Finalement, le FBI apprécie Apple

Mickaël Bazoge |

De loin, on peut penser que les relations entre Apple et le FBI sont exécrables. Et il est vrai que des déclarations récentes de plusieurs grands pontes du Bureau ont laissé cette impression (lire : FBI : Apple, ce « génie du mal » plein de « gens détestables »). Mais ça, c'est le discours en haut lieu. Sur le terrain, les choses sont normalisées et mieux encore (pour le FBI), Apple n'hésite pas à mettre la main à la pâte pour donner un coup de main.

John Bennett.

John Bennett, le patron de la division californienne du FBI, est en contact continu avec Apple. Il était une des figures les plus importantes pendant l'enquête sur l'attentat de San Bernardino, début 2016. Installé à San Francisco, il est aujourd'hui l'interlocuteur et la cheville ouvrière entre la Silicon Valley et les troupes de Quantico (Virginie), là où le FBI tente de faire cracher leur Valda aux appareils électroniques en tout genre.

Bennett a évoqué pour Forbes la teneur de la relation que lui et ses troupes entretiennent avec Apple. On apprend que le constructeur assure des formations (gratuites) aux experts enquêteurs. « On programme quelque chose, [Apple] vient dans nos bâtiments et nous amenons des gens de tout le pays pour travailler avec eux ». Ces formations sont offertes aux fins limiers du FBI, mais aussi à toutes les forces de police qui en auraient besoin.

Apple forme aussi des policiers locaux et régionaux qui, parfois, ne sont pas des spécialistes aguerris de la chose informatique. Il y a eu par exemple ce service qui a tout simplement imprimé 15 000 pages d'un fichier envoyé par Apple, alors que ce document aurait dû être traité numériquement… Le programme de formation comprend les derniers changements apportés à iOS et macOS qui peuvent avoir un impact sur des enquêtes, ou encore des informations sur les processus à mettre en œuvre pour obtenir des données stockées sur iCloud, sur un Mac ou un iPhone.

Christopher A. Wray, le patron du FBI.

« Nous avons de très bonnes relations avec eux [Apple], d'une perspective locale et aussi sur les produits. Et aussi pour savoir ce qu'ils font d'un point de vue ingénierie », explique John Bennett. La relation ne va d'ailleurs pas que dans un seul sens. « Nous avons des rendez-vous avec Apple, et ce n'est pas qu'une grande entreprise, ce sont aussi des victimes ». Il n'est pas rare que des employés du groupe appellent les antennes locales du FBI quand ils en ont besoin.

Ces bonnes relations ne signifient pas pour autant que tout va pour le mieux entre Apple et le FBI. L'an dernier, les enquêteurs avaient demandé l'aide du constructeur dans le cadre d'une tuerie au Texas… mais trop tard. « Beaucoup de gens ont fait beaucoup de bruit en disant que tout le monde était en guerre contre tout le monde… », indique Bennett pour décrire l'ambiance après San Bernardino.

« Nous avons beaucoup de respect pour Apple », corrige-t-il, même s'il apprécie modérément l'investissement du constructeur dans le renforcement des mesures de sécurité et de protection de la confidentialité. Il comprend toutefois l'approche de Cupertino. En bout de course, tout est question d'équilibre entre la sécurité et la vie privée. « Nous ne sommes pas ici pour dire que l'une est meilleure que l'autre ».

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avatar tbr | 

Le FBI est schizophrène : double côté quelques cerveaux près à mieux connaître le code pour mieux le décoder... et de l’autre, des trous du cul pour lesquels un écran, du chiffrage, un clavier... sont le pire de tout.

Malheureusement, à la fin, ce sont toujours les trous du cul qui (nous) gouvernent.

avatar tbr | 

FBI = double jeu, double détente ?

avatar reborn | 

C’est de la politique quoi, rien de neuf

D’où le "double jeu"

avatar joelpince | 

Tant que nous ne faisons rien d’illégal, il n’y a aucune raison de s’en inquiéter. Si un jour ce devaient être les États qui entreraient dans l’illégalité (situation de guerre, de coup d’Etat...), la meilleure solution serait de ranger les smartphones dans les placards et de ressortir les vieux téléphones classiques sans gps... idem pour les ordinateurs...

avatar SyMich | 

Ce que beaucoup ne comprennent pas c'est que si on donne les moyens au FBI où à n'importe quelle agence gouvernementale d'entrer sur nos smartphones, alors tous les malandrins de la terre le pourront également !

Il suffit pour s'en convaincre de se rappeler les multiples cas de "perte" par la NSA ou la CIA de leurs outils de hacking qui sont désormais en libre accès sur le Net et qui ont permis diverses attaques majeures ces dernières années.

avatar zoubi2 | 

@SyMich

"alors tous les malandrins de la terre..."

Depuis peu, on ne dit plus "malandrin", on dit "tire-laine" :-)

avatar MarcMame | 

OSBLC nan ?

avatar debione | 

Ah tient! Il y aurait donc double discours? Celui pour la presse et le bien être de la puissance industrielle américaine et l'autre celui du patriot act? Toujours marrant que de penser que les patrons des GAFA ne sont pas ultra proche du pouvoir... Et que l'intérêt USA first n'est pas présent au plus haut point chez ces fervents patriotes!

avatar raf30 | 

Double jeu de la part d'Apple. Mise en scene, story telling sur le refus d'Apple de ne pas déverrouiller d'iPhones et puis en faite, le FBI remercie Apple de sa bonne coopération et sa collaboration étroite...pfff

avatar XiliX | 

@raf30
"Mise en scene, story telling sur le refus d'Apple de ne pas déverrouiller d'iPhones et puis en faite, le FBI remercie Apple de sa bonne coopération et sa collaboration étroite...pfff"

Le refus d'Apple concerne la création d'un backdoor.
Apple n'a jamais refusé d'aider la justice lorsque la demande est légale sur le plan juridique

avatar debione | 

Ben c'est compréhensible aussi, ils connaissaient bien les backdoors de bas niveau...
Pourquoi demander une backdoor dans l'os alors que celle ci existe déjà dans le hardware utilisée par Apple? Pourquoi demande une backdoors alors que tout ce qui circule dans le cloud doit être lisible par les services de sécurité? Ils ont pondu un patriot act, c'est pas pour rien...

avatar pagaupa | 

Encore une affaire pas claire!
Il faudrait savoir une fois pour toutes si nos téléphones sont "perquisitionnables" ou pas.
Quant au backdoor, pour une fois je suis d'accord avec Apple.
Solution: banissez déjà le cloud si vous avez des trucs à cacher et si vous voulez garder vos données perso. Banissez internet, smartphones et assistants en tous genres.
On est déjà assez fhichés comme ça.

avatar ijimax | 

@pagaupa

Et aussi :
Ne plus jamais allumer la télé,
Détruire nos cartes de paiement et nos passes Navigo,
Ne payer qu’en cash en prenant soin de ne jamais retirer au compte goutte pour minimiser les passages en agence ou aux ATM,
Ne jamais utiliser de cartes de fidélité...
Ne jamais se connecter au PSN...
Ne pas être malade pour minimiser les contacts avec la Sécu...

J’abandonne il y aurait trop à faire

avatar debione | 

Très marrant... Ce que tu décris sous un couvert de voilà ce qu'il faudrait faire donc on est pas rendu est exactement ce que je fais.
Pas de télé
Payement un maximum en cash, et utiliser les DAB de ma banque pour exclure les frais
Aucune carte de fidélité
Et quand je suis malade, ben je reste au lit avec une bonne tisane, je vais pas voir le toubib pour 39 de fièvre, ou une grippe ou une gastro...

Le plus rigolo étant que cela ne me demande aucune réflexion et aucun effort, j'essaye juste d'être en adéquation avec ma philosophie de vie...

avatar iwizzz | 

"Faire cracher leur Valda aux appareils électroniques"
? ne changez rien monsieur Bazoge, c'est un plaisir !

avatar Dwigt | 

Pas la peine de parler de complot ou de double discours. Le FBI, c'est 35 000 employés différents, et tout le monde ne reçoit pas les mêmes mémos en même temps.

Certes, les dirigeants du FBI souhaiteraient une collaboration au plus haut niveau de la part d'Apple, et notamment des dispositifs pour récupérer le contenu des appareils appartenant à des suspects dans des affaires majeures. Il ne faut pas non plus oublier que ces dirigeants ont généralement une formation en droit, pas en sécurité informatique, et ça se voit, vu leur aveuglement sur les portes dérobées.

Et, à côté, il y a les agents de terrain et autres employés de base, qui ne sont d'ailleurs souvent pas au courant des consignes, et qu'Apple forme en espérant que les quelques manipulations qu'ils leur apprennent (comme le fait d'intervenir dans les 48 heures) permettront d'éviter la plupart des injonctions en justice faites par les dirigeants du FBI.

C'était certainement important pour Apple de montrer qu'ils ne sont pas en conflit ouvert avec les autorités et qu'ils coopèrent largement, mais qu'ils respectent néanmoins les limites qu'ils se sont fixées.

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