Rovio abandonne le premium pour Angry Birds

Nicolas Furno |

Angry Birds Go! [1.0.3 – US – Gratuit (achats in-app) – iPhone/iPad – 97,7 Mo – Rovio Entertainment Ltd] marque une nouvelle étape importante pour Rovio. Pour la première fois, l’éditeur de tous les Angry Birds abandonne le gameplay original tout en conservant l’univers des oiseaux énervés. Mais c’est aussi, et surtout, le premier jeu de la licence à ne pas être vendu et à adopter à la place le modèle du freemium.

Tous les jeux Angry Birds étaient jusque-là payants. Le petit dernier, Angry Birds Star Wars II est ainsi vendu 2,69 € sur l’App Store. Cela n’a pas empêché l’éditeur d’y intégrer des achats in-app en quantité, mais ces achats étaient strictement optionnels et on pouvait jouer autant que l’on voulait et terminer un jeu sans débourser un centime de plus.

Avec Angry Birds Go!, l’éditeur devient plus agressif. Son jeu de kart est gratuit au téléchargement, mais les achats in-app sont plus présents et plus importants. Le jeu gratuit est d’abord limité dans le temps : au bout de quelques courses, l’oiseau qui conduit le kart est fatigué et il doit se reposer pendant un temps donné. Sauf à payer avec la monnaie interne que l’on obtient en jouant ou par des achats in-app, le joueur est bloqué pendant quelques minutes.

Pour évoluer dans le jeu, il faut aussi améliorer son kart, ce qui est payant — là encore, on doit utiliser la monnaie interne gagnée ou payée. Vous pouvez acheter des gemmes, mais aussi des karts plus puissants, avec des sommes qui peuvent monter assez haut (jusqu’à 45 € pour le meilleur kart et même 90 € pour 6500 gemmes). Angry Birds Go! n'en est pas moins fun, mais il s'adresse ainsi plus aux petits joueurs qui veulent s'occuper quelques minutes de temps en temps (lire : Aperçu en images d’Angry Birds Go!).

Le Wall Street Journal a eu l’occasion de discuter avec l’éditeur de cette nouvelle direction. Sans surprise, Rovio compte bien poursuivre cette stratégie payante : à l’avenir, tous les jeux de l’éditeur devraient adopter ce modèle et se financer avec des achats in-app.

Même s’il ne le dit pas explicitement, chiffres à l’appui, on comprend entre les lignes qu’Angry Birds Go ! est un gros succès avec plus de téléchargements et plus de revenus que d’autres titres. Selon une recherche de Distimo citée par le journal, il n’y a aucun jeu Rovio dans le top 10 des applications 2013 les plus rentables. Difficile de savoir dès maintenant si les oiseaux énervés pourront battre les bonbons de Candy Crush Saga, mais il reste du chemin à parcourir encore. À l’heure actuelle, le jeu de kart n’est qu’à la 28e position du classement sur l’App Store américain.

Le plus important toutefois est sans doute ailleurs. Rovio ne compte plus seulement sur ses jeux pour gagner de l’argent, mais aussi, et surtout, sur l’univers qui les entoure. La licence Angry Birds devient un phénomène de société qui dépasse largement le cadre de l’App Store. Il y a déjà des centaines de produits dérivés, plusieurs parcs d’attractions et un long-métrage est prévu pour juillet 2016. En 2012 déjà, 45 % des revenus de l’éditeur (environ 150 millions d’euros) provenaient des produits dérivés et non des jeux et cette tendance ne devrait pas s’inverser de sitôt.

Le gel douche Angry Birds lave mieux que les autres, c’est bien connu… (hugovk)

Dans ces conditions, on comprend que l’objectif de Rovio n’est pas tant de vendre un maximum d’achats in-app dans ses jeux que de diffuser au maximum ses oiseaux énervés et ses cochons verts. La franchise Angry Birds a déjà provoqué deux milliards de téléchargements et ce n’est sans doute pas prêt de s’arrêter. L’éditeur a d’ailleurs prévu de l’étendre encore avec de nouveaux gameplays, avant un reboot de la franchise prévu en même temps que le film.

Accédez aux commentaires de l'article