L’État français voudrait un nouveau téléphone sécurisé plus moderne pour ses besoins

Nicolas Furno |

Le Président de la République française, les membres du gouvernement, les élus et d’autres responsables civils et militaires : en tout, autour de 14 000 personnes en France devraient utiliser le Teorem, un téléphone mobile sécurisé conçu il y a une dizaine d’années par Thalès. Même s’il est sorti à l’ère des smartphones, sa conception remonte à celle des portables à l’ancienne, avec son design à clapet, ses deux petits écrans en couleur certes, mais pas tactiles, ou encore ses fonctions limitées aux appels et SMS. Ajoutez à cette conception ancienne une sécurité qui alourdit son usage et il n’a jamais eu le succès escompté.

La photo officielle d’Emmanuel Macron intégrait deux iPhone (en bas à gauche) et aucun Teorem (image iGeneration).

Nicolas Sarkozy préférait utiliser son Blackberry personnel pour ses communications, François Hollande comme Emmanuel Macron ont privilégié leurs iPhone. Mais selon Le Monde, la révélation du malware Pegasus courant 2021 a remis le sujet sur le devant de la table. Pour rappel, ce malware créé par une firme israélienne était capable d’infecter n’importe quel smartphone, y compris ceux d’Apple, avec des attaques qui pouvaient même fonctionner sans que la cible doive faire quoi que ce soit. Même si les plus grosses failles qu’il utilisait ont été comblées depuis, Pegasus existe toujours et pourrait menacer une cible aussi majeure qu’un Président de la République.

Or, Le Monde explique qu’Emmanuel Macron utilise son iPhone et des messageries instantanées tierces, comme WhatsApp et Telegram, pour échanger régulièrement avec son entourage, ses ministres ou des élus. Le quotidien précise notamment qu’il serait continuellement en train d’échanger par ce biais avec Elisabeth Borne, sa première ministre. Suite à la prise de conscience liée à Pegasus, des smartphones plus sécurisés auraient été mis à disposition d’une vingtaine de personnes au sein du gouvernement, avec des numéros qui restent strictement confidentiels pour limiter les risques. Mais le journal ajoute qu’ils ne seraient pas vraiment utilisés et prendraient la poussière au fond de tiroirs.

Cela étant, l’enjeu est trop important pour ne pas agir et l’ANSSI (Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information) chercherait à moderniser les logiciels sécurisés mis à disposition de l’État, dont ISIS, l’intranet interministériel qui souffrirait actuellement de lenteurs et serait loin d’égaler le confort d’utilisation des logiciels commerciaux. L’armée travaillerait aussi sur un projet de successeur pour Teorem, mais une version plus moderne et plus agréable à utiliser qui resterait malgré tout sécurisée. L’objectif serait de chiffrer à la volée les conversations audio sans latence, et peut-être de partir sur une base de smartphone cette fois ?

Accédez aux commentaires de l'article