RIM : QNX remplacera BlackBerry OS

Anthony Nelzin-Santos |

Le co-PDG de RIM Make Lazaridis a eu l'occasion de faire le point sur le futur de sa société lors d'une intervention chaotique à la conférence D:Dive Into Mobile où il n'a pas toujours réussi à se faire comprendre. On y a néanmoins appris que BlackBerry OS était amené à disparaître des smartphones de RIM, au profit de QNX.

Comme Torch ou Dataviz, QNX est issu des recherches de l'Université de Waterloo, voisine des bureaux de RIM. Ce système d'exploitation temps réel (RTOS) dont RIM a fait l'acquisition est largement employé dans le monde de l'entreprise, notamment dans des systèmes embarqués (routeurs, trains et avions, équipement hospitalier…).

RIM a utilisé QNX pour sa tablette, le PlayBook. On peut donc écrire des applications natives POSIX avec accès à OpenGL (pour les jeux ou les applications ayant besoin de puissance graphique), mais la société canadienne fournit aussi des outils pour créer des applications Adobe AIR, Flash ou HTML+JavaScript, un moyen d'attirer un maximum de développeurs et de s'intégrer dans un maximum d'environnements (lire : Jim Balsillie : le Web n'a pas besoin d'applications).

La démonstration du PlayBook faite par Lazaridis est à vrai dire plutôt à l'honneur de RIM. Le système semble réactif, y compris sur des applications Flash complexes et la métaphore choisie pour le multitâche est à mi-chemin entre les cartes de Palm webOS et les applications en plein écran de Mac OS X Lion. Sur le papier donc, RIM s'offre une belle carte, première impression vague qu'il faudra confirmer PlayBook en main, au premier trimestre 2011 si Lazaridis tient parole.

Les animateurs de la D:Dive Into Mobile, Walt Mossberg et Kara Swisher, ont d'ailleurs remarqué que QNX était d'une toute autre trempe que BlackBerry OS, et semblait mieux armé pour se battre contre iOS ou Android. C'est un Lazaridis sur la défensive qui a fini par confirmer que BlackBerry OS était amené à disparaître au profit de QNX, mais pas avant que les processeurs ARM à double cœur soient suffisamment économes pour les smartphones.

Lazaridis devient incohérent lorsqu'on lui demande quelle est aujourd'hui la cible de RIM. La société canadienne a une place historique dans le monde de l'entreprise, mais concentre aujourd'hui sa communication sur le grand public, relais de croissance indispensable. Un système RTOS comme QNX est fait pour séduire le monde de l'entreprise, mais son interface élégante ne la limite pas aux bureaux. La communication autour des BlackBerry est à destination du grand public, mais BlackBerry OS 6 n'a fondamentalement pas changé les capacités multimédia (faibles) des smartphones de RIM, qui souffre d'un catalogue limité d'applications. Les choses ne sont pas claires, et les hésitations du co-PDG de RIM ne facilitent pas la compréhension de la stratégie de la firme de Waterloo.

RIM semble donc pris entre deux feux, d'un OS vieillissant à peine remis au goût du jour par un lifting à un OS prometteur, du marché de l'entreprise à celui du grand public. Une situation qui n'est pas sans rappeler celle de Palm il y a quelques années, et qui pourrait coûter cher à la société canadienne, qui certes continue à dominer le marché du smartphone, mais est assaillie de toutes parts par Apple et Google. QNX permettra-t-il à RIM de sortir la tête de l'eau ? Seul le temps le dira…

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