AT&T : comment je me suis fait avoir par Apple

Christophe Laporte |

En commercialisant pendant plusieurs années en exclusivité aux États-Unis l'iPhone, AT&T a réussi à attirer un grand nombre de clients. Mais tout n'a pas été parfait comme l'a expliqué Randall Stephenson, lors d'une conférence.

Le patron d'AT&T estime que sa plus grande erreur a été d'offrir des forfaits illimités en DATA. Ces derniers étaient commercialisés 30 $. Lors de la mise en vente du tout premier iPhone, Apple avait lourdement insisté sur ce point estimant que les consommateurs n'avaient pas à se soucier de ce genre de choses.

Il est vrai qu'à l'époque l'iPhone avait une philosophie à l'opposé de ses concurrents. Là où Apple voulait ouvrir au maximum les vannes, ses principaux adversaires, à commencer par Research In Motion, (RIM), mettaient tout en oeuvre pour que ses BlackBerry consomment le moins de bande passante possible.

Plus le réseau transite de données, plus l'opérateur doit investir dans son infrastructure. Or, selon Randall Stephenson, ce modèle ne favorisait pas les investissements. Les petits consommateurs payaient pour les gros. En 2010, AT&T a résolu le problème en arrêtant les forfaits illimités et en segmentant son offre.

Mais les problèmes se succèdent pour les opérateurs. Actuellement, ce qui empêche de dormir le P.D.G. d'AT&T, ce sont les services de messagerie instantanée comme iMessage.

Le lucratif business des SMS est en train de passer sous le nez des opérateurs. Aux États-Unis, le marché des SMS continue de croitre, mais à un rythme nettement moindre. Comme dans d’autres pays, il ne devrait pas tarder à décliner.

Autre métier qui devrait être de plus en plus concurrentiel pour les opérateurs : la voix. Avec l'amélioration des réseaux, ces derniers auront fort à faire avec les services de VOIP comme Skype.

Lors de cette conférence, Stephenson est également revenu sur la façon dont Apple et AT&T ont décidé de travailler ensemble. Stan Sigman, qui était à l'époque à la tête de Cingular, la filiale de téléphonie Mobile d'AT&T (renommé depuis AT&T Mobility), avait rencontré Steve Jobs qui lui avait parlé de l'iPhone sans lui montrer le moindre prototype ou la moindre image. Tout ce qu'il savait c'est que l'appareil d'Apple possédait un écran tactile, permettait d'appeler, de consulter ses mails ainsi que de faire tourner des applications.

C'est avec ce simple descriptif que Stan Sigman a "présenté" l'iPhone aux membres du conseil d'administration d'AT&T. Difficile de prendre une décision stratégique avec si peu d'éléments.

Stephenson se souvient alors avoir posé la question suivante à son collègue : "Est-ce que nous investissons dans un business-modèle, dans un produit ou investissons-nous dans Steve Jobs ?" On lui répondit qu'ils investissaient dans Steve Jobs et que le pari valait d'être tenté…

[Via : NYTimes]

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avatar winstonsmith | 
@Steeve J. : 'Car c'était seulement les applications tierces qui n'était pas envisagée au départ, Apple avait privilègié les WebbApps et mis la fonction "ajouter à l'écran d'accueil" pour en faire des simili apps sur le springboard. ' Faux, ceci n'est arrivé qu'avec la "mise à jour de janvier" (qui coutait 17€ aux possesseurs d'iPod Touch !), et non pas à la sortie de l'iPhone.
avatar gilzecat | 
@Rigat0n : ne confond pas iPod touch et iPhone. L'iPhone avait les ampli d'emblée alors que l'iPod touch lui en était dépourvu. C'est d'ailleurs pour cela que le jailbreak à été inventé. http://touch.dailymotion.com/video/xztm1_iphone-steve-jobs-presentation_tech pour preuve. D'ailleurs cette vidéo est très amusante. Dans les usages, on voit comment l'iPhone a changé toute la donne. 1 portable dans toute la salle. Aujourd'hui on compterait l'inverse pour aller plus vite...
avatar winstonsmith | 
@nesus : Faux, une fois de plus. L'iPhone et l'iPod Touch ont toujours pu utiliser des "web apps" puisque celle-ci étaient sur le web. La possibilité de les ajouter à l'écran d'accueil et donc d'en faire de vraies applis est arrivée en janvier 2008 avec la version 1.1.3 (http://fr.m.wikipedia.org/wiki/Historique_des_versions_d'iOS#section_2). Et encore ce n'etait que des raccourcis vers safari, aujourd'hui les web apps ont la possibilité de s'installer en plein écran si le code nécessaire est ajouté à la page. On peut donc considérer qu'à sa sortie au US et avant (iOS 1.0), l'iPhone ne permettait pas l'installation d'applis (on ne pouvait même pas déplacer les applis par défaut sur l'écran d'accueil et l'iTunes Store n'était pas encore présent (cf le lien Wikipédia plus haut), et donc qu'à moins que Steve Jobs ait confié ses projets pour iOS 2.0 au gars d'AT&T avant la sortie de l'iPhone, ce dont je doute, son témoignage est effectivement douteux.
avatar napuconcture | 
Repris dans le bon sens : Windows CE/Pocket/Mobile et Symbian on inspiré largement iOS iOS. BB OS et Danger largement Andoid (qui partage conception et ergonomie). WebOS est technologiquement bien plus proche d'Android et B2G que de iOS.
avatar napuconcture | 
Dans un appareil mobile, il n'y a pas que l'interface graphique, loin de la. iOS ressemble sur la partie non graphique en de nombreux point à Windows Mobile 6.
avatar bzian | 
@lmouillart : "sur la partie non graphique" ? Ça veut dire quoi ça ? L'OS de l'iPhone EDGE n'a absolument rien a voir avec Windows Mobile 6. Que ce soit dans la gestion des fichiers ou du matériel. Apple n'a pas "tout inventé", mais bon sang, stop la mauvaise foi, fort heureusement ils ne se sont inspirés en rien de Microsoft. Rien que pour le pari de la technologie des écrans capacitifs, tant boudée par Microsoft à l'époque (ouin les stylets marchent pas dessus), il faut saluer.
avatar napuconcture | 
C'est un micro noyaux temps réel, un système d'api évènementiel, avec différents types d'applications : PIM, Musique, Navigateur, Applications tierces. L'architecture est quasi identique, l'interface utilisateur change. Ce n'est pas parce que cela parait couler de source actuellement, que lorsque Microsoft à crée avec IBM ce segment que c'était le cas.
avatar YanDerS | 
"Et il faut aussi reconnaître que c'est grâce à la scène jailbreak qu'Apple à finalement changé d'avis et lancé l'AppStore avec le succès que l'on connaît." Ça j'en doute (et même oomu avec lequel on a eu un échange sur le sujet). Car on ne sort pas un SDK aussi rapidement, s'il n'était pas déjà inscrit dans la logique de Forstall, initiateur du projet d'OSX "mobile" (certainement appuyé par Fadell, qui, bien que devant plancher sur un projet d'OS alternatif à la base de Linux à la suite de Rubinstein & Co...avait dit sa préférence pour un portage d'OSX sur les mobiles, l'iPad étant aussi en élaboration), donc... il était sans doute inscrit dans la logique de Forstall -et de Jobs par le même coup, dans son soucis d'unité et de simplicité- que si c'était un OS X à la base sur les iDevices, la logique qui en découlait imposait naturellement un écosystème "unifié" ou lié à tout le moins. Et que de fait, il y avait une opportunité historique de profiter du marché mobile, pour attirer via un SDK et des outils de devs, nombres de nouveaux devs tiers sur la plate-forme OS X, ce qui avait fait défaut depuis des années sur Mac. Et.. Ô hasard, on pouvait leur proposer à l'occasion pour faire le pont les mêmes outils & langages de devs que pour les applis Mac : XCode/Obj-C/Cocoa et le tout sur ... un Mac ! Et créer pour l'occasion un AppStore fondé sur le modèle déjà tout prêt de l'iTunes Store, renforçant ainsi la position d'iTunes. Tu parles d'un hasard, ou d'un changement d'avis à la dernière minute, ceci à cause du Jailbreak ou autre. Si le Jailbreak a dû jouer, c'est comme une goutte d'eau faisant définitivement verser le vase du côté où il était déjà penché. La logique de ce plan est si carrée, qu'elle explique très probablement les causes antécédentes qui expliquent mieux le revirement d'Apple vis-à vis des WebApps (affaire Walter Luh?) qui donc devait sourdre et l'attitude de Jobs et d'Apple par la suite vis à vis du Flash. Car si iOS étant un OS X à la base, il était un avenir d'OSX plus que probable, De fait Apple ne défendait pas tant son business des Apps que l'avenir et la pérennité de sa plateforme logicielle et de développement elle-même. Les Outils de dev d'Adobe pouvant quasiment parasiter ( tout en s'appuyant sur le marché prospère des iDevices) et détourner tout les fruits de développements d'apps multitouch ( c'est un domaine nouveau où il y a tout à défricher et inventer ) pour les répandre uniformément à d'autres plateformes mobiles ce qui aurait eu comme conséquence désastreuse d'évider toute spécificité aux mobiles pommés, et de les réduire à de simples supports matériels. Une plaie pour la diversité, et un assujettissement à la IE6 2.0 De fait, Apple protégeait le futur de sa plateforme logicielle, avec un blocage qui était tout autant commercial que hautement stratégique. Mais pouvait-elle carrément annoncer et avancer l'argument à la face du Monde que son OS mobile -et ses developpements futurs- étaient l'avenir d'OS X lui-même?! Ç'aurait provoqué une levée de boucliers, car bon nombre auraient vu les limitations conjoncturelles d'iOS comme des limitations futures d'OS X.. alors que celui-ci est jeune et ne fera que continuer inévitablement à évoluer et à se doter avec le temps d'un tas de fonctionnalités supplémentaires dont on a encore peine à imaginer.
avatar tigre2010 | 
@Steeve J. : 'Et il faut aussi reconnaître que c'est grâce à la scène jailbreak qu'Apple à finalement changé d'avis et lancé l'AppStore avec le succès que l'on connaît. ' Il faudrait arrêter de croire à la sainte Jailbreak. Oui, Apple n'a pas lancé un téléphone suivit un SDK dans la foulé. Rien n'était sur que ça marcherait, des Flops, Apple s'y connaît. Tout comme le Palm Pré à son lancement , Palm promulguait les Webapp. Et ce n'est quensuite vient le SDK. Le Jailbreak se sont juste des gens qui sont pressées.
avatar Alex56 | 
@telephone Les opérateurs avaient juste à présenter les choses aussi clairement que toi. Au lieu de ça, ils ont préféré nous parler d'illimité (à c'est bien plus vendeur) alors que rien ne l'est. Du coup l'opinion n'est plus en faveur des opérateurs depuis déjà quelque temps à cause de ce petit menssonge, cette petite calomnie. Moi opérateur? Je ne jouerais pas sur les mots. Moi opérateur? J'appliquerais le juste prix! Moi opérateur? ...
avatar eipem | 
@telephone : l'électricité n'est pas un fluide.
avatar Mr Ti | 
Là où AT&T peut l'avoir mauvaise (tout comme Orange et chaque opérateur qui a payé pour l'exclusivité dans chaque pays à la sortie de l'iPhone), c'est dans cette faculté qu'à Apple de jouer avec les accords... Donc au départ, ils ne présentent pas leurs produits, et mettent les opérateurs dans le même panier que les consommateurs en présentant leur téléphone pendant une keynote. Ok... Ensuite, fin du système de l'exclusivité : iPhone pour tout le monde. Enfin : Mise en place de FaceTime et iMessages pour enlever à leurs partenaires leurs sources de revenus (voix et textes). Je me souviens qu'il y a pas si longtemps, on accusait Free de faire son offre sur le dos d'Orange, en abusant de son réseau pour se déployer. Apple, c'est encore plus fourbe : ils ne mettront pas un centime pour constituer leurs propres réseaux, mais aucun problème pour faire son écosystème à l'interieur de ceux des autres.
avatar Satoral | 
Mouarf, en même temps, quand tu vois les écosystèmes signés par les opérateurs, le fait qu'Apple le fasse mille fois mieux, ça aurait dû les faire réfléchir, non ? Parce que je me souviens d'un temps du smartphone auquel on fout un écosystème opérateur merdique de façon systématique sans que ça ne fonctionne commercialement. Donc OK, ils bypassent les opérateurs, mais je crois qu'il aurait surtout fallu que les opérateurs en tirent les conclusions et se rendent compte qu'ils faisaient de la merde. Or, ce n'est pas le cas. Bon, encore que Orange a bien joué avec Deezer. Par contre, faut pas trop regarder le reste, genre tabbee et consorts. Alors effectivement, ça peut paraître violent mais au final, ça démontre bien que les opérateurs n'ont jamais su faire bien à ce niveau-là. Et quand tu vois que ça n'a rien changé (genre problèmes pour distribuer et faire pub des Windows Phone avec pour raison "mais les gens n'en veulent pas" alors qu'il y a aussi un gros problème sur la non-modification par les opérateurs qui ressort souvent en OFF) et qu'ils n'arrivent pas apprendre de ceux qui savent faire (bon bah, du coup, certains collaborent avec Google directement parce qu'ils se rendent compte qu'ils sont très mauvais là-dessus), bah c'est pas plus mal pour le consommateur. Après, on ne parlera pas des options à des tarifs qui font la moitié voire les 3/4 du prix du forfait. Ça découle aussi forcément de l'incapacité des opérateurs à foutre en place un écosystème maison performant et confortable. En partie en tout cas. Après, ils peuvent donner les raisons qu'ils ont envie de donner, crier à l'arnaque mais dans ce genre de business, quand tu n'es pas honnête avec toi-même et incapable de dire que t'as merdé, tirer un trait et reprendre d'une feuille blanche en allant chercher les mecs qui gèrent ce type d'écosystème, faut juste changer de boulot. Dans ce cas-là, les écosystèmes, ils ont eu des années pour imposer leur proposition, ils n'ont jamais réussi à le faire pour cause de (très) mauvaise qualité globale et expérience utilisateur plus que défaillante. Bon, c'est normal de se planter, mais si t'es incapable d'admettre que tu t'es planté, tu galopes à ta perte.
avatar ph94240 | 
@parafsuo54000 Tu as raison vive l'anaphore. En revanche ça permet de gagner des voix pas de la data ;-)
avatar onze | 
@iouze, excellente ! :-)
avatar Darkpoze | 
@iouze : très bon. Mais c'est quoi cette nouvelle mode de dire de la data au lieu du data ? C'est très moche en plus !!! ^_^
avatar tigre2010 | 
@marksanders : 'À t t est plein au as..de quoi ce plaigne t'il ???pffff' Qu'on ne les a pas laissé tondre plus les gens.
avatar fornorst | 
Tous ceux qui ont un iPhone sont bien content du fonctionnement actuel Pourquoi plaindre les opérateurs? À priori ils continuent à investir malgré leurs jérémiades

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