Open Data : conflit ouvert entre la RATP et Citymapper

Mickaël Bazoge |

La RATP est sélective quand il s’agit de prêter ses précieuses données. L’application Citymapper en fait actuellement les frais. La Régie des transports parisiens lui a refusé l’autorisation d’exploiter ses données en temps réel, ce qui fait pourtant tout le sel de l’app qui peut ainsi prévenir ses utilisateurs d’un incident ou d’un changement sur le réseau. La start-up londonienne a lancé une pétition pour forcer la RATP à lui fournir ces informations dans le cadre de l’Open Data.

Citymapper s’étonne des réticences de la RATP, alors que l’éditeur travaille en bonne intelligence avec tous les services de transport public dans le monde, y compris avec le STIF, l’autorité des transports en Ile-de-France pour améliorer l’information des passagers. Du côté de la RATP, on soutient l’Open Data en vertu de la loi Macron d’août 2015, dont les décrets restent cependant à publier au JO.

Crédit Jean-Louis Zimmermann, CC BY — Cliquer pour agrandir

Quand ce sera le cas, les entreprises seront tenues de livrer leurs données en respectant un « code de conduite ». Une des dispositions de ce code est de contribuer aux coûts de la mise à disposition des informations. Pas question en effet qu’une société comme Citymapper puise à volonté sur les serveurs de la RATP sans que l'app participe financièrement aux frais de gestion.

Franck Avice, le directeur service et relation clients de la RATP, déclare à ce sujet au Monde : « Il y a quinze jours, Citymapper a fait tomber nos serveurs à force de les solliciter, de manière non autorisée ». Or, Citymapper a récemment levé 50 millions de dollars ; à la RATP, on s’interroge sur l’exploitation des données des utilisateurs, que l’éditeur pourrait croiser avec d’autres fichiers et monétiser, sans aucun retour pour la Régie : « Dès lors, pourquoi devrait-on leur céder gratuitement nos propres données ? ».

On le voit, tout n’est pas tout blanc ou tout noir dans cette affaire. Ce d’autant que la RATP veut se voir rétrocéder une licence OBDL concernant tous les développements réalisés avec ses données. Du côté de la Régie, on indique que personne ne veut se plier à cette exigence, chez Citymapper on assure que la question n’a même pas été discutée.

En attendant que les choses se décantent, on peut toujours utiliser l’application officielle RATP, utilisée par 1,2 million de voyageurs chaque jour. Ironiquement, la RATP a organisé ce week-end l’événement UrbanLab sur les usages liés à l’Open Data.

avatar iDanny | 

C'est moi ou ce passage n'est pas logique ? :

"les entreprises seront tenues de livrer leurs données en respectant un « code de conduite ». Une des dispositions de ce code est de contribuer aux coûts de la mise à disposition des informations. Pas question en effet qu’une société comme Citymapper puise à volonté sur les serveurs de la RATP sans que l'app participe financièrement aux frais de gestion."

C'est pas les boîtes qui livrent les données qui doivent respecter un code de conduite, mais celles qui les pompent :)

avatar sachouba | 

Si la RATP n'est pas contente, ils n'ont qu'à développer une application digne de ce nom - ce ne serait pas un investissement très important, vu que toutes les données sont déjà disponibles, et ils pourraient récupérer pas mal d'utilisateurs.

avatar Woaha | 

Au fait, que reprochez vous à l'appli RATP ? J'aime bien son interface.

avatar marc_os | 

@Woaha :
Moi je lui reproche qu'elle ne marche pas dans le métro !

avatar initialsBB | 

Impossibilité de rechercher par point d'intérêt (par exemple le nom d'un restaurant au lieu de son adresse). Ensuite seul le trajet du prochain départ est affiché, donc au lieu de me montrer un trajet avec 5 minutes de marche à pied et zéro correspondance, l'appli RATP préfère me monter le trajet avec 2 correspondances.

Citymapper affiche d'emblée les durées de voyage pour tous les modes de transports, marche à pied et vélo (avec calories brûlées), transports en communs et voiture.
Pour les trajets en transports en communs sont aussi affichées toutes les possibilités. Donc je peux choisir le trajet de 40 minutes avec 3 correspondances ou le trajet de 44 minutes sans correspondances !

Citymapper est devenu indispensable pour moi à Paris, et même très très utile en voyage à Tokyo. Je n'ouvre plus l'application RATP que pour de très rares horaires temps réel sur certains arrêts de bus.

avatar bta_bloquant | 

C'est pas tout noir ou tout blanc cette histoire. Citymapper se pose en victime mais une interview sur France info d'un responsable RATP nuance cette position, il disait tout simplement que l'open data sera mise en service à la fin d'année et que d'ici là les serveurs étaient sous dimensionnés et donc l'utilisation d'application tierce faisait tout bugger.
En revanche, à partir de décembre, l'open data sera mis en ligne...
Bref, méchant RATP et gentil citymapper c'est un peu facile le raccourci.

avatar JackOne | 

La RATP a raison,
et après tout c'est ce que fait Twitter ou Facebook en restreignant l'accès aux apis
Et en plus citymapper n'est pas français et ne contribue pas aux infrastructures de la RATP

avatar byte_order | 

@JackOne
> et après tout c'est ce que fait Twitter ou Facebook en restreignant l'accès aux apis

Twitter et FaceBook sont des entreprises privées.
La RATP, elle, est un établissement public exploitant le réseau du métro pour le compte de la ville de Paris.

Hors le gouvernement français a voté une loi rendant obligatoire aux services publics de transport en commun de publier sous licence Open Data les données concernant l'usage de leurs services (lignes, stations, horaires, incidents, traffic, etc).

Ensuite, données et API sont deux choses différents. On parle en OpenData que des données, en aucun cas la publication des données implique la mise à disposition d'une API (la publication peut par exemple etre sous la forme d'un fichier uploadé régulièrement sur une serveur FTP en accès public). Au pire la publication d'une API concerne la méthode de "consultation" des données uniquement, dans le cas des données dites "temps réel".

> Et en plus citymapper n'est pas français et ne contribue pas aux infrastructures de la RATP

Y'a un truc qui vous échappe dans l'aspect non discriminatoire des licences "Open" ?

Android/Webkit/Swift/Linux sont des logiciels open source, mais comme c'est codé par des entreprises ou individus non français et que la France ne contribue pas aux frais de developpements de ces logiciels, ceux-ci sont interdit de diffusion et donc d'utilisation en France ?

Marrant comme seul l'argent semble franchir toutes les frontières nationalistes. Les gens, les idées, la radioactivité ;-) on savait déjà, mais même les données publiques d'un pays ne doivent pas en sortir.

La Corée du Nord a 50 ans d'avance sur nous, finalement.

avatar JackOne | 

Open data ne signifie pas qu'une entreprise doit donner accès à toutes ses données et gratuitement.

avatar byte_order | 

Selon les 10 criteres indispensables pour l'OpenData :
- toutes : non
- gratuitement : si.

Par ailleurs la RATP rendant un service publique de transport en commun et l'état ayant voté une loi faisant obligation dans pareille situation de publier un certains nombres d'information sous licence Open data, en théorie, si si la RATP devrait bientôt être contrainte de le faire.

Mais pas de panique car l'état a décidé qu'il pouvait utiliser le terme Open Data sans en respecter les critères fondamentaux : il suffira à la RATP de signer une déclaration comme quoi elle s'engage à le faire pour que l'état considére que la RATP sera en OpenData quand bien même celle ci fera ce qu'elle annonce déjà vouloir faire à savoir choisir à qui elle diffusera et à quel tarif.

C'est un peu comme si l'état forçait Bercy à mettre ses programmes de calcul de l'impôt sous licence GPL puis ferme les yeux quand Bercy distribuera ce code qu'aux cabinets d'avocats spécialistes de fiscalité. L'état se vantera d'avoir forcer à la transparence du calcul fiscal tout en se dedouanant d'une réalité différente de celle voulue par les lobby de l'opacité et du commerce.

Pour rappel les données de la RATP, établissement public exploitant le réseau du métro, appartiennent de facto aux contribuables d'Île de France, qui financent cette exploitation. On ne parle pas ici de contraindre une entreprise privée de faire de l'OpenData. ..

avatar matvdg | 

"Ne mets pas tes tétons dans l'agrafeuse, ca peut faire très très mal !"

avatar matvdg | 

Le lapin du métro version Kassos : https://youtu.be/XfSVs1xjb0Q

avatar ovea | 

@byte_order :
Stimuler l'exaltation par les nombres, soient ils toujours défavorables il en restera de formidable infrastructure à construire : un vrai défi !

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