Prise en main de Fire Emblem Heroes

Mickaël Bazoge |

Fire Emblem Heroes, le nouveau jeu de Nintendo, n’a rien à voir avec Super Mario Run. Certes, c’est là aussi l’adaptation d’une fameuse franchise de l’éditeur japonais, mais en dehors de cette évidence les deux jeux n’entretiennent aucun rapport. Super Mario Run est un jeu de plateformes et d’adresse, quand Fire Emblem Heroes appartient au genre du jeu de rôle au tour par tour. Il en faut pour tous les goûts évidemment, et dans les deux cas il est possible de prendre du plaisir.

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Genre oblige, Fire Emblem Heroes nécessite toutefois un petit effort d’apprentissage ! Le jeu, héritier d’une longue et fructueuse lignée, est pourtant d’un abord simple. Il s’agit de mener bataille contre des ennemis de plus en plus puissants, d’amasser de l’expérience et des items en tout genre afin de progresser dans une histoire bien alambiquée. Le joueur incarne un invocateur dont le pouvoir est de « convoquer » des héros tirés des précédents jeux de la franchise.

Ces héros alimentent une escouade composée d’un maximum de quatre combattants, chacun ayant ses forces et ses faiblesses. Les phases de combat sont stratégiques : il faut déplacer ses héros de case en case, en touchant la case désirée ou en glissant le personnage là où on veut le placer. Attention, la liberté de mouvement des combattants est limitée à chaque tour (ce sont les cases bleues). La portée de leurs coups peuvent cependant dépasser ces limites (les cases rouges).

La communauté des héros

Le jeu obéit à une logique de type chifumi, là aussi héritée des jeux d’origine. Les combattants rouges sont plus forts que les verts qui sont plus forts que les bleus qui, eux même, surclassent les rouges. Il faut également prendre en compte les niveaux des combattants et leurs habiletés. Certains personnages plus altruistes que les autres peuvent apporter à leurs compagnons d’armes des points de défense ou de vie supplémentaires.

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Sachez que les cartes (des grilles de 8 x 6) peuvent aussi présenter des obstacles que l’on peut détruire ou franchir (des fossés) pour peu que l’on possède le bon personnage : un héros sur un cheval ailé se rira d’un ravin, un archer saura tirer par dessus un mur. En ayant tous ces paramètres en tête, il faut faire en sorte d’opposer à chaque ennemi le héros le plus susceptible de l’emporter. Là réside tout l’intérêt — et la difficulté — de Fire Emblem Heroes !

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Les phases de baston alternent avec un scénario qui a le mérite d’être traduit en français, et agrémenté de superbes illustrations des personnages. En plus de l’histoire, le jeu propose un mode d’entrainement qui permet de remporter de l’expérience et des cristaux servant à faire progresser les héros. Des cartes spéciales sont disponibles pour remporter de nouveaux combattants, et on trouve aussi des arènes pour batailler contre les équipes d’autres joueurs. Malgré quelques heures de jeu, un cinquième mode nous est toujours interdit.

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Il y a mille manières d’améliorer ses personnages, que ce soit via les combats des modes histoire ou entraînement, mais également en dépensant des items. Les points d’aptitude, remportés après l’élimination d’un ennemi et les montées de niveau, sont utilisés pour apprendre de nouvelles capacités. Il est aussi possible de gagner du temps en dépensant des cristaux de couleur pour obtenir des niveaux rapidement. Le joueur peut « libérer » des héros — les supprimer de son équipe, en somme — pour gagner des plumes servant à débloquer des aptitudes. Enfin, on n'oubliera pas de fortifier sa caserne, ce qui apportera là aussi des améliorations aux personnages.

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Impossible de faire le tour d’un tel jeu en quelques heures : comme on le voit, le contenu est imposant et le système d’amélioration des personnages permet de multiplier encore les possibilités. En termes de gameplay, ce n’est pas très sorcier, ce d’autant que le joueur est passif derrière les combats : il n’y a pas d’attaque à lancer, les combattants gèrent cela tout seul ce qui n’est sans créer une petite frustration de temps en temps. Sur le champ de bataille, le rôle du joueur consiste à gérer la stratégie de positionnement des héros et leur évolution, ce qui représente déjà un sérieux défi. Pour celui qui voudra vraiment se plonger dans cet univers, c’est l’assurance de passer un certain temps derrière Fire Emblem Heroes.

Le seigneur des orbes

Au contraire de Super Mario Run pour lequel on débloque tout le contenu contre une dizaine d'euros, Fire Emblem Heroes embrasse à pleine bouche le format du freemium. Le jeu est donc complètement gratuit, mais si l'on veut progresser plus rapidement, il faut mettre la main à la poche. Le jeu comprend essentiellement une « monnaie » : l'orbe.

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Ces orbes permettent d'invoquer de nouveaux héros : Nintendo pousse un peu au crime ici puisque plus on en convoque, moins ils « coûtent » cher… mais il faut les convoquer immédiatement les uns après les autres (cinq orbes pour un héros, puis quatre orbes pour un second héros, puis trois orbes pour un troisième héros, etc.). Si vous sortez de l'écran de sélection des héros, vous perdrez alors cette possibilité d'économiser des orbes.

La convocation d'un nouveau héros, dont on peut choisir la « couleur » — Cliquer pour agrandir

Cette monnaie permet également de payer les fortifications de la caserne, pour poursuivre un combat après une défaite, et pour restaurer l'énergie. Nintendo est malheureusement tombé dans ce travers : chaque niveau coûte plusieurs points d'énergie (de deux à quatre pour le moment). Par défaut, on en possède 50 et plus on joue, plus la jauge se vide. En cas de pénurie, il faut alors soit acheter de l'énergie, soit poireauter comme un idiot. Ce mécanisme est devenu un classique dans les freemium, mais c'est de mon point de vue contre-productif : n'allez pas empêcher un joueur de jouer, bon sang ! Il existe bien d'autres dispositifs free to play, sans vouloir pénaliser les joueurs qui veulent simplement jouer.

Il est encore un peu difficile de dire si l'éditeur s'est montré trop gourmand en termes de consommation d'orbes, mais toujours est-il que je n'ai eu rien à payer durant les premières heures passées à jouer. Lorsqu'il faudra réellement convoquer les héros les plus chers pour continuer à progresser, la question des achats intégrés se posera sans doute avec plus d'acuité.

La grande aventure

Difficile de donner une note définitive à un jeu aussi singulier, surtout après une poignée d'heures à crapahuter entre le royaume d'Askr et l'empire d'Embla. Fire Emblem Heroes peut provoquer tout aussi bien de larges soupirs de fatigue que de grands élans d'enthousiasme. Ajoutons que l'obligation de connexion à internet sera rédhibitoire pour bon nombre de joueurs. Mais puisque le titre est gratuit, pourquoi ne pas essayer pour se faire une idée ?

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