iOS 10 : un App Store à l'intérieur de Messages

Anthony Nelzin-Santos |

En permettant à Apple de relâcher son emprise sur iOS sans en perdre totalement le contrôle, les extensions s’imposent comme le principal vecteur de nouveautés. Après les widgets et les claviers dans iOS 8, ainsi que les photos et les bloqueurs de contenus dans iOS 9, iOS 10 ajoute six nouveaux points d’extension. Dont un dans Messages.

Le futur App Store de Messages.

La popularité des applications de messagerie est telle qu’elle motive des acquisitions à 16 milliards de dollars. Apple ne pouvait pas ignorer le succès des WhatsApp et WeChat, mais ne peut pas non plus les marquer à la culotte. Qu’à cela ne tienne : elle va laisser les développeurs mener bataille à sa place, en se contentant de leur fournir les armes.

Cela ne veut pas dire qu’elle leur confie totalement les rênes : les principales nouveautés de la version iOS 10 de Messages viennent d’Apple. C’est le cas de l’intégration de Digital Touch, venu de l’Apple Watch, de la personnalisation du comportement des bulles, vue chez Google, de la réponse en icônes, calquée sur Facebook, ou encore du grossissement des emojis, une bonne idée de Slack.

Mais au-delà du pack très rétro fourni avec la developer preview d’iOS 10, elle ne devrait pas se lancer dans la vente de stickers, ces petites images qui ont fait la fortune de Line en Asie et ont été reprises avec succès par Facebook. Ce sera le travail de toute personne capable d’aligner trois clics, la création d’un pack de stickers ne nécessitant aucune ligne de code.

Les développeurs pourront créer des applications plus complexes : Apple donne l’exemple d’une application qui récupère le morceau en cours d’écoute, et d’une autre qui permet de chercher des images sans quitter Messages. On peut imaginer s’envoyer de l’argent ou réserver un restaurant depuis une conversation… et sans même installer l’application offrant ce genre de fonctions.

Messages intégrera en effet son propre App Store, preuve s’il en fallait encore que les extensions remettent progressivement en question la notion de silo applicatif. Ces extensions sont soumises aux mêmes règles de validation et aux mêmes contraintes de sécurité que n’importe quelle application — elles ne peuvent même pas accéder au contenu de la conversation, ou savoir quelles personnes discutent.

Bien sûr, Apple ouvre ainsi la porte à ses concurrents. Mais on peut imaginer que leurs applications seront moins fréquentées, et du même coup moins monétisables. Et pour le moment du moins, Messages reste exclusif à l’iPhone : derrière la porte, il y a quatre murs. Tim Cook l’a dit et répété : les services d’Apple doivent être du calibre de ceux de Google et d’Amazon, mais ils seront mis au… service des ventes d’appareils.

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