Barack Obama : Apple et la relocalisation de la production

Anthony Nelzin-Santos |

Lors de son « Twitter town hall », sorte de causerie au coin du feu du XXIe siècle, le président américain Barack Obama a répondu aux questions des 18 utilisateurs Twitter, souvent autour de problèmes économiques (réduction de la dette, emploi, crédits immobilier et étudiant, etc.). Une de ses réponses a concerné directement Apple et la production des appareils iOS, dans le cadre du débat général sur la relocalisation.

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Barack Obama utilisait un MacBook Pro, comme il en a l'habitude.

Ces dernières années, les pays sud-américains ont progressivement fermé leurs frontières, obligeant les grandes entreprises américaines à produire localement si elles veulent échapper à la pression fiscale. Le Brésil, qui affronte les États-Unis depuis près d'une décennie au sujet des importations et des exportations de coton, taxe ainsi fortement de nombreux produits étrangers : les produits Apple y sont vendus deux fois plus chers qu'aux États-Unis. Foxconn a ainsi décidé d'ouvrir une usine à Jundiaí : produits localement, d'abord avec des pièces importées, ensuite avec des composants eux aussi fabriqués au Brésil, les iPad échapperont à ces taxes (lire : iPad : le Brésil en produira dès la rentrée).

L'Argentine prend le même chemin : le gouvernement Kirchner a mis en place un système de « certificat d'origine » interdisant la commercialisation de tout produit n'ayant pas été fabriqué localement. Ainsi, l'iPhone ne peut désormais plus être vendu (ni réparé) légalement en Argentine (lire : iPhone et BlackBerry boutés hors d'Argentine).

Ce mouvement de repli protectionniste, favorisé par la crise économique, est global : il revient parfois dans le débat politique américain. À une question opposant, dans le domaine des nouvelles technologies, les emplois de recherche et développement (souvent aux États-Unis) et les emplois de production industrielle (souvent délocalisés), Obama a fait montre de velléités de relocalisation.

Nous voulons nous concentrer sur l'industrie de pointe, qui combine nouvelles technologies, recherche et développement pour comprendre comment créer le prochain Twitter, comment créer le prochain Google, comment créer le prochain truc à la mode — tout en assurant que la production se fera [aux États-Unis].

C'est très bien qu'Apple crée l'iPod, l'iPad, qu'elle les conçoive et qu'elle développe leur logiciel, mais ce serait mieux qu'elle les fabrique aux États-Unis […].

Ce discours n'est évidemment pas nouveau, et revient périodiquement sur la table, notamment à l'approche des élections : Barack Obama est d'ores et déjà en campagne pour sa réélection en 2012. Ce thème est traditionnellement manipulé par les franges les plus conservatrices, sous l'angle de la préférence nationale, mais est aujourd'hui plus commun chez les libéraux, sur cette thématique de la redynamisation du tissu économique américain. L'exemple d'Apple prend cependant cette fois une tonalité toute particulière à la lumière des exemples brésiliens et argentins. Obama vise ici une relocalisation ponctuelle, limitée aux secteurs de pointe, c'est-à-dire à une main-d'œuvre qualifiée dont les États-Unis ne manquent pas.

La Maison Blanche a publié, comme elle le doit, un transcript complet de cette intervention.

De nombreux organismes lient cette question à celle de l'amélioration des conditions de vie dans les lieux de production. Alors que la Chine ne veut plus forcément être l'« atelier du monde », certains se demandent si l'augmentation des coûts de production ne serait pas l'occasion d'une relocalisation. Dans les années 1980 et au début des années 1990, Apple concevait, fabriquait et assemblait ses ordinateurs aux États-Unis, dans son usine de Fremont (Californie).

Apple est ensuite passé à un système mixte : l'usine de Elk Grove en Californie a notamment produit l'iMac, tandis que l'assemblage des cartes-mères et le conditionnement de certains Mac avaient lieu dans une Apple Factory en Irlande. À partir de 2003, la part de la Chine dans la production d'Apple n'a cessé d'augmenter, pour des raisons de coût, mais aussi d'échelle. Aujourd'hui, la quasi-totalité des machines est produite en Asie. Alors que les barrières protectionnistes forcent Apple à s'implanter au plus près des marchés qu'elle vise, va-t-elle devoir penser à relocaliser aux États-Unis ?

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- Apple et la nouvelle donne chinoise

avatar albert.dsf | 
En Irlande, c'était pour les PowerBook a Cork non ? Question tout aussi importante par ailleurs : quel client twitter utilise Obama ?
avatar solea | 
Je comprends qu’Obama soit contre la fabrication de Google en Chine ou les usines de Twitter au Brésil. J’ai acheté un Twitter hier, et je regrette que la France n’en fabrique pas également, on est toujours à la traîne :(
avatar macarthur01 | 
Aux USA? S'il est fabriqué aux USA c'est fini le Mac devient un caviar 3000€ le MacBook pro qui prend? Allons jouer donc! Qui prend? ,..
avatar STi_wings | 
@ CheGay : Et tu payeras 2.000€ pour avoir un Dell bas de gamme pourri jusqu'à la moelle. Tu en as d'autres comme ça ?
avatar crifan | 
Un peu facile et politique comme approche. Tout le monde sait que la main d'oeuvre americaine n'est pas celle de la chine... Il n'y a pas de solution miracle , les constructeurs auto en on fait les frais
avatar Caribours | 
Il s'agissait des Mac Pro à Cork. Je ne sais pas si c'est encore le cas.
avatar Isiquonphigue | 
C'est pas comme si Apple avait 50 Milliards de dollars en réserve... Ils sont pas obligé de délocaliser toutes les usines d'assemblage... On commence par une, puis deux... Cela ne peut que profiter à l'économie, plus de salariés, plus de consommation, moins de prise en charge par l'état. Tout le monde se plaint que la Chine devance les USA et blablabla. Mais grâce à qui possèdent-ils cette position de dominant?
avatar lilo pimousse | 
@ yomansdu33 : Heula !!! Du calme ! On n'est pas en campagne et ici ce n'est pas une tribune politique ni un panneau d'affichage. Donc la propagande (à peine) déguisée, ce serait bien de la faire ailleurs. Merci
avatar Marksanders | 
Il plane...
avatar graig02 | 
@yomansdu33 Avant de "démondialiser" il faudrait déjà s'occuper de simplifier ce qui peut l'être. Je fais de la paye, c'est devenu l'enfer. Martine a conçu l'usine à gaz des 35h & François Fillon a créé l'exonération de cotisation et la loi TEPA. Il faut arrêter de se tirer des balles dans les pieds. Et quand on aura démondialiser, il faudra changer de téléphone portable moins souvent. Il peut y avoir une ou 2 mesurettes viables dans le programme Montebourd & les autres mais globalement c'est de la démagogie.
avatar nessbeal | 
Les états unis réalisent un peu tardivement qu'il a créé lui même (par son idéologie) le monstre qui le conduira à sa perte et cherche maintenant à faire marche arrière en cherchant à relocaliser sa production. Merci MacGé / iGeneration pour cet article faisant écho au dernier traitant du même sujet sur l'Argentine. → http://goo.gl/gcU47 Certains commentaires ont été très virulents concernant l'action du gouvernement argentin et sur l'idée de faire la même chose en Europe. À savoir, que les produits vendus en Europe doivent être produits ou assemblés dans l'espace économique. Une situation saine et gagnante/gagnante pour les états et les entreprises. J'ai eu l'occasion de m'exprimer sur le sujet , je ne pense donc pas le faire longuement ici. Mais cet article me conforte dans mes idées. Un peu plus de régionalisme ( et non d'autarcie) sur les marchés ne ferait de mal à personne. Tant mieux que ce soit les états unis qui fasse ce genre de déclaration. On ne les accusera pas d'être une dictature
avatar fornorst | 
Que les gens qui font campagne aillent ailleurs Exprimer un avis, c'est bien. Mais tant qu a faire autant que cela soit le sien et que l'on ne cite pas ses sources militantes Merci par avance
avatar agerber | 
Tiens il est peut être temps que l'europe se réveille au lieu de laisser passer nos emplois un par un.. A moins que ces messieurs de l'europe n'aient pour unique but que de développer la chine.. Avec eux nos retraites et nos perspective s'amenuisent de + en +, ne parlons même pas de nos dettes qui s'empilent jour après jour..

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