Coronavirus : Singapour envisage d’équiper tous ses citoyens d’un traqueur

Nicolas Furno |

Dans le cadre de la lutte contre la COVID-19, Singapour développe actuellement un objet physique pour suivre la progression de la maladie. Cette initiative rapportée par Reuters fait suite à l’échec de TraceTogether, l’une des premières apps de suivi qui a été installée par environ 1,5 millions d’utilisateurs, mais qui a souffert des limitations d’iOS et d’Android avec le Bluetooth.

Dans les rues de Singapour, le 3 juin 2020 (image Reuters).

Plutôt que d’utiliser l’API créée spécialement par Apple et Google, le gouvernement privilégierait cette voie alternative du traqueur physique. L’appareil ne dépendrait plus d’un smartphone et pourrait ainsi être porté par l’intégralité de la population, soit 5,7 millions de personnes. On n’en est pas encore là, Reuters indique que la technologie utilisée n’est pas encore déterminée et Singapour ne parle pas encore d’une utilisation obligatoire. Pour le moment, c’est une expérimentation qui va être lancée avec une partie de la population, avant une éventuelle généralisation.

En France, le gouvernement avait parlé d’un objet physique pour accompagner l’app StopCovid, disponible depuis le début de la semaine. Withings fait partie des entreprises qui ont participé à la mise au point du projet et le constructeur a réussi à intégrer le protocole ROBERT utilisé en France dans l’une de ses montres. Cette démonstration technique ne signifie pas qu’un tel produit sera rapidement déployé, Cédric O indiquait qu’il ne fallait rien attendre avant juillet ou août, au mieux.

Et même alors, la population française dix fois plus importante que celle de Singapour empêchera probablement tout déploiement systématique.

avatar Amnesiak | 

> Ah bon, on est plus humain en allant parler à nos parents et grand parents et leur refiler au passage ce qui risque bien plus de les tuer, eux, que vous ?

L'humanité c'est se parler, se toucher, s'embrasser. VOIR des visages. Se regrouper. Ce n'est pas la dystopie numérique dans laquelle chacun vit dans sa bulle stérile et communique uniquement de manière électronique.
C'était humain de laisser les gens crever seuls sans visite à l'hôpital ? D'isoler les vieux dans leurs chambres ?

> Ce que vous observez ce sont les dégâts *avec* un confinement massif dans le monde.
Vous ignorez tout de l'ampleur des dégâts sans cela, et y'a guère de preuve qu'ils seraient similaires ou carrément moindres.

Exactement. Il y a zéro preuve que le confinement qui a été pratiqué a eu plus d'impact positif que négatif. Les épidémiologistes qui font des prévision le font avec autant de bonheur que les météorologistes d'il y a un siècle. On a vu que les prévisions cataclysmiques du King's College étaient complètement hors de proportion avec la réalité. Et on voit que les courbes de propagation de l'épidémie sont semblables dans tous les pays quelle que soit la stratégie employée. Donc peut-être qu'il y aurait eu plus de morts, mais personne ne le sait, et surtout personne ne sait de quel ordre de grandeur aurait été la différence.

> Oh mais on comprends. C'est toujours douloureux d'accepter que votre mode de vie puisse être menacé par l'environnement dans lequel elle a lieu, votre vie.

Il y a une grande différence entre des contraintes environnementales, extérieures, qui concernent le confort matériel (finalement peu important), et des contraintes politiques et policières, décidées par l'homme (ce n'est pas le coronavirus qui a décidé le confinement !) et qui menacent des choses beaucoup plus profondes que le confort matériel (la liberté, les relations humaines... c'est quand même transcendental).

Ce n'est pas une question d'égoïsme contre altruisme.

avatar byte_order | 

@Amnesiak
> L'humanité c'est se parler, se toucher, s'embrasser. VOIR des visages. Se regrouper.

C'est aussi se regrouper pour se protéger ensemble des menaces, en agissant ensemble.

> C'était humain de laisser les gens crever seuls sans visite à l'hôpital ?

J'ai pas trouvé cela très humain, en effet, je vous l'accorde.
Et je ne vous parle pas de l'impossibilité de voir le corps du défunt, pour faire son deuil...

> Il y a zéro preuve que le confinement qui a été pratiqué a eu plus d'impact
> positif que négatif.

Alors ne faites pas comme s'il était forcément négatif.

> Les épidémiologistes qui font des prévision le font avec autant de bonheur
> que les météorologistes d'il y a un siècle

N'importe quoi.
On a des expériences de gestion d'épidémies depuis bien plus longtemps que des modèles météo !
Le principe de quarantaine est multi-millénaire, et a prouvé son efficacité contre les contagions depuis très longtemps.

> On a vu que les prévisions cataclysmiques du King's College étaient complètement
> hors de proportion avec la réalité

La réalité observable est celle avec un confinement généralisé. Leurs prévisions étaient sans confinement.

> Et on voit que les courbes de propagation de l'épidémie sont semblables dans tous les pays
> quelle que soit la stratégie employée.

Qui est a peu près la même dans une immense majorité des pays. Gestes barrières, confinements plus ou moins généralisé, etc.
Faudrait pouvoir comparer avec un pays autant traversé par le virus que d'autres pays comparables mais qui n'aurait rien mis en place du tout. Là on pourrait savoir. La Suède a essayé. Pas brillant.

> qui concernent le confort matériel

Non, cela va devenir une question de survie pour certains.

> la liberté, les relations humaines... c'est quand même transcendental

Pas autant que la survie, non.
La survie vient avant la qualité de vie.
Des malades sont en mode survie.
Ca prime sur le reste.

avatar gwen | 

@Amnesiak

"L'humanité c'est se parler, se toucher, s'embrasser. "

Je suis assez d’accord sur la teneur de tes propos que je comprends. Néanmoins, cette vision du touché est très latine. En Asie par exemple il est malvenu de toucher les gens à tout bout de champ.

Or, l’humanité pourrait très bien vivre sans se faire la bise, sans se serrer la main. En se tenant à bonne distance les un des autres tout en continuant de vivre sans contraintes comme le port d’un masque.

Ce besoin de se toucher ma toujours semblé étrange. Même quand il n’y avait pas de pandémie. Il y a quand même en permanence des microbes qui circulent comme ça ou juste des mains sales que je n’ai pas forcément envie de rencontrer.

avatar cuco | 

L’humanité peut-être, mais moi non...

avatar Amnesiak | 

> A part participer à un mécanisme de solidarité, y'a pas grand chose pour éviter d'être un jour inévitablement le sacrifié de l’égoïsme des autres.

On peut aussi inverser l'argument et voir beaucoup de sacrifiés dans le choix du confinement.

Personnes seules, en ville, en appartement minuscule (passer 2 mois entiers enfermé, complètement seul et a fortiori si on est fragile relève littéralement de la torture).

Indépendants, employés de la restauration, travailleurs informels, et toute personne en fragilité économique...

C'est plus facile aussi de justifier ces mesures par de la solidarité sanitaire quand on est à l'aise économiquement, émotionnellement, en famille, dans une grande maison à la campagne et qu'on n'a pas à s'inquiéter de son avenir. Entre autres, les dirigeants politiques, les journalistes (et même les policiers qui sont librement dehors avec leurs collègues) n'ont pas le même effort de sacrifice à faire que les personnes les plus fragiles.
On n'a pas la situation la plus tragique en France, mais dans combien de pays les personnes les plus vulnérables ont commencé à craindre davantage la mort par la faim que par le coronavirus ?

avatar byte_order | 

@Amnesiak
> On peut aussi inverser l'argument et voir beaucoup de sacrifiés dans le choix du confinement.

Leur vie est-t-elle terminée ?
Non.
Le niveau de sacrifie n'est pas le même.

Mais, oui, chacun à du faire des sacrifices, limités, pour réduire le nombre de personnes qui perdront la vie, sacrifice ultime, faute d'avoir pu les protéger correctement d'une épidémie mondiale.

Quelque soit la difficulté de la vie durant le confinement, je ne mettrais *jamais* sur le même plan ces "sacrifices" et la mort d'une personne. C'est pas comparable. Du tout.

> C'est plus facile aussi de justifier ces mesures par de la solidarité sanitaire quand on est
> à l'aise économiquement, émotionnellement, en famille dans une grande maison à la
> campagne et qu'on n'a pas à s'inquiéter de son avenir

Vu que le virus se contrefout de tout cela, chacun peut donc être sa victime, chacun peut donc bénéficier de cette solidarité sanitaire, je vois pas comment cette égalité pourrait ne pas être justifiable de la même manière pour tout le monde.

> et même les policiers qui sont librement dehors avec leurs collègues

*librement* obligé de faire leur devoir (pas le droit de grève) et courir un risque d'exposition supérieur à la moyenne. Trop cool.

> n'ont pas le même effort de sacrifice que les personnes les plus fragiles

Les gens qui ont du se sur-exposés par devoir n'ont pas fait un effort comparable, voir supérieur !?
Le gendarme mort du covid-19, sa famille, n'a pas fait autant d'effort ?
Vous êtes sérieux !?
C'est honteux ce que vous dites là, franchement.

> dans combien de pays les personnes les plus vulnérables ont commencé à craindre
> davantage la mort par la faim que par le coronavirus ?

Ca c'est un problème antérieur de politique sociale du pays, pas de politique sanitaire.
Une crise économique seule fera pareil.
On ne peut pas rejeter une politique sociale solidaire et se plaindre ensuite de ne pas bénéficier d'une couverture sociale !

avatar gwen | 

@byte_order

"Quelque soit la difficulté de la vie durant le confinement, je ne mettrais jamais sur le même plan ces "sacrifices" et la mort d'une personne. C'est pas comparable. Du tout."

Attention, la torture peut être plus dure à vivre que la mort qui devient de fait la libération ultime. Il faut un juste milieux.

avatar Sindanarie | 

Pfffff......

avatar Inconnu-Soldat | 

Tiens Singapour ne veut pas de l'API Apple/Google.

avatar cuco | 

Traqueur physique, c’est un euphémisme pour ne pas dire bracelet électronique...

5,7 millions de gens traités comme des criminels de droit commun, y a pas à dire, c’est chouette Singapour...

avatar byte_order | 

En même temps, Singapour est plus un régime autoritariste que démocratique, hein, c'est pas vraiment une surprise. Un parlement à une seule chambre, dominé à 93% par le parti historique...

avatar Steve Molle | 

Finalement dans ce nouveau monde il ne reste plus que deux catégories de personne : les larbins et les autres.

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