Le marché de la musique enregistrée recule, mais les pirates dépensent plus

Anthony Nelzin-Santos |

Selon le Syndicat national de l'édition phonographique (SNEP), le marché de la musique enregistré a enregistré une baisse de 9,3 % sur les trois premiers trimestres 2009 par rapport à la même période en 2008, à 347 millions d'euros. Selon son directeur général, David El Sayegh, il faut cependant « rester prudent et attendre le dernier trimestre », beaucoup de sorties ayant été repoussées au quatrième trimestre.

Photo (cc) Franck Taillandier

C'est le marché physique qui recule une nouvelle fois : après une chute de 19,6 % en 2008, celui-ci recule de 11,4 % sur les 9 premiers mois de 2009. Mais surprise, après une progression massive de 52 % à la même période en 2008, le marché de la musique numérique stagne désormais, avec un progression de seulement 3,5 %.
Pour le marché physique, qui représente encore 291,7 millions d'euros, si la variété française et le classique chutent (respectivement -21 % et -11 %), la variété internationale progresse de 5,6 %. Pour le marché du numérique, qui compte pour 55,3 millions d'euros, les revenus de téléchargement sur Internet ont augmenté de 47 % à 27 millions d'euros, aidés par une progression des ventes d'albums et de titres à l'unité. Le revenu des téléchargements sur mobile recule de 39 %, mais il est vrai que les revenus générés par l'iPhone, par exemple, sont comptabilisés parmi les téléchargements Internet.

En Grande-Bretagne, une étude montre, quant à elle, que ceux qui piratent de la musique de manière illégale sur Internet dépensent en moyenne le double de ceux qui ne piratent pas : 85 euros par an pour les « pirates », contre 49 euros par an pour les autres.

Si 21 % des 1.000 personnes interrogées ignorent jusqu'à l'existence du pionnier Napster, 9 % utilisent Spotify, même si la plupart d'entre eux ne font qu'utiliser la version gratuite. L'étude du SNEP confirme que la tendance est au streaming, dont les revenus ont été multipliés par trois, à 6,8 millions d'euros : « aujourd'hui, la part cumulée du streaming et des abonnements est très proche de celle de la téléphone mobile, avec respectivement 25 % et 26 % ».

En plein débat qui rappelle l'HADOPi français, 75 % des adolescents anglais se disent prêts à payer pour de la musique, mais à condition que le prix ne dépasse pas les 50 centimes d'euros. La conclusion de l'étude, qui s'applique sans doute de manière universelle, est sans appel : « les politiques et l'industrie de la musique doivent accepter que la nature de la consommation de la musique à changé [NdA : l'étude de la SNEP le montre de manière flagrante] et que les consommateurs exigent des prix plus bas et un accès plus simple à la musique ».

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