Google essaie toujours de réduire la fragmentation d'Android

Florian Innocente |

La fragmentation d'Android reste une préoccupation chez Google, une partie de l'équipe de développement a abordé ce sujet lors d'une séance de questions/réponses pendant Google I/O.

C'est un sujet majeur, a expliqué Dave Burke, directeur de l'ingénierie pour Android, et Google continue de travailler à fractionner son OS autant que possible. Il s'agit de faire en sorte que les fabricants puissent mettre à jour beaucoup plus rapidement certains modules d'Android sur leurs terminaux. Plus on s'éloigne d'un OS monobloc plus ces mises à jour chirurgicales seront aisées et les mises à jour distribuées prestement aux utilisateurs.

L'équipe Android répondant aux questions - crédit CNET

Début mai, les derniers chiffres de Google sur les connexions faites à Google Play, montraient que Jelly Bean continue sa progression alors que toutes les autres versions reculent. Mais avec 28,4% de part d'utilisation, la dernière version de l'OS reste dans l'ombre de Gingerbread sorti fin 2010 et crédité de 38,5% (lire Jelly Bean progresse, les autres versions d'Android reculent).

Google a expliqué que la forte présence de Gingerbread sur les terminaux vendus dans les pays émergents tenait à des contraintes matérielles, notamment la quantité de mémoire fournie avec ces téléphones. Android en lui-même pourrait se contenter de ce qui est offert, mais les applications deviennent autrement plus gourmandes et sont pénalisées sur ces appareils.

« Nous essayons d'optimiser Android de manière à ce qu'il puisse être utilisé même sur des smartphones d'entrée de gamme » a assuré Dave Burke.

Une autre source de ralentissement dans la distribution des mises à jour système tient à la présence des surcouches propriétaires. Matias Duarte, le responsable de l'interface utilisateur, a pointé à ce titre l'annonce du Galaxy S4 livré avec un Android de base, promettant qu'il proposerait « l'expérience Nexus et qu'il recevrait ses mises à jour dans des délais plus brefs ».

Ces considérations ne vont pas freiner pour autant l'évolution d'Android, a prévenu Dave Burke. Il a mentionné, mais sans détailler son propos, l'appareil photo des terminaux comme un endroit où des progrès restent à faire  « L'appareil photo sur un téléphone cherche à émuler un appareil photo numérique qui cherche à émuler un appareil argentique Kodak. L'appareil photo est un endroit où l'on peut encore évoluer ».

Il a également cité le recours au processeur graphique pour décharger le processeur principal de certaines tâches, un fonctionnement devenu courant sur PC. L'équipe a reconnu qu'Android manquait encore de fluidité dans certaines circonstances, malgré le travail d'optimisation sur l'interface graphique déjà effectué avec le "Project Butter". Les concepteurs d'Android ont admis que leur OS se retrouve encore trop souvent à montrer des à-coups ou à marquer une pause lors d'actions à l'écran, au lieu d'être tout simplement fluide. « Nous avons fait beaucoup de progrès avec Jelly Bean, mais il en reste encore pas mal de choses à faire ».

Il est cependant du ressort des développeurs tiers de tester leurs logiciels avec des terminaux de différentes catégories, surtout les entrées de gamme. Avec un Nexus 4, explique Burke, la puissance du processeur graphique ne rend pas compte de la réalité lorsque l'application va tourner sur des téléphones d'entrée de gamme moins performants.

Mais là où Google attend des développeurs qu'ils optimisent leurs développements en essayant de laisser le moins d'utilisateurs sur le côté, d'autres soufflent dans le sens contraire. Samsung a par exemple annoncé aujourd'hui son concours "Smart App Challenge 2013". Il récompensera 10 développeurs qui se partageront 800 000$ en fonction de leur utilisation d'API conçues par le fabricant.

Il s'agit plus précisément d'utiliser le SDK "Samsung Chord" qui établit des connexions directes P2P entre terminaux et tablettes de la marque pour échanger de la musique, des photos ou jouer en réseau (des fonctions réunies sous l'appellation "Group Play"). En outre, les logiciels en compétition devront être proposés uniquement sur la boutique de Samsung et utiliser les API maison pour tout ce qui est relatif à l'affichage de publicité et aux achats In-App.

Toujours dans le cadre des questions/réponses, un développeur dans l'assistance s'est enquis de la possibilité de voir Google développer un émulateur iOS. Ce développeur aimerait qu'Android soit davantage utilisé en milieu hospitalier et les applications existantes tournent essentiellement sur iOS. L'équipe Android a répondu que ce serait certainement beaucoup de travail pour un résultat assez peu optimal, jugeant en définitive cet effort « assez peu intéressant » à produire. Dave Burke a été plus ironique, suggérant que Google aille à Cupertino pour proposer de développer un émulateur Android sur iOS.

Enfin, le compte rendu que fait CNET de cette réunion se clôt sur l'utilisation par Google d'IntelliJ au lieu d'Eclipse pour le développement d'applications (lire Android Studio : le nouvel outil de développement de Google dispo sur OS X). Un membre de l'équipe Android a souligné qu'il s'agissait pour Google de prendre une direction parallèle, et non une nouvelle, les développeurs qui souhaitent continuer de travailler avec Eclipse peuvent le faire.

[ via CNET & Samsung]

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