Google Wallet : le téléphone comme portefeuille

Anthony Nelzin-Santos |

Le principe du téléphone comme portefeuille n'est pas nouveau : les Japonais utilisent leur osaifu-keitai comme portefeuille, carte d'identité ou de fidélité et badge de transport depuis des années. En dehors de l'archipel et de quelques pays nordiques, la pratique reste cependant très marginale et il manque un standard de communication. Google entend bien l'imposer avec son système Google Wallet et Google Offers.

Ce système se base sur un téléphone NFC comme le Nexus S. Celui-ci fait office de coffre-fort et d'interface : il contient les données de paiement et de fidélité, protégées à l'aide d'un code PIN. Carte bleue, cartes de fidélité, coupons de réduction, on peut additionner les sources Google Wallet. Si votre banque n'est pas partenaire du système, on peut aussi recharger son porte-monnaie numérique à l'avance et s'en servir comme une carte prépayée.

Lorsque l'on veut régler un achat, il suffit d'ouvrir l'application Wallet et de s'authentifier, puis de passer le téléphone au-dessus d'une borne NFC pour autoriser la transaction. Plusieurs choses peuvent alors se dérouler en même temps : le paiement bien sûr, mais aussi l'application d'une réduction permanente (carte de fidélité) ou ponctuelle (coupon de réduction). Le ticket correspondant à la transaction sera automatiquement transféré sur le téléphone.

Le système se veut sécurisé : ne fonctionnant que si l'application est ouverte et autorisée sur le téléphone, Wallet peut être désactivé à distance si le téléphone est perdu ou volé. Une puce de chiffrement matériel évite, ou du moins retarde, l'extraction des données sensibles.


Un point de paiement sans contact affichant un coupon de réduction ponctuel.

Google va financer Wallet grâce à Offers, un système d'offres publicitaires sur lequel il percevra une commission. Là encore, le principe n'est pas nouveau, mais il va être systématisé : vous cherchez un restaurant dans le coin avec votre téléphone, celui-ci pourra vous proposer des résultats sponsorisés, des restaurants vous offrant une réduction contre l'utilisation de Google Wallet. L'historique des transactions sera utilisé pour affiner vos goûts.


Coupons de réduction stockés dans Google Wallet.

Le système va être expérimenté dans un premier temps à San Francisco et New York, avant d'être étendu aux États-Unis dans le courant de l'été. La portée de l'expérience sera mineure : il faudra posséder un Nexus S chez Sprint, un compte en banque chez Citi et une carte MasterCard (Visa met en avant son propre système, compatible iPhone, lire : Visa teste l'iPhone comme porte-monnaie NFC en Europe). Les chaînes partenaires (Subway, Macy, American Eagle Outfitters, Walgreens, The Container Store) devront s'équiper en systèmes compatibles (Vivotech et Ingenico).

Alors qu'Apple travaillerait sur un système similaire, toute la question va être de savoir si en présence d'un iPhone NFC, Google porterait son application sur iOS, et si Apple laisserait faire. La firme de Mountain View ne peut pas se permettre d'ignorer l'iPhone, et Apple pourrait avoir à rejoindre l'écosystème de Google, qui a l'avantage d'avoir tiré en premier dans un domaine qu'elle connaît bien.

Google Wallet rencontre cependant déjà ses premières résistances : PayPal et eBay ont porté plainte contre Google, arguant que la firme de Mountain View aurait dévoilé certains de leurs secrets industriels avec Wallet. PayPal travaillerait depuis trois ans sur un système similaire utilisant Android, mais Google aurait recruté Osama Bedier, le négociateur n°1 de PayPal et maintenant chef du projet Wallet, pour construire son propre système. Bref, les prochains mois vont être décisifs pour le domaine du paiement NFC.

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