Projet Goliath : l'industrie du cinéma contre Google

Mickaël Bazoge |

Les majors de l'industrie du cinéma en ont toujours après Google, à qui elles reprochent de continuer à lister des liens vers des fichiers piratés (le moteur de recherche a pourtant déréférencé 220 millions de pages web sur le sujet). Plusieurs initiatives ont déjà été mises sur pied, comme SOPA (Stop Online Piracy Act), un projet de loi déposé en 2011 qui n'a finalement jamais été voté en raison de l'opposition continue des fournisseurs d'accès et de la mobilisation de leurs utilisateurs. La fuite en masse des documents de Sony suite à un piratage des serveurs du groupe n'a pas seulement permis de lever un coin du voile sur les coulisses crapoteuses du film sur Steve Jobs (lire : Le making-of houleux du prochain biopic sur Steve Jobs); elle révèle aussi la volonté renouvelée de l'industrie de mettre un terme au piratage de leurs œuvres en utilisant des techniques de blocage de sites, tout en jetant l'opprobre judiciaire Google.

Le moteur de recherche n'est jamais nommément cité dans l'abondante correspondance entre les six principales majors du cinéma et la MPAA (qui défend leurs intérêts), mais le nom de code de cette entreprise, Goliath, ainsi que plusieurs mentions de Google dans les courriels ne laissent planer que peu de doutes sur l'identité de la « cible ». Derrière ce projet Goliath se cache une boîte à outils autant juridiques que techniques visant tout d'abord à bloquer l'accès aux sites web hébergeants les fichiers piratés. Ce blocage est un moyen qui justifie la fin, écrit en substance Steven Fabrizio, l'avocat général de la MPAA.

Il faut également batailler contre la source principale qui permet aux téléchargeurs d'alimenter leurs disques durs, le fameux Goliath. Pour ce faire, les majors veulent jouer la carte du lobbying, en multipliant les rencontres avec les procureurs généraux des États-Unis (un budget de 500 000$ est évoqué pour cette opération de pression) et en leur présentant les preuves des malversations supposées de « Goliath » (50 000$ de budget pour une enquête sur le sujet). L'objectif est de pousser les procureurs à lancer des actions judiciaires contre ce qui-vous-savez.

La publicité autour de ce projet Goliath va-t-elle y mettre un terme ? Rien n'est moins sûr, car même si l'initiative a été divulguée, l'industrie du cinéma a toute latitude pour en poursuivre le développement.

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