Swift a-t-il atteint son plateau ?

Christophe Laporte |

On le sait : Apple mise énormément sur Swift ! Dès qu’il en a l’occasion, Tim Cook en personne n’hésite pas à en faire sa promotion et à insister sur le fait que tous les enfants devraient apprendre à programmer (et si c’est avec son langage maison, c’est encore mieux). Il faut dire qu’avec Swift Playgrounds, Apple s’est donné beaucoup de mal pour rendre l’apprentissage de la programmation plus ludique.

Mais c’est très loin d’être la seule initiative d’Apple pour pousser les gens à découvrir son langage de programmation : ateliers dans les Apple Store, partenariats avec de nombreuses universités, développement en open-source, une documentation abondante… Les (futurs) développeurs sont choyés comme jamais par la Pomme.

Incontestablement, Swift a connu un essor considérable ces dernières années. Le langage d’Apple a beaucoup évolué et il est devenu le langage par défaut de nombreux développeurs gravitant dans l’écosystème Apple.

Toutefois, la partie n’est pas gagnée pour autant pour Apple. Certains développeurs reprochent par exemple à la firme de Cupertino son conservatisme à ce sujet. Si elle n’hésite pas à en faire la promotion, les exemples de production 100 % Swift par les ingénieurs d’Apple, sont encore assez rares. D’autre part, certains défauts comme l’absence de stabilité ABI, continuent à être pointés du doigt. Néanmoins, ce problème devrait être corrigé l’année prochaine avec Swift 5.

À plus large échelle, Swift semble toucher ses limites, si l’on en croit les résultats mensuels de Tiobe. Cette entreprise évalue la popularité des différents langages de programmation, en se basant sur les requêtes effectuées sur différents moteurs de recherche (Google, Wikipedia, Amazon…) et sur la littérature publiée à leur sujet sur le web.

Dixième langage le plus populaire en mars dernier (soit son plus haut historique), Swift se classe ce mois-ci seizième avec un score qui est passé pendant cette même période de 2,3 % à 1,668 %. À noter qu’Objective-C est juste derrière le nouveau langage d’Apple, avec un score de 1,513 %.

Alors, comment expliquer ce recul ? Le problème, comme le montre ce guide de 1&1, c’est qu’il y a mille façons de développer une application iOS. Sur son site, TIOBE explique qu’il s’agit sans doute d’une tendance de fond. La manière de développer des apps pour iOS et Android est en train de changer. Au début, il y avait un développement spécifique à iOS en Objective-C et un autre à Android en Java.

Mais au fil du temps, les développeurs tendent de plus en plus à utiliser des solutions multi-plateformes que l’on peut utiliser avec des langages plus connus comme le C# (Xamarin) ou le JavaScript (Cordova ou Ionic). Alors certes, cette pratique permet de gagner du temps et de simplifier la vie des développeurs, mais a-t-on des apps de qualité équivalente par rapport à un développement qui exploite les outils proposés par Apple ? C’est un autre débat.

Reste qu’Apple a sans doute compris très tôt l’intérêt d’ouvrir son langage de programmation le plus possible. Open source, il essaie de se frayer d’autres chemins que la conception de logiciels pour les terminaux Apple, notamment en allant sur le serveur. C’est d’ailleurs pour cette raison que Google, Facebook ou encore Uber portent un intérêt certain à Swift (lire : Google, Facebook et Uber envisagent l'utilisation de Swift). Il va de soi que si Swift devenait l’un des langages de prédilection du géant de l’internet pour développer sur Android, cela changerait beaucoup de choses.

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