Quel avenir pour Bouygues Telecom ?

Christophe Laporte |

Après une bataille épique qui a duré de longues semaines, c’est finalement Altice qui a raflé la mise et qui absorbera SFR (lire : SFR : Vivendi retient Altice/Numericable et explique son choix). Comme le soulignait le communiqué de presse de Vivendi, le montage de l’opération devrait représenter une valeur totale supérieure à 17 milliards d’euros.

Dans cette affaire, il faut souligner l’habileté de Jean-René Fourtou. Bien aidé par le comportement de Bouygues à ne jamais s’avouer vaincu, le président du conseil de surveillance de Vivendi a réussi à faire monter les enchères à un niveau peut-être inespéré.

Dans un entretien donné au journal Les Échos, Jean-René Fourtou répète que c’est « la faisabilité de l’opération » avec Bouygues qui a été fatale à ce dernier :

« Un rapprochement avec Bouygues aurait créé un groupe avec 47% de part de marché en valeur dans le mobile, ce qui était intenable au plan de la concurrence. Le régulateur aurait demandé des remèdes très importants afin de rééquilibrer le marché. La proposition de Bouygues de vendre son réseau mobile et des fréquences à Free allait dans le bon sens, mais il aurait probablement fallu aussi céder des clients. Par conséquent, dans le cas d’un mariage entre Bouygues et SFR, on se serait retrouvé avec une société en décroissance face à un concurrent surarmé, Free. Les risques d’exécution d’un tel projet étaient vraiment trop importants. »

Maintenant que le mariage entre SFR et Numericable est désormais acté, cette opération pourrait engendrer de nouvelles secousses dans le secteur des télécoms. Si dans un court communiqué de presse, le groupe de Martin Bouygues a pris acte de cette décision tout en précisant en filigrane que son offre était meilleure que celle de son concurrent, des représailles ne sont pas à exclure.

Bouygues : une union impossible avec Free ?

On prête de nombreuses intentions au numéro trois de la téléphonie mobile, comme celle d’abandonner son accord de mutualisation avec SFR (lire : Bouygues Telecom et SFR mutualisent une partie de leur réseau). Jean-René Fourtou a précisé aux Échos que la cession de SFR n’était pas un motif de rupture dudit contrat.

On prête également à Bouygues l’intention de porter l’affaire sur le front de la justice. Non pas pour rafler la mise avec SFR, mais pour faire en sorte que la fusion SFR / Numericable prenne le plus de temps possible afin de pénaliser le plus possible la nouvelle entité. Il se dit également que Bouygues réfléchirait à arrêter de sous-louer la fibre de Numericable. Rappelons que le numéro trois de la téléphonie mobile utilise le réseau de son concurrent pour ses offres BBox Sensation Fibre.

Mais si vous avez aimé « ce mariage à trois », alors vous allez peut-être bien adorer le nouveau feuilleton qui devrait s’ouvrir dans les prochaines semaines, celui d’un amour impossible entre un châtelain et un romanichel. D’après Le Figaro, Free aurait d’ores et déjà fait une offre pour absorber Bouygues Telecom. Le groupe Iliad aurait fait ce week-end une offre de 5 milliards d’euros quand sa bien-aimée en demanderait 8. Les deux parties ont démenti ces informations.

En attendant, les marchés boursiers n’ont pas tardé à prendre acte des décisions de ce week-end. L’action Numericable prend 14 % quand celles d’Iliad et Bouygues reculent toutes deux de près de 6 %.

Photo kei-ai CC

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