Revue de tests : la Pebble Time peine à convaincre

Mickaël Bazoge |

Quelle peut être la place de Pebble dans un marché de la montre connectée où les plateformes de Google et d’Apple sont en train d’émerger ? Le challenger (et pionnier du secteur) a commencé à livrer la nouvelle version de son produit, la Pebble Time, aux backers de Kickstarter ayant financé, avec beaucoup d’enthousiasme, la production de la montre — il faudra attendre le 22 juin pour que les autres puissent la commander. Le fabricant a levé l’embargo sur les tests des sites américains, et le moins qu’on puisse dire c’est que les avis sont contrastés.

Image Engadget

Parmi les testeurs les plus emballés, on trouve Nathan Olivarez-Giles du Wall Street Journal, qui écrit que la Pebble Time est tout simplement la meilleure montre pour Android, meilleure encore que les produits sous Android Wear. Il est vrai que le logiciel mis au point par Google peut être confus, tandis que Pebble a misé sur la simplicité : le concept Timeline est salué dans tous les articles, par exemple celui de Nicole Lee d’Engadget qui estime que cette interface réduit le « fouillis » des applications.

Timeline : une idée brillante

« Toutes les notifications des apps, les rappels, les événements et les actus sont répartis selon un ordre chronologique », écrit-elle. Les trois boutons sur le côté droit de la montre permettent de remonter dans le temps ou de connaître son emploi du temps (des informations limitées à un jour et demi dans le passé et dans l’avenir). Scott Stein de Cnet décrit précisément comment Timeline fonctionne : « C’est comme un planificateur pour votre vie immédiate ». Rendez-vous, météo, résultats sportifs, horaires d’avion, tout cela est disponible très simplement depuis le poignet. Une « idée brillante pour une montre connectée », s’emballe-t-il, avant de réfréner son enthousiasme : l’ergonomie de la montre, avec ses boutons, n’est pas très agréable.

L’interface de Pebble Time bénéficie également d’un grand nombre de petites animations qui rendent le tout très amusant, dit Dan Seifert de The Verge. Il a particulièrement apprécié la recharge de la batterie, représentée sous la forme d’une tasse qui se remplit doucement de gouttes de café. Au contraire d’Apple, Pebble laisse les développeurs concevoir des cadrans, et l’imagination est au pouvoir : on trouve effectivement de tout, du plus sérieux au plus déjanté. « Les cadrans vont de vraiment cool à horribles », déplore Scott Stein, qui explique aussi que certains ne s’embarrassent pas du copyright — Nathan Olivarez-Giles montre par exemple ce cadran Mickey qui fait pâle figure face à celui de l’Apple Watch :

Image Wall Street Journal — Cliquer pour agrandir

Les applications développées pour la première génération de Pebble continuent de s’afficher (en noir et blanc), mais le constructeur espère évidemment que les dévs vont multiplier les logiciels pour la nouvelle montre. Beaucoup d’entre eux manquent toutefois de finition et ressemblent à des bricolages, regrette Seifert. Le catalogue compte plus de 6 000 logiciels actuellement. Le sélecteur d’apps a été revu et il s’affiche sous forme de cartes. Cette interface, rappelle Scott Stein, sera proposée aussi aux possesseurs d’anciennes Pebble.

Une batterie longue durée

L’autonomie est un autre des atouts de la Pebble Time. Le constructeur promet une semaine sur une seule charge, dans les faits Dan Seifert est allé jusqu’à 4 jours ; Nicole Lee se dit épatée par l’autonomie : après trois jours d’usage plutôt soutenu, la batterie affiche 40%. Scott Stein s’est réveillé un matin avec seulement 10% de batterie : la montre a tout de même tenu toute la journée. N’oublions pas que la montre affiche l’heure constamment, au contraire de l’Apple Watch, et que certaines apps (de fitness, notamment), peuvent fonctionner en tâche de fond.

Image The Verge

Malheureusement pour Pebble, les testeurs ont vite fait le tour des atouts en faveur de la montre. Le design et la qualité de fabrication du produit n’en font pas partie. La Pebble Time est « très moche », d’après la femme de Dan Seifert, qui décrit la montre comme un jouet dont les éléments font des bruits de « craquement » sous la pression d’un doigt. « Et les boutons en plastique sont loin de rassurer ». En dehors des finitions, le design de l’appareil fait désormais pâle figure face à l’Apple Watch et aux nouvelles montres Android Wear. « C’est plus joli que la Pebble originale », écrit Scott Stein, qui lui préfère toutefois le design de la Pebble Steel. Néanmoins, la Time est plus fine que la vaste majorité de ses concurrentes. Nicole Lee trouve de son côté que les bordures autour de l’écran sont trop importantes.

Plus intéressant sous Android qu’avec iOS

L'écran e-paper 64 couleurs de 1,25 pouce est plus efficace en extérieur, à la lumière. « Une réussite technique », souligne Darrell Etherington de TechCrunch, mais qui a son revers : les couleurs ressortent comme délavées et ce, dans toutes les situations. Il est même malaisé d’y lire quelque chose dans des pièces même bien éclairées. Un rétro-éclairage est disponible, qui ne dure que quelques secondes. On est loin de l’écran Retina de l’Apple Watch, mais les performances ne sont pas les mêmes en termes d’autonomie.

À l’intérieur/à l’extérieur, image TechCrunch — Cliquer pour agrandir

Les fonctions fitness ne sont pas exceptionnelles non plus. La Pebble Time intègre un compteur de pas, et c’est tout à ce niveau. La montre se révèle « très limitée en comparaison de l’app Activité de l’Apple Watch ou de l’intégration Google Fit dans Android Wear », pour Dan Seifert. « Pas mauvais, pas génial », résume Scott Stein. « Ce n’est pas une super montre pour le fitness, mais elle reste fonctionnelle ». Il a apprécié l’app FitCat, dans laquelle un gros chat perd du poids et devient plus heureux au fur et à mesure de son décompte de pas !

Image Cnet

Si la Pebble Time est la montre la plus intéressante pour Android, le support d’iOS est lui très limité. Le micro, qui permet sous Android de répondre à des messages, n’offre rien de tel avec un iPhone. Pebble assure travailler sur le sujet et promet la prise en charge de ce type de fonction avec l’app Gmail. Par contre, les réponses rapides aux notifications (comme l’envoi d’émojis), risquent de pointer aux abonnés absents pendant encore longtemps, tant qu’Apple n’ouvrira pas un peu plus iOS.

La plateforme mobile de l’utilisateur fera « une grande différence dans l’expérience de la Pebble Time », selon Darrell Etherington, qui conseille d’utiliser la montre avec Android. Pebble nourrit « moins d’ambition qu’Apple ou Google, et la plupart du temps, [la montre] est à la hauteur de cette ambition », pour Dan Seifert. La simplicité du produit « a son charme », pour Scott Stein. « Je ne l’aimais pas au début, mais finalement on s’y attache, comme la première Pebble. Elle n’est pas aussi ambitieuse que l’Apple Watch, mais elle est aussi beaucoup plus facile à recommander ». La Pebble Time ne gagnera aucun « concours de beauté », convient Nicole Lee. « Mais si votre idée d’une montre connectée est d’être plus une montre qu’un accessoire pour smartphone, alors la Pebble Time pourrait convenir ».

avatar struddel | 

Je vois la même différence entre les pebble et l'AW qu'entre les premiers iphones et les blackberry d'avant 2010 :

A l'époque, les iphones étaient beaucoup plus "waouh" mais n'étaient pas vraiment au-dessus du lot. Ils étaient copiés de tous car ils se vendaient à l'utilisateur qui ne connaît pas les smartphones et qui veut découvrir un objet qui a l'air fun et qui en jette un peu.

Les utiliteurs qui connaissaient déjà le monde du smartphobne avaient tout intérêt à aller du côté de blackberry qui étaient certes beaucoup moins attirant (interface austère, pas de tactile à part leur premier modèle raté, pas d'application rigolote, etc.) mais beaucoup plus fonctionnels au quotidien.

Depuis l'iPhone 4, les BlackBerry sont complètement dépassés et les iphones sont beaucoup plus évolués : ils ont gagné en maturité et en fonctionnel et ont rattrapé tout ce qui faisait leurs défauts de jeunesse alors que BlackBerry n'en est revenu qu'à suivre tant bien que mal (plutôt mal que bien) le reste de tous les smartphones tactiles actuels (Android, Iphone, et même les WinPhones).

Il en est de même avec Pebble : aujourd'hui, c'est plus austère, y a pas de tactile, ça a l'air moins fun, mais ça a l'air également beaucoup plus fonctionnel et plus adapté au principe même de l'intérêt de ces smartwatches.

L'AW est encore jeune et reste pour le moment un objet waouh qui en jette un peu mais qui n'est pas réellement adapté aux usages de ce genre d'objet.

Mais comme les premiers iphones, peu importe : le grand public ne connaît pas l'usage de ce genre d'objet et suivra donc Apple pour découvrir.

Pendant ce temps, pebble va rester sur sa ligne plus adaptée aux utilisateurs avertis sans voir l'AW évoluer.

Et dans quelques modèles, l'AW sera devenue fonctionnelle tout en ayant une bonne assise et surpassera Pebble qui n'aura pas dépassé son cadre restreint d'utilisateurs et sera condamnée à suivre ou à disparaître.

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