John Carmack : « Dans deux ans, les téléphones seront loin devant la PlayStation Vita »

Arnaud de la Grandière |

Si Sony a frappé un grand coup à l'E3 en présentant la PlayStation Vita, sa nouvelle console portable ultra-puissante, pour John Carmack il ne s'agit là que d'un petit jeu de saute-mouton qui finira par lui être défavorable. La raison en est presque mécanique : le cycle de vie des consoles est bien plus long que celui des téléphones. Alors que les téléphones sont mis à jour chaque année (avec des sauts de puce d'un constructeur à l'autre mois après mois), les consoles vont à un train de sénateur. Si l'on suit la progression des consoles portables de Sony et leurs diverses itérations, la PSP première du nom fut initialement mise sur le marché en 2004, une version "slim & lite" est arrivée en 2007, une autre avec un meilleur écran et un microphone intégré en 2008, et la PSP Go en 2009. On retrouve bien des améliorations annuelles, mais aucunement d'ordre "générationnel" : les capacités matérielles en sont restées à celle de la PSP de 2004, afin de ne pas rompre la compatibilité ascendante. Si la PlayStation Vita demeurera compatible avec la logithèque des modèles antérieurs, elle est la première depuis 2004 à induire une rupture pour les titres qui lui seront exclusivement dédiés.

Un détail dont les téléphones ne s'embarrassent guère, les fabricants, Apple en tête, ne rechignant pas à faire table rase du passé et rendre obsolescent les modèles antérieurs à marche forcée (avec une marge de 3 ans pour Apple), sans compter que nombre d'applications qui sortent pour les nouveaux modèles ne s'encombrent pas toujours d'une compatibilité avec les anciens, parfois pour des raisons purement logistiques : une application dont le concept même s'appuie sur le gyromètre ou la caméra frontale, par exemple, ne peut tout simplement pas fonctionner sur des modèles qui ne les incluent pas.

Pour John Carmack, la PlayStation Vita ne bénéficiera pas longtemps de son avantage : « Ils ont fait en sorte qu'on programme pour elle comme pour une console, donc ça semblera deux fois plus puissant que sur un smartphone doté des mêmes composants. Mais bien sûr, d'ici à ce qu'ils la livrent, il pourra y avoir des smartphones ou des tablettes avec deux fois plus de puissance que [celle de la PS Vita]. Et un an ou deux après ça, elle aura l'air de ramer. »

Cependant, le rythme des consoles peut tout autant être vu comme un avantage : il assied la pérennité des plateformes sur lesquelles les développeurs peuvent s'investir sur le long terme, et pour lesquelles mettre en place des projets ambitieux. On a plus de difficulté à imaginer un titre dont le développement nécessiterait deux ans de travail sur les smartphones, à moins d'un portage en provenance d'une plateforme plus stable.

Source : GameSpot

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