Une tech plus verte : comment Green_e veut fabriquer des câbles made for iPhone et made in France

Anthony Nelzin-Santos |

Faisons un détour dans cette série. Pas seulement par Rennes, où Guillaume Bensi dirige Green_e. Après avoir visité des data centers, observé le déploiement des réseaux de télécommunication, et discuté des vertus de la location de smartphones, fouillons maintenant… mon sac de câbles. Au milieu des câbles Lightning et USB-C encore emballés, emmêlés avec des antiquités terminées par des connecteurs SCSI et ADB, des dizaines de fils cassés portent les marques d’une intense frustration. C’est ce que veut changer Green_e, qui ambitionne de fabriquer des câbles plus durables en France, à partir des restes recyclés d’autres câbles.

Lorsque la COP 21 ouvre ses portes, en 2015, Guillaume Bensi a déjà engrangé plus de dix ans d’expérience dans la conception des accessoires pour appareils électroniques. « Je me suis rendu compte que nos matériaux n’étaient pas recyclés ni recyclables », explique-t-il, « j’ai décidé de recruter un spécialiste de l’écoconception et nous avons commencé à travailler sur nos premiers câbles et chargeurs ». Green_e était née.

Un câble et un chargeur Green_e. Image iGeneration.

Qu’est-ce qu’un câble « éco-conçu » ? « Pour commencer, c’est un câble qui n’utilise pas de PVC », déclare Guillaume Bensi, « un matériau vraiment pas cher, mais vraiment pas écologique ». Les polymères thermoplastiques ramollissent lorsqu’ils sont chauffés et durcissent en conservant leur forme lorsqu’ils refroidissent, une faculté réversible qui autorise leur recyclage. En améliorant sa résistance aux ultraviolets et à la chaleur, les additifs altèrent les propriétés thermoplastiques du PVC, plus difficilement recyclable.

« Au moment même où il quitte l’usine, un câble en PVC devient un déchet », déplore le fondateur de Green_e en forçant le trait. L’accessoiriste préfère les élastomères thermoplastiques (TPE), « des plastiques sans oxygène, et donc naturellement retardateurs de flammes, sans additif ». Ces matériaux sont plus couteux, mais peuvent être moulés comme les autres thermoplastiques, et sont plus facilement recyclables que les autres élastomères.

Or les fabricants ont tout intérêt à jouer la carte du recyclage : « le TPE recyclé coute 30 à 40 % moins cher que le TPE vierge, puisqu’il suffit de broyer les objets en paillettes, qui vont entrer dans la composition de nouveaux objets ». La filière de recyclage se structure, et les parechocs deviennent des arrosoirs, les semelles de chaussures deviennent des stylos… « Le matériau recyclé se comporte comme le matériau vierge », ajoute Guillaume Bensi.

La souplesse du TPE offre un avantage décisif dans la conception des câbles : « un câble en TPE peut résister entre 8 000 et 10 000 torsions », explique le fondateur de Green_e, deux fois plus que son équivalent en PVC. La conception compte autant, si ce n’est plus, que les caractéristiques mécaniques des matériaux : « nous avons alvéolé l’intérieur du connecteur, pour favoriser la torsion mais prévenir la casse, éviter que les fils ne se touchent ou que le connecteur ne se rompe ».

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