Il y a dix ans, l'iPhone changeait Apple pour toujours

Anthony Nelzin-Santos |

Un iPod à grand écran avec des contrôles tactiles. Un téléphone mobile révolutionnaire. Un appareil de communication avec internet innovant. Un iPod. Un téléphone. Un appareil de communication avec internet. Un iPod. Un téléphone. Vous avez compris ? Ce ne sont pas trois appareils ! C’est un seul appareil, et nous l’avons baptisé : « iPhone ». Aujourd’hui, Apple va réinventer le téléphone. Et le voici.

Et Steve Jobs présenta l’iPhone, le 9 janvier 2007, il y a tout juste dix ans. Faut-il célébrer cet anniversaire en retraçant l’histoire du smartphone qui a changé la face d’Apple, de l’industrie, et peut-être même du monde ? Probablement pas : tout ou presque a été dit sur le sujet. Mais il faut sans doute mesurer le chemin parcouru depuis cette présentation au Moscone Center de San Francisco.

La téléphonie en 2007

Quelques diapos de la présentation de Steve Jobs peuvent nous y aider : celle comportant ce fameux iPod à cadran rotatif, une autre présentant quatre des smartphones les plus populaires à l’époque, ou encore celle annonçant la transformation symbolique d’« Apple Computer Inc. » en « Apple Inc. ». Commençons par la première, qui ouvre cet article, et forme l’arrière-plan d’une des blagues les plus culotées de Steve Jobs.

Une blague qui a pourtant failli devenir réalité : les ingénieurs d’Apple ont réellement planché, au milieu des années 2000, sur un téléphone-iPod à cadran rotatif. Ce projet P1 a laissé quelques traces, notamment sous la forme d’un brevet, mais s’est rapidement effacé devant le projet P2, celui d’un smartphone à écran tactile multipoint. L’iPod venait à peine de gagner une compatibilité avec Windows, mais le patron d’Apple était convaincu que ses fonctions finiraient par être absorbées par le téléphone, comme les fonctions du PDA avant elles.

L’intérêt de Steve Jobs pour les écrans tactiles remonte toutefois aux années 1980 : avant même de diriger la conception du Macintosh, puis immédiatement après l’avoir présenté, il discutait avec Harmut Esslinger de tablettes et de manipulation directe. Une réflexion reprise en 2003 avec le lancement du projet K48, qu’il évoquait sans le nommer dans une interview quelques mois avant sa mort : « j’ai eu cette idée de me débarrasser du clavier et de pouvoir taper à plusieurs doigts sur un écran, et j’ai demandé à mes équipes s’il était possible de concevoir un écran tactile multipoint, sur lequel je pourrais poser mes mains, et taper. »

Ces équipes finiront par réussir à concevoir cet écran, avec l’appui de spécialistes asiatiques des écrans capacitifs et l’acquisition de la propriété intellectuelle de Fingerworks sur le multipoint, mais seulement après que le projet de tablette s’est transformé en projet de téléphone. Les technologies nécessaires à la conception d’un smartphone de nouvelle génération commencent alors à converger : l’écran tactile capacitif multipoint donc, mais aussi des batteries plus denses, des composants plus puissants et plus économes, et surtout des réseaux cellulaires plus rapides.

Tous les fabricants pouvaient se saisir de ces pièces, et quelques fabricants asiatiques l’ont fait, mais seule Apple a su assembler le puzzle avec succès. Cette diapo montrant les quatre smartphones les plus populaires en 2006 est cruelle : Motorola appartient désormais au chinois Lenovo, BlackBerry et Palm sont maintenant des marques du chinois TCL, et les prochains smartphones Nokia seront conçus et vendus par le chinois Foxconn. Un nouveau marché a poussé sur les cendres de l’industrie à laquelle l’iPhone a mis le feu.

En 2007, cette industrie était tenue par des acteurs européens (Nokia, Sony Ericsson…) et nord-américains (Motorola, RIM/BlackBerry, Palm…). Elle consacre aujourd’hui les fabricants coréens (Samsung surtout), et voit l’émergence de fabricants chinois aux créations originales et à la croissance irrésistible (Huawei, Lenovo/Motorola, Xiaomi, BBK/Oppo/Vivo/OnePlus). En 2007, la diversité des formes et des matériaux primait sur l’innovation logicielle. Le cœur de l’industrie bat aujourd’hui au rythme des mises à jour d’applications, et tous les téléphones sont des rectangles aux coins arrondis.

L’iPhone en 2007

Le succès de l’iPhone est bien le succès d’un nouveau modèle, celui de l’intégration des logiciels et des services. Cela ne veut pas dire que le matériel a été relégué au second plan : les fabricants n’ont jamais autant parlé de gigahertz, de gigaoctets, de mégabits par seconde, de points par pouce et de mégapixels. Cela veut plutôt dire que le matériel n’est rien sans un logiciel à sa hauteur : le Nokia N95 était doté d’un système conçu pour les PDA, et le BlackBerry Pearl d’un système conçu pour les pagers.

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Ni Nokia ni RIM n’avaient la capacité, ou seulement même la volonté, de développer un nouveau système d’exploitation, capable de combiner les forces des nouveautés matérielles aux possibilités offertes par les réseaux cellulaires de deuxième et troisième génération. La rupture est venue de « ces mecs du PC » que le CEO de Palm regardait de haut : Apple a retravaillé le système d’exploitation de ses ordinateurs, au point que Steve Jobs disait que l’« iPhone utilise OS X », alors même que Google reprenait Android, quoiqu’avec une vision très conservatrice.

Les capacités du système qui ne s’appelait pas encore iOS n’ont pas donné « cinq ans d’avance » à l’iPhone, comme se plaisait à le répéter le patron d’Apple, puisque les acteurs du monde de la téléphonie n’ont jamais pu rattraper leur retard. Le match s’est joué entre acteurs du monde de l’informatique, comme un lointain écho de la guerre entre Mac OS et Windows qui a épuisé les Atari et les Commodore.

Et puis le 9 janvier 2007, le logiciel de l’iPhone n’avait pas « cinq ans d’avance ». Si la présentation de Steve Jobs était si claire et si méthodique, c’est que le patron d’Apple ne pouvait absolument pas sortir des clous, sauf à vouloir révéler les énormes défauts de jeunesse de l’iPhone. À peine quelques semaines avant sa présentation au Moscone Center, le téléphone avait tendance à planter au milieu d’une démonstration d’une des rares applications à peu près terminées, quand elles ne refusaient pas de se lancer du moins.

L’utilisation du cœur de Mac OS X, plutôt que du Pixo de l’iPod ou d’un système GNU/Linux, a apporté un avantage décisif à l’iPhone, mais a nécessité un pénible travail d’optimisation et d’adaptation. Un travail qui a mobilisé une équipe dédiée pendant près de trois ans, au moment même où une autre équipe portait Mac OS X sur l’architecture x86 des processeurs Intel ! Le système présenté par Steve Jobs était indubitablement innovant, mais incontestablement imparfait.

La première version du système de l’iPhone était faite de bric et de broc : pendant longtemps, Mail n’a pas utilisé la liste déroulante fournie par le système à toutes les applications, mais sa propre implémentation, symbole de l’isolement des équipes travaillant sur diverses fonctions. Et si elle était très avancée sur certains plans, elle était très déficiente sur d’autres : il a fallu attendre deux ans avant de pouvoir envoyer des MMS, copier-coller, taper un courrier à l’horizontale, chercher le contenu de l’appareil, ou enregistrer un mémo vocal.

Les plus jeunes l’ignorent peut-être, mais le premier iPhone ne comportait même pas d’App Store ! Il est difficile de croire qu’Apple n’y avait pas du tout pensé : plusieurs sociétés proposaient des répertoires d’applications pour Palm OS et Symbian, et la firme de Cupertino ne manquait pas des outils de développement nécessaires. À un moment où il fallait promouvoir l’internet mobile, mais que push et cloud n’étaient encore que des noms communs, Steve Jobs avait plutôt mis l’accès sur les applications et les services web, partageant même la scène avec Eric Schmidt de Google et Jerry Yang de Yahoo.

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Avec son processeur de lecteur DVD, l’iPhone n’était de toute manière pas un foudre de guerre. Apple n’avait pas atteint le degré de miniaturisation et l’ingéniosité architecturale qui la place aujourd’hui au sommet de l’industrie : la batterie était soudée artisanalement à la carte-mère, et les connecteurs des antennes renforcés à la colle. Apple n’avait pas besoin de six longs mois pour passer les certifications de la FCC, mais ce délai a permis de boucler la conception de l’appareil, commercialisé en juin 2007 avec une meilleure autonomie que prévu et un écran protégé par une couche de verre renforcé.

Apple en 2007

Depuis, l’iPhone a bien changé, comme tant de domaines avec lui. L’Europe ne domine plus l’industrie de la téléphonie, remplacée par la Corée du Sud et maintenant la Chine. L’Amérique du Nord a su conserver la maitrise des secteurs les plus rémunérateurs, la conception de composants de pointe et le développement logiciel, et Apple est la première capitalisation boursière mondiale. Le téléphone n’est plus un accessoire, ni même un téléphone. C’est un appareil photo et un miroir, une page blanche et une prison dorée, du matériel et des services, de nouveaux usages et de nouvelles économies.

Steve Jobs pouvait-il imaginer tout cela, sur la scène du Moscone Center, le 9 janvier 2007 ? Sans doute pas, mais sans doute ne comptait-il pas se contenter du petit pour cent de part de marché qu’il avait fixé comme objectif public. Deux ans plus tôt, il n’était même pas certain de pouvoir commercialiser un hypothétique iPhone, tant sa relation avec ces « orifices » d’opérateurs était dégradée. Et puis les intérêts de Cingular, qui cherchait à annoncer avec fanfare sa réincarnation en AT&T, ont rencontré ceux du patron d’Apple, qui cherchait un partenaire prêt à accepter ses (incroyables) conditions.

Souvenez-vous, quand vous jugez l’iPad et l’Apple Watch, et quand vous jugerez les futurs produits d’Apple, que le succès de l’iPhone n’avait absolument rien d’évident. La salle a applaudi à tout rompre la perspective d’« un iPod à grand écran avec des contrôles tactiles », assez accessoire aujourd’hui, mais accueilli fraichement les mots d’« appareil de communication avec internet », aux conséquences pourtant profondes. « Le futur est long », disait Steve Jobs, et seuls ceux qui l’inventent peuvent le prédire, pour paraphraser son ami et mentor Alan Kay.

Il y a dix ans, l’iPhone n’était pas un produit mais une annonce, une proposition au potentiel immense mais à la concrétisation incertaine. Les critiques qui ont immédiatement suivi sa présentation étaient souvent vaines, mais les frustrations qui ont immédiatement suivi sa commercialisation étaient bien réelles — l’écroulement du réseau de l’opérateur exclusif qui a motivé le premier jailbreak, le prix baissé de 200 $ après quelques mois et les premiers clients « dédommagés » avec 100 $ de crédit Apple Store, la longue attente avant l’arrivée en Europe et ailleurs, la pauvreté fonctionnelle des webapps… La firme de Cupertino a frappé un grand coup avec l’iPhone, mais il n’aurait pas connu un tel succès si elle n’avait pas été capable d’en porter l’écho.

Bien sûr, Apple est aujourd’hui une multinationale comptant plus de 120 000 employés dans ses nombreux bureaux et plus de 240 milliards de dollars dans ses coffres. Sa stature ne saurait pourtant pas la prémunir de la dureté des cycles commerciaux et technologiques. Il faut critiquer l’incapacité de la société à tenir les délais qu’elle s’impose elle-même, ou le troublant manque de pédagogie qui n’améliore pas la perception de ses produits, mais il faut — de grâce ! — arrêter de comparer l’Apple Watch à l’iPhone.

Ce 9 janvier 2007 était un moment exceptionnel : si la présentation de Steve Jobs reste dans les annales, c’est que le talent et le charisme du meilleur présentateur de la courte histoire de l’informatique ont rencontré la nouveauté et l’audace d’un objet comme il n’en existe peut-être qu’une demi-douzaine par siècle. Avant de dévoiler l’iPhone, Steve Jobs avait présenté la version finale de l’Apple TV, qui fête aussi son dixième anniversaire aujourd’hui, mais n’a pas connu le même succès. Comme quoi…

avatar Nico S | 

@macbook60

Et macOS, et Windows, et web front et back-end. Mais mes technos préférées sont Ruby/Rails et Swift :-)

avatar Ginger bread | 

Après l'apogée, le déclin?

avatar oomu | 

Apple is doooomed.

car oui, un jour, le Soleil va mourir. Il va gonfler et avaler la Terre, Apple avec. snirfl...

avatar XiliX | 

@oomu

Bah non... ils ont déjà construit la soucoupe volante. Prochain étape, un Apple space station...

avatar IceWizard | 

@Paquito06
"Guys, Entreprise Value = mkt cap + debt - cash.
$649Bn. ?"

Bah, à ce niveau une petite différence de 20 milliards c'est rien. D'ailleurs t'as oublié de retirer les 13 milliards de l'Irlande ..

avatar MacisDead | 

Aujourd'hui le constat est terrible. Plus personne ne parle a personne. Tout le monde reste plongé sur son smartphone... Cette invention c'est le mal absolu, la fin de l'humanité.

Quel dommage la keynote est fantastic.

avatar MacGruber | 

@MacisDead

C'est horrible mais tu n'as pas complètement tort.

avatar fte | 

@MacisDead

En fait tu es un vieux con rétrograde adepte du "c'était mieux avant", je n'avais pas compris.

avatar hautelfe | 

Euh... Cela ne date pas de l'iphone, ça...

avatar IceWizard | 

@MacisDead
"Aujourd'hui le constat est terrible. Plus personne ne parle a personne. Tout le monde reste plongé sur son smartphone... Cette invention c'est le mal absolu, la fin de l'humanité."

M'enfin .. le mal absolu, la fin de l'humanité c'est le vote des femmes, l'interdiction des armes à feu, l'abolition de l'esclavage et le Coca sans sucre.

avatar MacisDead | 

C'est aussi que tout le monde s'en fout du moment qu'ils ont un smartphone.

avatar oomu | 

non.

je n'aurais pas de smartphone et je serais devant vous, j'aurais encore rien à foutre de vous.

Si les gens ne se parlent pas c'est qu'ils en ont rien à foutre de vous ou d'autrui ou de la vie de geeks aigris tout seuls...

Prenons le métro, vous voudriez que j'y fasse quoi ? que subitement mon oeil s'illumine ? que je m'approche de vous et que je me passionne pour votre vie ? votre vécu ? vos valeurs ? vos idées ? votre spiritualité ? toutes choses qui me désintéresse totalement.

non je vais plutôt consacrer mon temps aux choses qui me pasionnent: lire sur la technologie, l'art ou l'animation. Que cela soit un LIVRE, un SMARTPHONE ou IMPLANT NEURONAL DU FUTUR !

Faites vous une raison !

et ce fut TOUJOURS ainsi. Dans le passé, on était bien enfoncé dans son journal pendant un voyage dans le train.

Moi c'était dans un roman.

C'est aussi que tout le monde s'en fout. (y a pas "du moment")

avatar fte | 

@MacisDead

As-tu déjà pris le métro à Londres ?

Il n'y a pas de wifi dans le métro de Londres.

Il n'y a pas de cellulaire non plus, dans le métro de Londres.

Donc pas internet, pas YouTube, pas Instagram, Snap, FB, Twitter...

Et les gens se parlent à nouveau et c'est super convivial.

Non je déconne. Les gens ne se parlent évidemment pas. Ils lisent, écoutent de la musique, mangent, se maquillent, jouent, et évitent comme la peste les gens qui leur adresse la parole, parce qu'ils sont soient bourrés soient sociopathes.

Parler aux gens que tu ne connais pas au milieu d'une foule de gens que tu ne connais pas. Bien sûr...

avatar SMDL | 

@fte

"Parler aux gens que tu ne connais pas au milieu d'une foule de gens que tu ne connais pas. Bien sûr..."

Ça m'arrive assez souvent, sans d'ailleurs me faire rembarrer, au contraire. Curieux de penser que c'est impossible, ou cinglé.
Même si à voir les troches dans ces transports, en effet, il doit y avoir pas mal de fte ou oomu :)

Mais je comprends qu'on puisse avoir envie de silence, par contre. Et la démographie n'aide pas...

avatar colossus928 | 

Keynote mémorable, j'aime la regarder de temps à autre.

avatar oomu | 

un truc qui montre que ios avait plusieurs années d'avance (je laisserais aux historiens ou geeks aigris de compter précisément) c'est l'arrivée dés le début ou rapidement de fonctionnalités de très haut niveau

- VPN
- un navigateur web complet, le vrai web
- la gestion colorimétrique
- la très faible latence pour tout ce qui est audio
etc.

avatar Grizzzly | 

Je me rapelle d'un jour en utilisant mon 1 er iphone, je me suis dit "merde je check mes mails tous les matins sur cet appareil dans mon lit, alors qu'avant j'allais m'assoir a mon bureau et allumer mon enorme PC"

C'est la que j'ai compris que cet appareil allait changer mes habitudes durablement.
Une révélation !

Sinon cette keynote, c'est vraiment un classique. Un cas d'ecole, une demonstration brillante !

Chapeau l'artiste

avatar Chanteloux | 

L'iPhone n'a pas changé Apple "pour toujours", voyons donc Macge, relisez-vous... Mais il a changé la société en partie du moins pour toujours, ça oui. Il est de bon ton de vanter les mérites de ce mode nouveau de communication: ils sont aussi nombreux qu'indéniables. Personnellement j'en profite en masse.
Mais il n'y a pas que des avantages, loin de là. Ça isole, ou au contraire ça ne permet pas de s'isoler avec son soi-même. À l'école selon les dires des profs c'est l'enfer: les flo n'écoutent que le vibreur de leur appareil, et l'attention alors n'est plus là. Une salle de Mcdo: m. est sur son iphone, mme s'emmerde, ou pire est elle-même sur son iphone, et pourquoi pas? Terrible solitude à deux, sournoisement masquée par l'idée hypocrite d'un pseudo repas en tête à tête... Et la famille, au Macdo (ou ailleurs bien sûr): M. est sur son iphone ("c'est important chérie") pendant que la chérie gère la marmaille. Etc, etc. En ce sens le iPhone c'est l'invention du diable, vous savez, celui qui séduit pour mieux perdre...
Quant à moi, je suis psychologue en milieu hospitalier. Une heure de tête à tête. Le iphone a fait son entrée dans les entrevues. Alors, c'est au cas par cas. Il est clair que je ne tolère aucune sonnerie ni appel." mais juste le vibreur, mon garçon est seul à la maison, en cas d'urgence.. Non madame."..."mon assurance doit m'appeler, vous savez que c'est urgent... Non madame...".. Dans les cas les plus sévères, je demande à fermer moi-même le cellulaire et à le poser sur la table. Pour l'instant du moins. Car la pression augmente sans cesse. Mais je tiens mon bout, même si c'est parfois conflictiel. Pour combien de temps, je ne sais pas. Et parfois une impression bizarre, qu'il faudra que je creuse: le client -la cliente, disons le clairement!- après sa phase de résistance, a l'air comme soulage de pouvoir être déconnectée, sans que cela soit de sa faute ni puisse lui être reproché...
Le cellulaire, outil du diable, pour le pire et/ou le meilleur

avatar Chanteloux | 

@fte et à plein d'autres
C'était mieux avant? Oui, et non.
Faudrait nuancer.
En Amérique du nord, le pourcentage de gens n'ayant aucune relation amoureuse est passé de 1950 à 2000 de 30 à 80 millions. Ce chiffre ugmente sans cesse.
Le taux de suicide a augmenté de 300%.

avatar Paquito06 | 

@Chanteloux

La situation au Japon a l'air tres preoccupante (plus que North America je pense). Moins de couple, moins de naissances, ... ?

avatar fte | 

@Chanteloux

Saleté de smartphone !

avatar GaspardNic92 | 

Bravo pour l'article, qui résume très parfaitement l'ambiance d'alors, les enjeux et l'importance de la vision de ce personnage qui me fascine depuis le premier Mac ..
Chapeau à ceux qui y ont cru, moi des la 1ère seconde! (Promesse de ne plus jamais ressaisir un contact, et de pouvoir uniformiser le desktop au nomade...).

Que de promesses alors .... si brillament sublimées par les (web? Non ...) apps ! Du grand art !
(Open doc revival pour les plus anciens -))

Profitez de cet outil et écosystème génial!
Et salutation à l'artiste là-haut, qui nous manque tant...

Gaspard...

avatar goodsenz | 

Apple /escroquerie mondiale -> Merci l'Irlande et autres consorts...

avatar françois bayrou | 

"Il y a dix ans, l'iPhone changeait Apple pour toujours"

l'iPhone était dans la lignée de ce que faisait Apple à l'époque ! iPods, iTunes, ... et il était évident pour beaucoup de monde que Apple finirait par sortir un téléphone. On l'attendait tous.

L'iPhone n'a pas changé Apple, il a changé le paysage informatique, nos habitudes, notre façon de consommer internet, il a eu un impact énorme sur les infrastructure des providers.

Fini les sessions "bon. je vais sur Internet !", genre c'est une activité à part entière qui demande d'être assis sur une chaise, face à une machine, on ne fait rien d'autre qu'aller sur Internet quand on va sur Internet

Internet s'est retrouvé dans notre poche, accessible à tout moment, en fumant sa clope, aux toilettes, dans la salle d'attente, en faisant la queue au supermarché …

avatar Ios_What a joke | 

Internet mobile était là avant l'iphone qui n'était pas 3G (ça devait être très rapide en 2G!).

avatar françois bayrou | 

Oui, on avait Internet, un pote avait un nokia ( ou sony ? ) qui ressemblait plutôt à un mini camescope, un truc tout gris avec des petits panneaux qui se dépliaient dans tous les sens, un pour la caméra, un pour l'écran, un pour le clavier, ... ca fonctionnait avec windows mobile. ça plantait en général 2-3s après le chargement d'une page web.
L'écran était de mauvaise qualité. L'ergonomie était imbitable. Il passait son temps dans les paramètres de configuration. C'était, enfin, hors de prix. Tout le monde le chambrait, et Madame Michu n'a pas craqué.

avatar hautelfe | 

J'avais des amis qui avaient des HTC. ça marchait super bien, avec MMS et 3G, et tout.

avatar françois bayrou | 

Tu as la référence du modèle ?

avatar hautelfe | 

Je n'ai pas la référence des deux modèles.

L'un des deux ressemblaient au Qtek 9600 mais je ne peux garantir que c'était celui-là...
Je sais qu'il l'avait eu via un abonnement Orange. (SPV M3100 du coup ?)

L'autre avait un smartphone qui ressemblait, mais sans clavier, aussi chez Orange, de mémoire.

avatar françois bayrou | 

Ah oui ok
Le HTC X7500
les avis de l'époque sont encore en ligne : "fait tout, mais mal."
http://www.techradar.com/reviews/phones/mobile-phones/htc-advantage-93037/review

avatar hautelfe | 

Ce n'est pas ce que dit le test:
Looks 7
Ease of use 8
Features 9
Call quality 8
Value 7

"
Most users, however, will probably spend more of their time trawling through web pages than producing documents with this device. Again the sensibly sized screen is a huge advantage
"

"
Pictures are pretty good compared with many camera phones
"

"
perhaps HTC is on to a winner. The screen and raw strength of this device make is more than capable of serving as a portable office.
"

avatar françois bayrou | 

MPV 3100, avis trouvés sur le net :

"Cet "engin" est très bien fini et fonctionne de manière à peu près satisfaisant , bien que , après 7 mois d'utilisation , il soit encore nécessaire de se plonger dans le mode d'emploi , le changement des réglages étant très complqué et délicat !!!Mais c'est certainement le problème de ce genre de matériel : ce n'est ni un téléphone ni un PC !!! La prochaine fois je prendrai un téléphone de base et un ultra portable"

"Ah, dernière chose : ne comptez pas sur l'intuitivité des menus : prévoyez plutôt quelques mois de lecture et de relecture du mode d'emploi...
Bon courage."

Les avis "positifs" :
http://www.lesmobiles.com/telephones/spv-m3100,avis,1.html?recom=1

Sérieusement, tu vois une personne de 50 ans ou plus, acheter un billet de train avec ça sur idtgv.com ?

quand je dis "Internet s'est retrouvé dans notre poche", c'est "notre" poche, celle de tout le monde, toi, moi, ton voisin, mes parents, ton oncle, ma cousine, ... Bref, tous ces gens qui n'auraient jamais pu configurer ce MPV 3100 sans ton aide.

avatar hautelfe | 

Tes avis viennent des avis négatifs, pas positifs.
Les notes vont de 3/5 à 4.6/5

"
Je poste mon commentaire depuis mon m3100 ! Je ne suis pas un inconditionnel de ce genre de téléphone, mais je dois avouer que j'aurais du mal a m'en séparer.."
"

"
Plein de ressources ce Smartphone,
Les fonctions pocket PC sont sympa: Syncro/PC impeccable, reconnaissance des caractères efficace... en outre, l'appareil photo ne déçoit pas.
"

Et certains reprochent surtout le manque de nouveautés par rapport au modèle précédent.

avatar béber1 | 

hautelfe

c'était marginal à l'époque.

Par flemme, je vais repeter un message d'il y a 3 ans :

"*se rappeler qu'en France, alors qu'on disait qu'il existait des smartphones surfant sur Internet avant l'iPhone (ce qui était vrai), les réseaux Orange ont été mis à genoux en 2008 lors de la sortie de l'iPhone 3G, au point qu'Orange a dû réduire les débits,
http://www.01net.com/actualites/orange-bride-le-debit-de-ses-abonnes-3g-plus-388722.html
http://www.tomshardware.fr/articles/Orange-iPhone-3G,1-11065.html

ce qui a provoqué des pétitions de protestations (j'étais alors sur PCI et cela faisait débat là-bas).
https://www.nextinpact.com/archive/45543-Orange-3G-HSDPA-bridage-petition.htm
http://www.mesopinions.com/petition/medias/qu-orange-fournisse-acces-3g-aux/5332

Preuve s'il en est que le surf à partir de smartphone était encore marginal, que les opérateurs n'étaient pas préparés, et que l'iPhone a joué un rôle de dynamiseur sur pleins de plans, dont celui-là.

Donc je veux bien qu'on critique à juste titre les gonflettes des fanboys et qu'on rappelle à juste titre qu'Apple n'est pas à l'origine de tout, mais il est bon aussi de rendre césar ce qui est à césar, de se rafraîchir la mémoire pour voir ce qu'Apple a pu apporter au domaine mobile actuel, notamment sa dynamique -très talentueusement relayée par Google- et dont nous avons pu aussi bénéficier."

avatar hautelfe | 

C'est surtout parce que les iphones, à force de se mettre tout le temps à jour (mail, contact, itunes, et GPS assisté surtout) consommaient de la donnée, même "au repos".

A l'opposé, les blackberry (qui sont aussi restés en Edge très longtemps) économisaient à fond les données.

avatar françois bayrou | 

Les BB et autres HTC qui-faisaient-du-web-avant-l'iphone pouvaient optimiser ou ne pas optimiser, ça n'aurait pas changé grand chose pour les fournisseurs d'accès, vu les ventes assez faibles de ces produits.

L'iphone a explosé les tuyaux non pas parce qu'il était mal optimisé ( à supposer que ca soit le cas ), mais parce que tout le monde s'est jeté dessus.

Et si tout le monde s'est jeté dessus, c'est parce qu'on pouvait aller sur internet pour de vrai, avec un confort jamais vu avant, y compris sur desktop.
Ma mère achète ses billets de train avec son iPhone. Elle écoute FIP, elle me parle sur Skype, m'envoie des mails, réponds aux miens, partage des photos avec iCloud. J'aimerais la voir faire la même chose sur ces engins d'avant l'iPhone … c'est juste impossible.

Ce n'est pas tout d'avoir la fonctionnalité. Il faut que tout le monde se sente à l'aise avec et ça c'est une autre histoire !
L'iphone, avec son écran tactile, son interface simplissime, limite ludique, a tout changé.

avatar béber1 | 

@françois bayrou

exact.
Ha ha j'aime bien la réponse de hautelfe qui essaie de noyer le poisson, notamment en faisant l'impasse sur le fait, que même si les iPhones consommaient plus de datas que les autres, ils (les iphone 3G) commençaient à peine à se répandre sur le marché français et qu'ils étaient loin du nombre d'iPhones aujourd'hui en fonctionnement en France.

Les réseaux étaient -de fait- sous-dimensionnés et ce sont surtout les iPhones qui ont mis en lumière leurs faiblesses de part leurs succès commerciaux (voir les arguments de F. Bayrou), mêmes s'ils étaient en développement (la 3G) de manière intense à l'époque. C'est ce qui a réglé le problème dans les mois qui ont suivis.

@françois bayrou
Je plussois ton commentaire, en disant que c'est là où l'on voit le génie "de synthèse" d'un Jobs.
Car il ne suffit pas d'inventer des algorythmes, des technologies de pointe, des composants hi-tech, etc. encore faut-il savoir les mettre en œuvre dans des produits-solutions qui soient intelligibles, intuitifs, faciles et agréables d'utilisation.

Ce génie de synthèse.. on l'accorde aux grands chefs de la gastronomie, aux metteurs en scène de cinéma qui utilisent des "composants déjà élaborés et tout-faits" pour en tirer des chef-d'œuvres de réalisations, mais on le dénie à un metteur-en-produit comme Jobs.

Et pourtant, cela réclame autant de vision globale, d'exigences pointues et maniaques, de renoncements difficiles, de réajustements courageux, de choix drastiques, etc.. pour au final proposer un "produit" qui soit sous le signe de l'évidence, à tel point que tout le monde se dit qu'il aurait pu le pondre.

Sauf que personne ne l'avait pondu avant lui (alors que tout était là). Et c'est la marque la plus tangible des chef-d'œuvres, c'est leurs côtés évidents et faciles.
C'est ce qu'il y a de plus difficile à faire.

avatar iDav92 | 

@françois bayrou

Le fait que l'iPhone soit prioritaire sur les autres produits chez Apple, je pense que si, MacGé peut dire que l'iPhone a changé Apple...

avatar gavroche68 | 

Est ce que ça été une vraie bonne idée ? Pour ma part je donnerai mon avis une fois qu'on aura fait un bilan social et écologique de cette "révolution".

avatar Un Type Vrai | 

Plus fin, plus da capteurs photos, mais suppression du micro par contre.

avatar béber1 | 

gavroche68

L'extension de la micro et de l'Internet au monde mobile était inévitable.
Les individus feront comme à chaque grande mutation, ils trouveront en chacun d'eux-mêmes les meilleures manières de s'y adapter afin de trouver leurs meilleurs equibres de vie et de relation avec les autres.
L'éducation y aura, comme toujours, sa part cruciale.

avatar iG | 

Bon anniversaire, iPhone.

Je m'abstiens de lire tous les autres commentaires depuis quelques mois parce qu'après avoir placé la barre aussi haut, tu as fait naître de l'aigreur et de la jalousie sans commune mesure.

avatar Chanteloux | 

@beber1
Comme j'aimerais partager votre jovialisme! Mais ce que vous dites me paraît un peu trop théorique!
Comme si chaque invention, nouveauté, etc, débouchait nécessairement sur du meilleur... Parlez-en aux gens d'Hiroschima... et à plein d'autres.

Le côté dramatique de cette invention, le smart phone, est réel, sans pour cela nier ses incontestables avantages.

Et ce qui me fait le plus peur, c'est justement l'éducation: le smartphone, encore plus la montre connectée, quand ce ne sera las la bague, est socialement incontrôlable: parlez-en aux enseignants, aux travailleurs hospitaliers...

Dans mon hopital on met plein de pancartes : cellulaires interdits... mais c'est invérifiable, et... même les médecins -et moi-même- ont le leur! Alors avec tout ça, on s'en va où?

Dans mon travail je vérifie chaque semaine les ravages faits grâce au cellulaire.

Mais je reorécise, pour tous les adorateurs bornés du iPhone, et il.y en a plein ici: le cellulaire a aussi plein d'avantages +++! Mais y a pas que ça, et on l'occulte.

avatar feefee | 

@Chanteloux

"Dans mon travail je vérifie chaque semaine les ravages faits grâce au cellulaire.
Mais je reorécise, pour tous les adorateurs bornés du iPhone, et il.y en a plein ici: le cellulaire a aussi plein d'avantages +++! Mais y a pas que ça, et on l'occulte. "

Moi ce qui me fait peur c'est de voir qu'un psychologue, et en milieu hospitalier qui plus est, arrive si mal à se mettre à la place des autres , et donc de ses patient certainement ?

Les adorateurs d'iPhone !! Comme tu y vas ?
Comment aussi mal interpréter en mode par défaut ceux que tu lis .
Pourquoi tant d'amalgames. Moi qui le pensais qu'on psychologue avait comme qualité le sens de la mesure . Mais nous avons tous nos faiblesses ?

Certes le smartphone peut créer des dépendances, mais pas plus que d'autres objets qui existaient avant.
C'est juste devenu un vecteur supplémentaire.
Et ça ne veut pas dire que j'approuve toutes les dépendances hein ...

Mais pour moi ceux qui passent leur vie plongés dans les bouquins , cela vaut il mieux des qu'il y a exagération ?
Certes c'est plus instructif , certainement même , mais au final est ce que ça créé pas des asociaux aussi ?

Bref , la population ne change pas , seuls les outils de chaque époque mettent en évidences nos défauts .

Je me souviens aussi que mes parents me prédisaient une surdité précoce des que j'ai eu mon premier Walkman dans les années 80.
Et toute ma génération avec .
J'entends toujours aussi bien .?
Et pourtant j'en ai écoutédes albums dans le train et en cite U.
Un vrai drogué, un malade, un adorateur de groupes de dégénérés

Et pas besoin de faire des études de psycho pour s'en rendre compte , juste être mesuré.

avatar béber1 | 

feefee
"... juste être mesuré."

tout est là mon feefee,
mais c'est sans doute ce qu'il y a de plus difficile à appliquer.

PS.
En voilà une bonne résolution intenable.
Bonne année à tous

avatar feefee | 

@béber1

"tout est là mon feefee,
mais c'est sans doute ce qu'il y a de plus difficile à appliquer."

Oui je sais même moi j'ai beaucoup de mal .?
Ça doit dépendre des interlocuteurs ?

avatar béber1 | 

feefee :"Ça doit dépendre des interlocuteurs ?"

trop facile,
une apparence de lâcheté qui masque mal le gamin jouisseur de la castagne

avatar feefee | 

@béber1

C'est ca , castagner les castagneurs .
Derrière mon petit clavier tactile.

Le problème c'est que je la ramène pas mal aussi en vrai face aux intolérants , et malheureusement je suis trop peu rancunier .

Et j'adore nager en plein paradoxe ?

avatar béber1 | 

c'est ça la mesure
la rancune comme palliatif à l'indifférence ?

avatar béber1 | 

Chanteloux
"Comme j'aimerais partager votre jovialisme! ...ce que vous dites me paraît un peu trop théorique!"

je ne m'en réjouis pas, je prend plutôt acte du phénomène.
Et celui-ci est encore et toujours lié aux conséquences induites à l'apparition d'un nouvel outil, d'une nouvelle machine ou d'une nouvelle technologie qui vient bouleverser les systèmes de relations en place.

Toute l'histoire humaine est faite de ça,
d'adaptations successives , consécutives à l'apparitions de nouvelles innovations, que ce soit la domestication du feu, les aires linguistiques jusqu'à l'écriture, les mathématiques et la comptabilité, l'agriculture qui induit la notion de biens, de propriétés, de territoires définis (cadastres) etc. (donc rapines, spoliations, guerres territoriales, etc) , le cheval, la roue qui facilite les transports et les échanges sur de longues distances, mais aussi les guerres lointaines avec les cavaliers&chars, la métallurgie pour les outils du quotidien et pour les armes de guerres, etc.

Je ne fais que rappeler des banalités, à savoir l'ambivalence de l'utilisation des outils, qui peuvent aussi bien être utilisés -comme le marteau- de manière positive que négative.
Et qu'à chaque fois, l'humanité, c'est-à-dire nous tous ou nos ancêtres, s'est adaptée en tirant le plus possible vers le meilleur. (Si le négatif l'avait emporté, il n'y aurait que des champs de ruines fumants partout, ou plus d'humanité)
Je ne dis pas qu'il n'y a pas de problèmes (comme ceux que tu évoques, et l'ambivalence que l'on éprouve vis-à-vis des outils informatiques), qu'il n'y a pas d'aliénations crées par eux, mais je rappelle encore cette évidence qui est celle de la responsabilité de chacun, du rappel dans l'éducation par les parents ou enseignants divers de l'esprit de responsabilisation des futurs individus adultes, pour eux-même ou pour les autres dans le cadre d'une vie en collectivités, etc.
Bref que des banalités que j'essayais d'éviter dans mon précèdent message

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