Pour sa dernière couverture, le magazine Billboard a utilisé une photo réalisée avec le mode portrait de l'iPhone 7 Plus. Le magazine phare de l'industrie musicale américaine a fait travailler le photographe Miller Mobley, habitué à shooter des vedettes et personnalités mais avec du matériel numérique plus traditionnel.

Son sujet cette fois était la jeune chanteuse Camila Cabello. Elle pose nonchalamment en extérieur, un jour de petite pluie. Le photographe a donné quelques détails sur le déroulé de cette prise de vues et les avantages et inconvénients à employer ce smartphone en lieu et place de ses Mamiya 645DF+ et Canon 5D Mark III.

Apple a lancé ces derniers jours une campagne tout entière centrée sur cette fonction du 7 Plus. Dans le cas présent, la suggestion est venue du responsable photo du magazine, raconte Miller Mobley. Lui-même n'avait jamais réalisé de commandes avec un iPhone mais le challenge l'intéressait.

Le résultat a été validé pour une publication en couverture. Mais photographier avec un iPhone oblige à procéder différemment qu'avec un appareil classique, constate Mobley.

Greg Scoblete, responsable du site spécialisé Photo District News remarque que l'emploi d'un iPhone pour réaliser des travaux payés n'a plus rien de singulier, dès lors que le téléphone est placé entre de bonnes mains puisque la qualité est maintenant au rendez-vous.

Mobley a voulu faire en sorte que les photos prises avec l'iPhone ne se démarquent pas de celles prises avec ses gros appareils. Qu'une fois vues toutes ensembles, on ne puisse en déterminer la provenance. L'iPhone 7 Plus avait aussi un nouvel avantage à faire valoir, comme on le voit dans quelques-unes des photos des coulisses, on peut photographier avec dans une piscine, sans crainte.

Premier constat après coup, le rapport entre le sujet et l'appareil photo varie grandement selon l'âge de la personne.

C'était intéressant de voir la réaction de Camila avec l'iPhone. Du fait de son âge (19 ans, ndlr) et de la génération qui est la sienne, il y a toujours un iPhone quelque part. Pour quelqu'un de 50 ans ou plus, le sentiment aurait été peut-être différent, mais avec Camila c'était juste un autre appareil photo, pas un téléphone.

Un autre photographe dans l'article abonde. On peut faire du bon boulot maintenant avec un smartphone mais il faut tenir compte de son interlocuteur ou du contexte « Si un client vous paye plusieurs milliers de dollars et que vous arrivez avec un iPhone, ça ne va pas le faire ». Tout comme les reportages photos de mariages où les clients s'attendent à ce que le professionnel arrive avec un matériel sophistiqué et pas un iPhone comme n'importe quel invité.

Mamiya 645DF+

Ensuite, si le mode portrait peut donner un résultat professionnel à vos photos il a des contraintes importantes pour des utilisateurs avancés. Miller Mobley a jugé délicate l'obtention de bonnes photos en basse lumière. Le 7 Plus ne peut rivaliser avec le gros Canon plus doué en la matière « Il a fallu éclairer énormément le sujet pour qu'il soit exploitable par le mode portrait ».

La séance photo prend aussi plus de temps, puisqu'un très bon reflex donnera plus rapidement de bons résultats avec moins d'efforts. Puis l'iPhone produit des clichés d'une définition inférieure, ce qui peut brider plus tard les possibilités de retouches et de recadrage. Et il faut se tenir à une distance assez précise de son sujet pour que le mode portrait fonctionne.

Avec les reflex, paradoxalement, le photographe a la capacité d'être plus mobile autour du sujet, il peut shooter en rafale alors que le mode portrait demande de la stabilité. Enfin, la technologie employée, bien que perfectionnée et très capable, génère parfois des artefacts inattendus. Elle placera des flous disgracieux à de mauvais endroits, par exemple dans les mèches de cheveux, révélant ainsi le côté complètement artificiel de la photo.

L'absence de synchronisation possible entre l'iPhone et des dispositifs d'éclairage autour de la scène peut s'avérer une autre contrainte, tant une bonne lumière est apte à compenser les faiblesses du capteur de l'iPhone face à ceux des appareils standards. Miller Mobley dresse une analogie, « C'est comme de vouloir éteindre un incendie avec un tuyau d'arrosage. On pourrait y arriver mais ça va prendre beaucoup plus de temps. ».

Enfin, des clients peuvent vouloir des photos d'une très haute définition, avec des fichiers de 600 à 700 Mo là où ceux sortis d'un iPhone pèsent 100 fois moins. Quand bien même il apprécierait que le mode portrait génère des fichiers RAW, la qualité des fichiers JPEG obtenus lui a convenu. Les quelques ajustement colorimétriques qu'il a effectués n'ont guère détérioré l'image.

L'expérience s'est avérée concluante, a conclu Miller Mobley, au point d'être partant pour recommencer, et d'ajouter l'iPhone dans sa trousse à outils, à côté de ses reflex.