroniques, One Drop une application de suivi du diabète.

On ne trouve pas d’études ResearchKit en France, pour une bonne raison : les études médicales de ce genre sont soumises à une réglementation beaucoup plus sévère en la matière. La participation à ce genre d’étude est habituellement conditionnée par des critères d’éligibilité (la nationalité, par exemple). On peut cependant espérer qu’il en aille autrement pour les applications CareKit, qui ne sont pas des études cliniques ; les contraintes propres aux études médicales devraient donc être évitées.

ResearchKit et CareKit sont des boîtes à outils que les développeurs pourront adapter selon leurs besoins, puisqu’ils sont open-source. Les développeurs qui le souhaitent peuvent avoir plus d’informations sur ResearchKit à cette adresse, où ils trouveront des bouts de code, de la documentation et des didacticiels.

Pour aller plus loin, nous avons demandé à Vincent Tourraine, du studio lyonnais Shazino, de nous éclairer sur le sujet.

« Nous travaillons depuis plusieurs années à concevoir des apps mobiles pour les chercheurs. Avec ResearchKit, nous avons eu l’occasion de contribuer au projet open-source, notamment en développant de nouveaux modules de collecte de données. Notre dernière app, Neurons, est destinée aux patients atteints de sclérose en plaques, pour les aider à suivre l’évolution des symptômes de la maladie. Elle correspond donc davantage à CareKit, tout en étant techniquement basée sur ResearchKit. »

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ResearchKit est un outil assez méconnu en France. À quoi sert-il ? Qui est le public visé ?

ResearchKit est un framework (c’est-à-dire un outil de développement) pour faciliter la création d’apps iOS pour la recherche médicale. Ça s’adresse donc aux laboratoires qui souhaitent proposer des études médicales sous la forme d’apps mobiles. Plutôt que de distribuer des formulaires sur papier, et de prendre des rendez-vous, l’iPhone permet de mener ces études à distance.

D’un point de vue développeurs, en quoi ResearchKit facilite-t-il la vie ?

ResearchKit propose des solutions prêtes à l’emploi pour des problèmes communs à la plupart des études médicales : mise en place de formulaires numériques, enregistrement d’activités, présentation de graphiques pour les résultats, etc. De cette façon, le laboratoire n’a pas besoin de réinventer la roue, et peut proposer une app plus aboutie beaucoup plus facilement.

Et du côté du public, comment est-ce que les études ResearchKit sont-elles accueillies ?

Il existe aujourd’hui quelques dizaines d’apps construites avec ResearchKit, et elles sont plutôt appréciées à en croire les commentaires sur l’App Store. À l’échelle de l’App Store, le nombre d’utilisateurs est assez modeste, mais pour des études médicales, ces chiffres sont conséquents.

Les laboratoires ont souvent des budgets très limités pour ce genre de développement. L’utilisation de ResearchKit fait donc sensiblement progresser la qualité de ces apps. Et l’utilisation d’un framework commun permet de garantir certaines bonnes pratiques propres à iOS, contrairement aux web apps souvent utilisées avant ResearchKit.

En rendant ResearchKit open-source, Apple a permis aux développeurs qui le souhaitent de modeler le framework à leurs besoins. Est-ce que c’était important, fallait-il le faire ? Est-ce que cela va installer durablement ResearchKit chez les développeurs ?

C’est important, parce que le sujet des données médicales est évidemment sensible. En partageant le code source, les développeurs savent exactement ce que fait et ce que ne fait pas ResearchKit. Ça rend aussi possible l’évolution du framework, indépendamment d’Apple, notamment s’ils décident d’arrêter le projet. Je ne sais pas ce que ça peut donner à plus long terme, mais pour sa première année le bilan est très positif.

À côté de cela, ResearchKit était peut-être une occasion pour Apple de préparer l’arrivée open-source de Swift. C’était la première fois qu’ils publiaient un projet sur GitHub, et surtout, invitaient les développeurs tiers à participer.

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Jeff Williams a présenté CareKit, une deuxième initiative en matière de santé. De quoi s’agit-il ?

Pour l’instant, on sait peu de choses concrètes pour CareKit. Comme ResearchKit, il s’agit d’un framework iOS, mais conçu pour des apps de santé et le suivi de conditions médicales en général. Les deux frameworks sont donc proches, et Jeff Williams a effectivement expliqué que l’idée de CareKit a en quelque sorte émergé du développement de ResearchKit. Il a même évoqué le cas de mPower (une app pour les patients atteints de la maladie de Parkinson), comme étant la première app CareKit, alors qu’il s’agissait initialement d’une app construite avec ResearchKit. Visiblement, les deux frameworks peuvent cohabiter et se compléter au sein d’une même app.

Quels types d’apps vont pouvoir émerger de CareKit ?

Typiquement, il s’agit de collecter des informations médicales, pour afficher un suivi des conditions du patient. À partir de là, ces données peuvent être partagées avec une équipe médicale pour une évolution du suivi, et avec des proches pour encourager le patient. Mais il faut noter que le partage des données ne sera vraisemblablement pas pris en charge par CareKit, tout comme pour ResearchKit. Apple interdit notamment d’utiliser iCloud pour ce type de données. De cette façon, impossible d’accuser Apple de stocker des données médicales sur ses serveurs. Elle se contente de faciliter leur collecte, et laisse cette responsabilités aux laboratoires et développeurs tiers.

avatar Fennec72 | 

Jusqu'à preuve du contraire, il n'y a pas ou quasiment pas de programmes ResearchKit hors des États Unis, alors, pourquoi s'en préoccuper.

avatar bbtom007 | 

Si on peut avoir des avancés médicales peut importe d'ou vient la recherche ! Et puis ca peut stimuler la création d'application pouvant aider a canaliser des symptomes (je dis au pif c'est peut etre n'importe quoi : une crise de TOC que tu pourrais évacuer en utilisant une app).
Aujourd'hui tout est bon a prendre !

avatar warmac33 | 

@ bbtom007
ce genre d'app existe déjà plus ou moins (pour le TOC justement) et n'a pas besoin de ce genre de kits.
Moi je pense que je vais investir dans des actions de mutuelles, après le tiers-payant généralisé, la mutuelle obligatoire en entreprise, voilà qu'on se prépare à leur servir sur un plateau nos données médicales... Les serveurs d'apple peuvent toujours courir pour avoir mes données de TA ou de glycémie.

EDIT : dsl pour le lapsus, je parlais bien sûr des serveurs des éditeurs, pas de ceux d'apple pour le coup.

avatar Billytyper2 | 

@warmac33 :
Pour les serveurs d'Apple, tu n'as donc pas lu l'article.

avatar Jetel | 

@warmac33 :
Une belle bande de paranoïaques.

Si on peut vous soigner, vous conseiller en terme de comportement à risque, c'est grâce à ceux qui ont accepté de participer à des recueils de données prospectives des années durant (et gratuitement mon coco). Maintenant que l'on pourrait simplifier le recueil (qui deviendrait automatique avec nos téléphones et appareils connectés), étendre le nombre de participants aux cohortes (tout en gardant l'anonymat)... Et bien on tombe sur des blaireaux comme vous.

Vos constantes sont un bien précieux au niveau populationnelle...

avatar warmac33 | 

@ Jetel
paranoïaques, blaireaux, mon coco... vous vous prenez pour qui ???

Des recueils de données cliniques médicales j'en fais tous les jours (et gratuitement aussi BTW), et effectivement un élargissement et une automatisation des recueils serait effectivement un plus.
Sauf que ces appareils connectés sont par définition non anonymes, à la différence des systèmes de ces fameux recueils prospectifs actuels. Vouloir confier ses données de santé à un appareil connecté qui nous est propre et qui envoie tout cela à un labo ou à un développeur si vous ne voyez pas les risques qu'est-ce que vous voulez que je vous dise...

Vous me traitez de parano, mais croire qu'apple et shazino sont là juste pour développer des kits totalement sécurisés, philanthropiques et pour le bien de l'humanité ça par contre c'est au mieux de la naïveté.

avatar Almux | 

…Et si le monde entier devait apprendre que je souffrirais de cancer ou d'un quelconque diabète, je ne vois pas en quoi cela pourrait me déranger.

avatar Jetel | 

Cela rentre dans le cadre de la protection de la vie privée. C'est votre état de santé. Malheureusement cela pourrait vous porter préjudice si ces informations étaient rendues publique. Au niveau de votre emploi par exemple. Heureusement il y existe des recours juridiques.

Mais là on ne parlait même pas de cela. On parlait de constantes récoltées anonymement.

avatar warmac33 | 

@ Almux
"Et si le monde entier devait apprendre que je souffrirais de cancer ou d'un quelconque diabète, je ne vois pas en quoi cela pourrait me déranger."
on en reparle à ta prochaine demande de crédit ?

avatar Jetel | 

"Sauf que ..."
Non. Il est possible de recueillir anonymement les données.

"Risques ? .. "
Allez parlons des bénéfices ... Ah non, impossible, le grand défenseur de la vie privée que vous êtes (un nouveau job à la mode) ne peut pas s'y intéresser. Et encore une fois je parlais de données recueillies anonymement. Pour ne pas être emmerdé par les bien pensants dans votre genre on est obligé de passer par là aujourd'hui.

"le bien de l'humanité". Qui a dit cela? Je ne parlais pas d'apple, ma critique portait sur votre stupide réaction. De toute façon il semblait évident que vous n'aviez pas lu l'article dans sa globalité... (apple n'était donc pas le sujet).

La santé est un business. Laisser certains faire du business est parfois le seul moyen aujourd'hui permettant de trouver des solutions en terme de soin. Je pense que c'est un moindre mal (Ex : carmat). Parce que je m'intéresse à la santé publique, et pas uniquement à la manière dont bat mon petit coeur, ou fonctionne mon petit pancréas. Et je m'intéresse encore moins à l'idiot qui pourrait se masturber avec mes constantes.

avatar warmac33 | 

@ Jetel
"Non. Il est possible de recueillir anonymement les données."
bien sûr que c'est possible, j'ai jamais dit le contraire. Quelle est la garantie que ce sera le cas ?

" le grand défenseur de la vie privée que vous êtes (un nouveau job à la mode) "
je suis du côté du FBI dans leur conflit avec apple...

"votre stupide réaction."
toujours aussi agréable...

"La santé est un business. Laisser certains faire du business est parfois le seul moyen aujourd'hui permettant de trouver des solutions en terme de soin. "
sans blague ? vous savez quoi, c'est justement mon business. Encore mieux je considère que la médecine privée et lucrative est bien plus efficace et juste que notre système de santé utopique et soviétique et je suis un partisan de la mort de la sécu.

" Et je m'intéresse encore moins à l'idiot qui pourrait se masturber avec mes constantes."
Vision totalement caricaturale de la problématique, si l'idiot en question est votre potentiel futur employeur ou le décideur du montant de l'assurance du crédit de votre maison ça vous intéressera bcp plus.

avatar Jetel | 

"... je suis un partisan de la mort de la sécu."
A ce point ?

"Vision totalement caricaturale de la problématique".
Et si c'était vous qui ne saisissiez pas le début du commencement de la problématique ? Je préfère courir le "risque" et ne pas freiner la compréhension d'un phénomène qui in fine contribue à la santé de tous (dont la mienne). Risque inexistant pour ceux en bonne santé, et très faible pour ceux malades...

Enfin, mieux vaut tenir notre assureur informé sur notre état de santé... Lui mentir signifie qu'il peut rompre le contrat si il vient à le découvrir. Je suis pour qu'une assurance puisse calculer le risque que je représente pour elle. C'est comme ça que ça fonctionne non ?

Si par mal chance je tombe malade, tant pis pour moi. (On vas tous y passer). Mais je ne vois pas pourquoi les autres devraient aussi en pâtir. Pourquoi mentir par omission pour essayer de me simplifier la vie alors que l'enjeu est si important ?
J'aime le souligner, car la majorité des gens (et surtout des français) ne savent pas que leur santé est assurée en grande partie en dehors des structures médicales.

Contrairement à vous, je suis conscient que mon état de santé n'intéresse quasiment exclusivement que moi.
Et ceux qui pourraient s'y intéresser pour des raisons de productivité me direz vous ? Et bien quoi qu'il arrive, je les tiendrai informés (par souci d'honnêteté).
Et les badauds qui seraient heureux de me voir malade ? Qu'ils soient informés également, si il n'y a que ça pour les rendre heureux...

avatar warmac33 | 

"... je suis un partisan de la mort de la sécu."
A ce point ?"
-> oui, mais là c'est très politique pour le coup, je suis contre l'assistanat. Mais ça n'engage que moi bien sûr.

Quant à l'histoire de savoir s'il faut informer de son état de santé ou non il y a encore une fois tout un continuum.
Bien sûr que cacher une hypertension artérielle ou un diabète à son assureur est anormal et punissable, je vous rejoint c'est tout à fait normal.
En revanche quand vous commencez à pouvoir consulter toutes les constantes de tout le monde la dérive est rapidement franchissable, et on peut compter sur les assureurs pour le faire. 1 glycémie un peu élevée depuis 15 jours ? 1 père diabétique ? +250 % de frais d'assurance !
Information oui, discrimination non.

"Et les badauds qui seraient heureux de me voir malade ? Qu'ils soient informés également, si il n'y a que ça pour les rendre heureux..."
je vous rassure ce n'est pas mon cas, mais bon quand on en est à souhaiter que quelqu'un tombe malade ça devient grave. (quoique concernant marisol touraine j'avoue être tenté)

avatar patrick86 | 

"Les serveurs d'apple peuvent toujours courir pour avoir mes données de TA ou de glycémie."

Z'avez lu l'article ?

avatar Hideyasu | 

@patrick86 :
C'est dur de lire et réfléchir en ce moment

avatar Ttt | 

c'est bien le problème (en) pour la France

avatar Mickaël Bazoge | 
« Ça se passe pas chez moi alors surtout, n'en parlons pas ».
avatar Hideyasu | 

@Fennec72 :
Oui, pourquoi parler des attentats de Bruxelles, on est même pas dans le même pays ...
Oh wait

avatar docdav | 

C'est plus l'affiliation à la sécurité sociale que la nationalité qui compte. Question de prise en charge des soins.

avatar Kriskool | 

Vu me niveau zero de l'informatisation médicale en France on est pas prêt d'utiliser research kit ou care kit chez nous ...

avatar Jetel | 

C'est pas faux. Parfois les pharmaciennes doivent avoir un master en cryptologie pour parvenir à lire les prescriptions de certains médecins toujours pas informatisés et écrivant comme des chiens.

avatar baptiste8b | 

Non apple ne fait pas sa par philanthropie. Elle enrichie de cette maniere la pertinence de ces apps et donc de son offre logicielle. Ce genres d'apps amélioreraient la vie de certaines personne.
De plus, aider la recherche médicale et permettre une meilleure prise en charge des patients, sa leur rapporte autant que de respecter l'environnement, si ce n'est que leur image de marque est meilleure. Et ÇA, sa veut de l'or.

avatar Grizzzly | 

warmac33
"@on en reparle à ta prochaine demande de crédit ?"

En meme temps on est censé dire la vérité sur sa condition médicale lorsqu'on souscrit une assurance credit ou un contrat de prévoyance.

Si vous avez menti sur votre etat de santé, l'assurance ne paiera pas et ce sont vos héritiers qui en paieront le prix...

avatar Grizzzly | 

Edit
Je n'avais pas lu votre dernier message.
Je comprends votre crainte mais les assureurs sont quand meme pragmatiques. Et au pire on va voir un concurrent. Et si aucun ne vous accorde le contrat, alors on peut estimer que le risque etait réel et le refus justifié.

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