Jimmy Iovine en a soupé de la culture du tout gratuit et du freemium

Mickaël Bazoge |

Lors d’une conférence Vanity Fair à laquelle il a été invité en compagnie de Jony Ive (nous y reviendrons bien évidemment), Jimmy Iovine n’a pas manqué de faire la promotion d’Apple Music. Surtout, il a brodé autour de l’industrie de la musique, un milieu qu’il connait très bien, en s’interrogeant sur la culture du tout gratuit.

« La gratuité est un vrai problème. Tout ce qui tourne autour du freemium, on en a peut-être eu besoin à un moment. Mais maintenant, c’est une escroquerie », a-t-il déclaré avec son franc-parler habituel. Spotify, avec son modèle économique qui mixe abonnements payants et écoute gratuite financée par la publicité, peut se sentir visé même si Iovine n’a pas cité le nom de son principal concurrent.

« Ces entreprises se construisent un fichier clients sur le dos des artistes », estime le dirigeant, et ce n’est pas le chemin suivi par Apple, alors que le constructeur aurait pu recruter des millions d’utilisateurs en leur proposant une offre gratuite ; Apple Music comprend toutefois trois mois d’écoute gratuite. Lors de la discussion, un des modérateurs n’a d’ailleurs pas manqué de rappeler à Jimmy Iovine l’« affaire » Taylor Swift : l’artiste avait rué dans les brancards contre cette formule dans laquelle les chanteurs et compositeurs ne gagnaient rien (lire : Le juste combat de Taylor Swift contre le dragon Apple Music).

Comment se fait-il qu’un spécialiste du milieu de la musique n’ait pas senti la fronde qui grondait du côté des artistes et des labels sur cette épineuse question ? Qui voudrait travailler gratuitement trois mois ? Iovine n’a pas répondu directement à ces questions, mais il a déclaré qu’Eddy Cue et Tim Cook avaient « géré cette affaire très rapidement un dimanche matin » et qu’ils avaient pris la bonne décision : rémunérer tous les partenaires d’Apple Music durant ces trois mois.

La Pomme a été singulièrement muette concernant le nombre d’abonnés à son service de streaming musical, y compris (et surtout ?) depuis la fin de la période d’essai pour les premiers inscrits. « Je ne serais pas là si ça n’allait pas », a rétorqué Iovine, sans donner de chiffres. Dans son esprit, Apple Music est un tuyau idéal pour les maisons de disques, comprend-t-on en substance. L’industrie de la musique « a toujours attendu que quelqu’un sorte du bois et s’occupe de la distribution. Mais ça ne fonctionne pas parce que les entreprises technologiques vous demandent de le faire gratuitement ».

Il ne veut pas que le paysage de la musique et plus généralement, le domaine artistique ressemble « au bar de Star Wars sur Tatooine ». « Le business des médias a besoin des gens des entreprises technologiques pour leur donner des ficelles, et le business des technologies a besoin des gens des médias pour leur donner les ficelles ».

avatar Ipader | 

« La gratuité est un vrai problème. Tout ce qui tourne autour du freemium, on en a peut-être eu besoin à un moment. Mais maintenant, c’est une escroquerie »
« Ces entreprises se construisent un fichier clients sur le dos des artistes »

A aucun moment il nous explique en quoi c'est un problème !
Par contre ne pas payer les artistes pendant 3 mois pour SE faire leur propre fichier client il sait le faire mieux que les autres.

«géré cette affaire très rapidement un dimanche matin »
Tu m'étonnes, pris la main dans le sac et la petite qui le crie sur tous les toits, il fallait réagir vite...
Sinon c'était pas vu, pas pris hein !

Quel connerie cette acquisition avec des charlots pareil.

avatar fluxus | 

"A aucun moment il nous explique en quoi c'est un problème !"
C'est simple : Sur Internet , si tu ne payes pas , le produit c'est toi. Tu livres ta vie privée en échange d'un truc gratuit, et ta vie privée est disséquée et revendue à d'autres exploitants. Des entreprises sont devenues multibillionaires sur ce principe simple ( Google, Facebook, etc )

avatar Ipader | 

@fluxus :
Ok mais l'article a l'air de dire qu'il vise Spotify, et en dehors des pubs qui demandent de passer à Premium les autres n'ont rien à voir avec les sites que je visite ou autre.
Et encore moins maintenant, étant passé sur Spotify Premium ;)

avatar C1rc3@0rc | 

@Ipader
+1

«Par contre ne pas payer les artistes pendant 3 mois pour SE faire leur propre fichier client il sait le faire mieux que les autres.»

L'exploitation des artistes et des techiciens dans l'industrie du divertissement c'est une vielle recette bien rodée. Et Lovine est un vieux cuisinier dans le domaine...

«« Le business des médias a besoin des gens des entreprises technologiques pour leur donner des ficelles, et le business des technologies a besoin des gens des médias pour leur donner les ficelles ».»

Le problèmes c'est que les ficelles, dans la bouche d'un manitou de l'industrie du divertissement, ça permet ficeler les gens et de le mettre en captivité.
Et puis quand une référence d'une industrie qui est organisée comme une vraie mafia, parle de ficelles, c'est qu'il ne s'agit pas de méthodes ni honnêtes ni honorables...

Le problème de la gratuité c'est que l'industrie du divertissement a épuisé le filon et que ce sont d'autres qui se satisfont des revenus que la pseudo-gratuité génère.

L'industrie du divertissement a été la première a exploiter le filon de la captation des revenus publicitaires, a commencer par dégrader et altérer les contenus artistiques pour "optimiser" le rendement publicitaire:
-qui a défini la durée des morceaux de musique pour pouvoir intercaler des pub en radio
-qui a saucissonné les films pour y tartiner de la pub,
-qui a défini la durée des séries en fonction des coupures pub a y insérer
?

Aprés Spotify c'est une saleté c'est indéniable car c'est aussi une émanation nauséabonde de l’industrie du divertissement qui pousse le streaming comme successeur de la diffusion radio. Le probleme pour Lovine c'est que Spotify c'est le concurrent...

La solution pour relancer la vraie creation artistique et la diffusion de la culture reste la licence globale, mais ça l'industrie du divertissement veut pas en entendre parler.

avatar robrob | 

Le degre d'hypocrisie est impressionnant. Apparemment ca le derangeait pas de demander aux artistes de travailler gratuitement au debut.

avatar Apollo11 | 

@robrob :

C'est pas tout à fait vrai.

Apple proposait de hausser les redevances après les 3 mois gratuits, pour compenser. Les artistes on refusé.

avatar OSSDA | 

Je ne dirais pas ce que je pense de ce type et de sa clique.

avatar pikachoux_bzh | 

La gratuité est un problème...... Venant de la part d'une société qui pratique l'évasion fiscale au plus haut niveau, c'est culotté.....

avatar C1rc3@0rc | 

Qui pratique l'evasion fiscale?
En tout cas pas Apple.
Par contre l'industrie du divertissement oui, certainement.

avatar Ipader | 

@C1rc3@0rc :
Évasion peut être pas mais optimisation sûrement.

avatar larkhon | 

Incroyable... Ce sont ces gens-là même qui expliquent aux artistes que les ventes de musique c'est fini, et expliquent aux clients que le gratuit c'est fini. Où va l'argent que les gens paient? En plus vu le prix moyen des places de concert (soit disant y a plus que ça pour faire de l'argent) on se dit mais toute la musique est gratuite. Or quand je regarde le prix d'un album, CD ou dématérialisé, j'ai pas l'impression. Les offres gratuites ou assimilées elles visent qui? Je reste d'avis que les gens passionnés continuent à acheter leur musique et qu'il y a une sorte de légitimité à ne pas mettre 15€ pour un artiste mainsteam pour enrichir sa maison de disque...

avatar fluxus | 

"En plus vu le prix moyen des places de concert (soit disant y a plus que ça pour faire de l'argent) on se dit mais toute la musique est gratuite. Or quand je regarde le prix d'un album, CD ou dématérialisé, j'ai pas l'impression"
Le prix d'un album ne signifie rien, vu que la majorité se le procurent gratuitement. Les gens "passionnés" que tu cites et qui paient leur musique sont en train de devenir la minorité de la minorité. D'où la tentation de faire des offres gratuites ( Spotify) , mais en échange d'informations sur votre privée qui peuvent être exploitées par d'autres corporations. Apple ( et les artistes en général) refuse ça : si tu veux de la musique , tu paies, comme pour tout le reste dans la vie.

avatar C1rc3@0rc | 

Sony Music se permet une croissance de +6.5% et Universal Music group affiche un croissance de 15.4% avec 2 311 millions d'euros de chiffre d'affaire cela pour le premier semestre 2015...
Le meme Universal voit une croissance de ses benefice de +34% avec le streaming!

Faudra quand même expliquer comment l'industrie musicale arrive a générer autant de bénéfices et avoir une telle croissance si personne ne paie leurs produits.
Ça reste un sacré mystère, de même que les salaires de ministres que touchent les dirigeants des sociétés de gestion des droits des artistes (surtout a la place des artistes)

avatar misterbrown | 

Le rachat de Beat reste le plus mauvais investissement d'Apple de ces dernières années à mon avis.

avatar pommecroquee | 

C'est une blague à lui tout seul…

avatar harisson | 

Etonnantes les déclarations de Iovine ! Bonjour les références foireuses à Star Wars...

Il y a des business "intéressants" qui n'existeraient tout simplement pas si ils n'adoptaient pas le modèle freemium.
Le modèle de streaming actuel par abonnement est aussi discutable.

avatar iG | 

C'est Iovine ou Lovine ? j'ai toujours pas compris.

avatar Mickaël Bazoge | 
Iovine. Avec un « i » au début.
avatar Stanley Lubrik | 

" Il ne veut pas que le paysage de la musique et plus généralement, le domaine artistique ressemble «au bar de Star Wars sur Tataouine ».

Pourtant Tim adore y retrouver ses potes pour boire un coup. Va falloir qu'il file par la backroom et la backdoor pour éviter Jimmy le suceur de pognon. Déjà qu'il en a palpè un max !

avatar conster | 

@Stanley Lubrik :
Vous devriez éviter cet endroit vous aussi, il ne vous réussi pas.

avatar Switcher | 

Allons, allons - dans la cantina, la seule vraie question qui importe est : qui tirera en premier... ?

La métaphore, c'était pour faire "pop culture" ? Pas sûr qu'il en ait eu franchement besoin. Je n'ai pas l'impression de me retrouver sur Tatooine avec Spotify (bien parti pour garder ma préférence).

avatar Stanley Lubrik | 

Quant au sort à réserver à Jimmy, eh bien c'est pas sa chemise et sa veste que l'on va arracher !

Du goudron et des plumes ! Comme au bon vieux temps du western.

Comme cela il passera par l'étape vinyle fondu avant d'être remplumé. Fini la moumoute en peau de fesses !

avatar inumerix | 

Ce qui est une escroquerie c'est l'application Music. Je me serais bien abonné mais c'est vraiment trop mauvais. Je peux pas payer pour ça. Spotify est nettement mieux mais plus cher pour la famille.

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