Cue, Iovine, Reznor : Apple Music veut mettre de l'humain dans les oreilles

Mickaël Bazoge |

À quelques heures de l’ouverture d’Apple Music, les dirigeants d’Apple en charge de cette nouvelle offre musicale sont en représentation pour la promotion du service. L’exercice est assez convenu, que ce soit pour le duo Eddy Cue/Jimmy Iovine chez Loopinsight et USA Today, ou pour Trent Reznor dans Rolling Stones — il y fait même preuve d’une solide langue de bois, loin de son caractère frondeur. Le leader de Nine Inch Nails loue ainsi Zane Lowe, l’animateur de Beats 1, que les bonnes fées ont visiblement paré de toutes les qualités.

Reznor explique ainsi comment s’est déroulé le premier appel passé à Lowe : « Hey Zane, est-ce que tu serais intéressé pour non seulement parler au monde mais aussi fournir l’ADN et la direction créative derrière la programmation [de la radio] et faire quelque chose que tu voudrais écouter n’importe quand ? ». Difficile de refuser une telle proposition. Le chanteur se félicite d’avoir donné les clés de la radio à Zane Lowe ; « tout ça est vraiment excitant et je pense que c’est complémentaire du service de musique et que c’est une partie du pont qui relie les pièces ensemble ». Le plus intéressant finalement dans ce discours un peu mécanique est que Beats 1 n’a pas été imaginée pour suivre les tendances musicales du moment : sa programmation ne répond pas à des études marketing.

Eddy Cue et Jimmy Iovine ajoutent quant à eux que l’un des problèmes rencontrés par les radios est l’omniprésence de la publicité. « Et si on prenait tout ce qui était emballant, que ce soit sur Connect [le réseau social d’Apple Music où les artistes pourront poster du contenu] ou un nouveau disque provenant de Brooklyn ou de Liverpool », explique Iovine, repris par Cue : « Que ce soit du rock ou du hip-hop ». Et le passage d’un style à un autre « fonctionne », s’enthousiasme Iovine. « Et cela fonctionne parce que le DJ est au centre qui explique comment cela fonctionne. Le DJ vous donne un contexte ».

L’humain avant l’algorithme : c’est le mantra d’Apple Music, que ce soit pour Beats 1 ou les listes de lecture personnalisées. « Ce traitement de la musique comme de l’art est important », indique Reznor. « Nous avons essayé de le faire partout où vous trouverez de la musique dans Apple Music, quand vous écoutez une station de radio, chaque chanson a été choisie par quelqu’un. Quand une recommandation "for you" apparaît sur l’écran, ce n’est pas basé sur un tag provenant du système ; c’est basé sur des éditeurs qui se sont assis et qui ont dit "Nous aimons ce sous-genre du hip-hop qui est connecté à ces artistes qui sont eux mêmes connectés à ces artistes" ».

Le discours est le même chez Jimmy Iovine, qui prend pour exemple Bruce Springsteen. Un algorithme choisira à peu de choses près les mêmes morceaux. « Ce qui m’épate, c’est qu’Apple Music propose "Paint it Black" : il se trouve que je sais que c’est une des chansons des Stones préférées de Springsteen ». « Nous avons essayé d’allier le meilleur des deux mondes », nuance Cue. Un humain ne peut pas tout faire, et un algorithme ne peut pas tout faire non plus. « Nous avons ce que je crois être le meilleur des deux mondes ».

Le catalogue du service de streaming sera aussi complet que possible, mais il y a quand même quelques absents de marque, dont les Beatles. « Il y aura toujours des gens qui viennent plus tard que ce que l’on aurait voulu », explique Eddy Cue. « À l’avenir, je m’attends à ce que les Beatles soient disponibles ». En attendant, il y aura des exclusivités comme celle concoctée par Trent Reznor, qui va proposer son album The Fragile en version instrumentale : « Ça ressemble à l’album standard, mais il sonne d’une manière très différente sans ma voix ». Le tout sera disponible sur la page Connect de l’artiste.

Quant à savoir quand Apple estimera que son service pourra être qualifié de succès ou de flop, seul le temps sera juge, estime Cue. Les chiffres, ce n’est de toute manière « pas la façon dont nous jugeons nos produits ». Apple base ses critères sur l’intérêt que portent les utilisateurs au produit.

avatar Jeff06am | 

Je me demande quel sera le débit de la radio Beats1. J'espère que ça pourra se régler aussi histoire de pouvoir continuer à écouter même si j'ai terminé le fair use de mon forfait.

avatar kril1n | 

Superbe la pub !!

avatar bbtom007 | 

On met de l'humain donc on commence par le cue ?

avatar thebarty | 

Tiens, les conditions générales de l'AppStore viennent d'être modifiées...

avatar MacSedik | 

Belle pub ça bouge pas mal !
Sinon comme beaucoup ici je me pose la question de savoir si on pourra profiter du débit même si on dépasse le fair-use (il faut dire qu'on a de plus en plus de services qui utilisent le réseau ! même en tâche de fond).
Je vais essayer Apple Music même si j'ai Spotify (qui a des années de peaufinement derrière elle).

avatar Lemmings | 

Je n'avais jamais entendu parler de Zane Lowe avant son débauchage par Apple, le mec est peut être très bon ça je ne dis pas. Mais ça me dérange tout de même cette logique de "radio" unique conformiste.

Musicalement il n'y a aucune prise de risque pour le moment, mais je demande à voir.

Enfin je doute que les genres "pointus" si je puis dire soient bien représentés... C'est super d'avoir les Stones, Springsteen, Swift ou Dre, mais quid de la véritable musique de maintenant ? Sortie des grands standards et produits marquetés par les majors ?

Je doute fort qu'on trouve beaucoup d'électronique sur Beat1 par exemple...

avatar Trillot | 

Il suffit d'aller sur le site d'Apple pour voir que si.

avatar Lemmings | 

@Trillot : c'est à dire ? Il y a les nouveaux Lobster Theremin ? Les L.I.E.S. ? Les Viewlexx ? Les Bordello A Parigi ?...

Bref... :D

avatar Lemmings | 

Ha oui il y a DJ Mag... Youpi... De la bonne grosse daube trance... Donc on aura du Tiesto, AVB et autres Deadmau5... Le pied.

(ironie)

avatar Adrienhb | 

La pub est top et donne envie.
Mais ça me semble très centrée sur certaines musiques, et encore vue par certains pays.
Ce n'est pas un mal en soi, et je ne doute pas que les curators sont bons, mais comme Lemmings, je n'en avais jamais entendu parler jusqu'à maintenant. Et je doute qu'ils soient pertinents pour, par exemple, le rock français des années 80.
Donc bon... il y a un côté bling et peu ouvert sur la diversité dans l'approche musicale d'Apple ces temps-ci qui me semblent en complète contradiction avec ce qu'était Apple il y a encore quelques années.
A ce sujet, il est intéressant que la pub fasse mention du parfait inconnu qui créerait un tube dans sa chambre. Là on est un peu plus dans l'Apple que j'ai à l'esprit, mais je suis curieux de voir quand une telle personnalité émergera via Apple Music.

avatar RDBILL | 

En fait apple fait comme tout le monde : appel à des humains pour faire fonctionner par le biais du "Turcmecanique" de soit disant algorithmes...
Sauf que là ou les suggestions d'Amazon pour un produit complémentaire étaient faites par des petites mains (le fameux Turcmecanique) mais présentées comme le résultats de savants calculs, Apple elle dit clairement que ce sont des humains qui bossent derrière...
CQFD.

avatar DG33 | 

Cue, Iovine, Reznor : Apple Music veut mettre de l'humain dans les oreilles

Y parviendront-ils les doigts dans le nez ?

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