Foxconn : l'enquête sur les pots-de-vin autour de l’iPhone s'accélère

François Tsunamida |

Les forces de police taïwanaises entendraient ou auraient arrêté 12 cadres supérieurs de Hon Hai Precision Industry (ou Foxconn Technology) en exercice ou à la retraite. Parmi les personnes concernées se trouvent aussi des fournisseurs, raconte le China Times qui a révélé l’information hier, avant d’être repris par différents médias locaux et chinois.

Le groupe d’employés véreux imposait aux sous-traitants à qui Foxconn passait commande, de verser des pots-de-vin. Ils s'élevaient à 2,5 % ou 3 % du montant de ces commandes, relatives à des composants ou pièces détachées destinées aux lignes de fabrication de l’iPhone. Une partie des sociétés impliquées dans ces dessous de table seraient des sous-traitants chinois ainsi que de grosses compagnies coréennes (Samsung) ou japonaises (Panasonic et Sony notamment). Ces accords illégaux dureraient depuis des années et pourraient avoir eu comme conséquences de gonfler artificiellement - bien que légèrement - le prix de l’iPhone facturé par Hon Hai Precision Industry à Apple.

L’instigateur de cette malversation est identifié comme étant le vice-président senior de Hon Hai Precision Industry, Liao Wan-cheng, actuellement à la retraite. Selon un article de Next Magazine, le système reposait sur les achats passés par le comité des technologies « composants montés en surface » ou Surface Mount Technology (SMT). C'est le nom que l’on donne à des techniques découvertes initialement par IBM dans les années soixante et permettant de produire plus économiquement des composants et cartes-mères.

Liao Wan-cheng

Ce comité avait un pouvoir et une autonomie très importants chez Foxconn. C’est lui qui validait les technologies, notamment pour les machines-outils. Non seulement il choisissait les technologies et les machines pour les usines du groupe, mais c’était également lui qui assurait leurs acquisitions.

La police mène ses investigations depuis plus d’un an. Deng Zhixian ou Chih-hsien (si l’on préfère le Taïwanais), responsable du comité SMT de Foxconn, a été arrêté en septembre dernier par la police de Chine populaire de Shenzen. À la suite de cette arrestation, Liao aurait embarqué précipitamment pour Taiwan sans que les forces de police chinoises du continent ne l’en empêchent.

Mais le 19 janvier, une série de descentes étaient organisées pour interroger les différents cadres soupçonnés de malversations, dont Chen Chuan, un autre cadre supérieur. Hau Shi-kung, un fournisseur du groupe Hon Hai Precision, aurait été également arrêté par la police de Taiwan. Deng est retourné à Taiwan, et a été libéré en échange d’une caution, et ne peut quitter son domicile. Pour la petite histoire, Liao Wang-cheng, initiateur supposé de la magouille, se serait enfui de l’hôpital où il avait été soigné mardi matin, apprenant que la justice était à sa recherche. Le lendemain, il se rendait à la Police et a été depuis emprisonné.

L’ex-responsable du département Engineering de Hon Hai Precision Industry, Yu Chi-an, a été relâché contre le paiement d’une caution après avoir été entendu, de même qu’un autre cadre exécutif, Chen Chih-chuan.

Pour le moment, on ne sait si l’enquête va tenter de remonter les fils et si d’autres hauts dirigeants de Hon Hai Precision Industry/Foxconn risquent d’avoir quelques soucis. Vu le poids économique de Hon Hai Precision, le gouvernement taiwanais veut certainement éviter toute précipitation et dommages collatéraux.

Les dessous de table auraient été versés à l’étranger sur des comptes bancaires appartenant à des entreprises « bidons » et une partie, rapatriée discrètement vers l’île par la suite. Next Magazine a publié le chiffre de 15 milliards de nouveaux dollars de Taiwan(TWD), soit environ 363 millions d’euros.

La porte-parole de Foxconn Technology, Liu Kun, a reconnu qu’une partie des employés et des fournisseurs de Hon Hai Precision Industry étaient actuellement entendus par la justice.

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