Les applications iraniennes interdites d'App Store

Mickaël Bazoge |

Apple suit scrupuleusement les règles en vigueur dans les pays où le constructeur opère. Un exemple récent : la Chine, où la Pomme a retiré les applications VPN suite à la volonté des autorités de resserrer le contrôle d’internet (lire : Chine : Tim Cook préférerait « ne pas retirer d’apps » de l’App Store). Il en va de même aux États-Unis, où Apple a l’interdiction d’héberger, de distribuer ou de faire des affaires avec des développeurs d’applications de pays qui sont l’objet d’un embargo américain.

C’est le cas de l’Iran, où le régime de sanctions, pourtant allégé depuis l’accord sur le nucléaire de 2016, a récemment poussé Apple à supprimer des applications mises au point par des éditeurs locaux… alors qu’il n’existe aucun App Store iranien ! Si le constructeur ne peut vendre d’iPhone en direct, cela n’empêche pas les utilisateurs du cru de s’équiper en passant par des filières de Dubaï, voire Hong-Kong. Quant aux développeurs iraniens, ils distribuent leurs applications sur d’autres versions internationales de l’App Store.

Une boutique Apple officieuse à Téhéran. Image. Cliquer pour agrandir

Tom Neumayr, porte-parole d’Apple, a confirmé la vague de suppression d’applications au New York Times, sans élaborer plus avant. Au grand dam des développeurs du pays, qui se donnent beaucoup de mal pour concevoir des apps. Un des éditeurs touchés, qui a mis au point un service de livraison de repas, s’en désole : « personne avec un iPhone ne peut plus télécharger d’applications populaires. Imaginez qu'aux États-Unis vous ne puissiez plus télécharger Uber sur votre téléphone ».

Le plus étrange dans cette histoire, c’est que du côté de Google, pourtant soumis aux mêmes obligations légales qu’Apple, on laisse les applications développées par des Iraniens sur le Play Store, du moment qu’elles n’impliquent aucun achat. Le guide de bonne conduite de la boutique Android stipule aussi que ces apps peuvent être distribuées en Iran. En février, Apple avait prévenu les développeurs iraniens qu’ils devaient retirer les options d’achat de leurs apps. Un pas de plus a donc été franchi.

Mohammad Javad Azari Jahromi, le ministre des Télécommunications du pays, s’en est plaint sur Twitter (qui, par ailleurs, est interdit en Iran…). Il écrit qu’Apple détient 11% du marché des téléphones. « Respecter les droits du consommateur est un principe qu’Apple n’a pas honoré ». Il entend aussi suivre toutes les voies légales pour que le constructeur revienne sur sa décision.

La position des entreprises américaines, notamment de high tech, est complexe en Iran. En 2013, Apple avait obtenu de l’administration Obama la possibilité d’exporter ses produits vers le pays. Mais les choses se sont sérieusement compliquées avec l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche ; ce dernier a autorisé le mois dernier de nouvelles sanctions contre Téhéran.

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