Un iTunes Store pour Android et un service de streaming à la Spotify ?
L'iTunes Store, actuellement disponible sur iOS, Mac et Windows, n'a pas varié d'un iota sur son modèle économique : la vente de morceaux à l'unité ou par album. Mais face à des utilisateurs de plus en plus nombreux à préférer les abonnements mensuels leur ouvrant l'écoute de catalogues de millions de titres, Apple tournerait autour de deux idées afin d'enrayer le déclin qui frappe, aux États-Unis du moins, les ventes de sa boutique musicale.
La première est la possibilité de créer un service de streaming musical à la Spotify ou Deezer. Apple a bien lancé avec iTunes Radio un moyen d'écouter de la musique en streaming (et gratuitement), mais ce modèle inspiré de Pandora ne permet pas de sélectionner les morceaux désirés.
La seconde initiative est encore plus renversante, puisque Apple envisagerait d'ouvrir l'iTunes Store à une nouvelle plateforme : Android. Ce serait une première pour le constructeur de Cupertino, qui proposerait là sa première application pour Android ! Mais le pragmatisme pourrait l'emporter : même si l'iPhone est le premier smartphone vendu aux États-Unis, Android est la plateforme dominante. Et les dirigeants des maisons de disques ne font pas mystère de leur intérêt pour une disponibilité d'iTunes sur Android. Le disquaire d'Apple compte pour 40% des revenus de l'industrie américaine de la musique. Autant dire qu'une disponibilité sur la plateforme mobile dominante aurait un impact certain sur les recettes des labels.
Billboard, très au fait des coulisses de cette industrie, rapporte qu'Apple a commencé à discuter de ces deux propositions, dans la foulée des négociations pour obtenir plus d'exclusivités comme l'album de Beyoncé qui avait cassé la baraque fin 2013 (lire : Apple veut des exclusivités pour l'iTunes Music Store).
En ce qui concerne la mise en place d'un « vrai » service d'écoute musicale en streaming, il s'agirait pour Apple d'enrayer la chute des ventes de musique numérique (-13% pour les albums durant la première semaine de mars, -11% pour les morceaux à l'unité d'après Nielsen). Les services concurrents, comme Spotify, Pandora ou YouTube ont généré 1,4 milliard de dollars de revenus l'an dernier en abonnements, licences et publicités aux États-Unis, soit 39% de plus qu'en 2012. Les téléchargements payants « en dur » ont eux baissé de 3,2% à 2,9 milliards (chiffres RIAA).
Un des dirigeants d'un label imagine ainsi l'offre de streaming d'iTunes : « Quand vous achetez un morceau à 1,29$ (…), iTunes pourrait vous envoyer un courriel en vous avertissant que pour, disons, 8$ par mois vous avez accès à cette chanson plus toute la musique de l'iTunes Store. Tout cela en est encore au stade du "Et si ?" ».
Billboard revient également sur le premier bilan tiré par l'industrie du disque de l'expérience iTunes Radio. Enthousiastes au départ, les dirigeants ont commencé à s'apercevoir que le service d'Apple n'avait que peu d'impact sur Pandora, et que ce dernier poursuivait même sa croissance. Afin de donner plus de poids à iTunes Radio, Apple pourrait lui accorder son autonomie dans iOS 8 ; le service sortirait ainsi de l'app Musique et disposerait de sa propre application (lire : iTunes Radio pourrait avoir sa propre application dans iOS 8).
Autre initiative d'Apple afin de stimuler les ventes de sa boutique : en novembre dernier, Cupertino a demandé aux labels de « nettoyer » les catalogues de leurs cent artistes les plus profitables. iTunes ne veut plus des versions multiples d'un même album, et encore moins de ces dizaines de compilations de type Best Of qui polluent les rayons de la boutique, et qui sont source de confusion pour les clients. Une tâche herculéenne pour les petites mains des maisons de disques, car certains morceaux à priori identiques peuvent provenir d'enregistrements et d'orchestrations différents…
Les discussions entre Apple et les maisons de disques sur ces sujets n'en sont qu'à leurs débuts.
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