Surface Pro 4, Surface Book : Microsoft à la recherche du chaînon manquant

Mickaël Bazoge |

En dévoilant ce mardi son nouveau catalogue matériel, Microsoft a réalisé quelque chose dont on ne croyait plus capable l’éditeur de Windows : susciter l’enthousiasme, et pas seulement auprès des aficionados de Redmond. La teneur des réactions sur MacG, globalement très positives, montre que Microsoft a fini par toucher une corde sensible y compris chez les utilisateurs de matériels Apple (lire : Surface Book, le "One More Thing" du grand keynote de Microsoft).

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En matière de matériels, Microsoft ne l’a jamais eu facile. Les précédentes tentatives se sont soldées par des échecs plus ou moins retentissants, qu’on se rappelle des défunts téléphones Kin ou des baladeurs Zune. Si la Xbox One est désormais bien installée sur son marché, c’est que Microsoft a investi à fonds perdus pendant les premières années de la première génération de consoles. Et il en va de même pour la gamme Surface, pour laquelle l’éditeur-qui-se-rêve-constructeur a dû provisionner près d’un milliard de dollars pour éponger les pertes.

À force d’essais ratés et d’argent jeté par la fenêtre (souvenons-nous de la Surface RT et de son Windows compatible ARM… mais sans applications), Microsoft a fini par trouver la martingale en restant fidèle à sa plateforme de prédilection, à savoir les processeurs x86. La Surface Pro 3 a en effet trouvé son public, encore limité certes, mais c’est une base suffisante pour mettre un coup de turbo.

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C’est ce qui s’est passé ce 6 octobre, et si Microsoft ne s’est pas privé de cibler Apple — cela avait déjà été le cas avec la précédente Surface Pro —, l’éditeur avait cette fois de sérieux arguments à faire valoir au travers de ses deux nouveautés, la Surface Pro 4 et l’hybride Surface Book.

Il n’a échappé à personne qu’aussi bien Apple (avec l’iPad Pro) que Google (avec le Pixel C) ont donné la nette impression de courir après la Surface Pro, même si évidemment aucune de ces deux entreprises n’ira l’avouer publiquement.

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Surface Pro 4

La Surface Pro 4 marche dans les pas de ses prédécesseurs, avec un modèle d’entrée de gamme équipé d’un processeur Core M (comme le MacBook 12" Retina), et des versions Core i5 et Core i7. Cette tablette-PC (à moins qu’il s’agisse d’un PC-tablette) peut à bien des égards être comparée à l’iPad Pro, comme l’iPad Pro a pu être comparé à la Surface Pro 3.

Les deux produits partagent en effet bien des points en commun, même si l’écran est un peu plus grand sur la tablette d’Apple, ou qu’il y a plus de stockage et de ports chez Microsoft. Même les prix sont proches : en équipant les deux produits des périphériques équivalents (avec un stylet et un clavier), on obtient des tarifs similaires — 1 067 $ pour l’iPad Pro 32 Go, 1 087 $ pour la Surface Pro 4 128 Go.

En dehors du problème de stockage (la radinerie d’Apple est légendaire dans ce domaine), il y a évidemment une très grosse différence entre ces deux produits : le système d’exploitation. Windows 10 se présente comme un OS polyvalent, capable d’accomplir toutes sortes de tâches pour peu qu’on lui joigne un clavier. De son côté, iOS 9 a bien des qualités et cette version offre aux iPad des fonctions « productives » dignes d’intérêt, même si en termes d’usage, iOS est loin d’égaler OS X.

Surface Book

Le Surface Book est un produit étonnant à bien des égards. Cet hybride reprend un concept qui n’a pas vraiment pris chez d’autres constructeurs, celui d’une tablette qui devient un PC portable en y branchant un clavier. Ce PC-tablette (à moins qu’il ne s’agisse d’une tablette-PC) a été volontiers présenté par Microsoft comme un concurrent direct au MacBook Pro, mais « deux fois plus puissant ».

Il est clair que ce Surface Book veut jouer dans la cour des ordinateurs portables les plus puissants, et a du répondant pour justifier ces dires. Le clavier cache en effet une carte graphique qui lui permet de faire fonctionner des logiciels très gourmands — l’un des logiciels mis en avant lors de la présentation a été Photoshop.

Cet hybride inaugure une charnière très originale pour positionner l’écran de 13 pouces comme on le souhaite devant soi, et grâce à un astucieux mécanisme, il est possible de le retirer pour l’utiliser en mode tablette — la fonction Continuum de Windows 10, qui bascule automatiquement l’interface desktop vers tablette, rend ici de précieux services. Il faudra cependant faire sans le GPU du clavier, mais pour des travaux de bureautique légère, de la retouche photo sur le pouce ou de la consultation de contenus, c’est un format malin.

Le diable se cache toutefois dans les détails : le premier prix (1 649 € tout de même) ne comprend pas de carte graphique dédiée. Il faudra choisir le modèle supérieur qui coûte 1 899 $ (plus de 2 000 €, sans doute) pour bénéficier de cette puissance supplémentaire… Autant dire que le MacBook Pro n’a pas grand chose à craindre du Surface Book, mais voir Microsoft lancer un tel PC montre à quel point Redmond est prêt à en découdre — et qu’il met les gros moyens pour mettre la pression non seulement sur Apple, mais également sur ses partenaires constructeurs.

Combler l’espace

Au-delà de la nouveauté de ces produits, voire de la fraîcheur des concepts que Microsoft a présentés, le constructeur ne fait que réinterpréter une partition jouée par Apple depuis 2010 et le lancement du premier iPad. La tablette a connu un immense succès très rapidement, mais depuis plusieurs trimestres les ventes se tassent malgré la grande qualité de ces produits.

On verra, début novembre d’après les rumeurs, si l’iPad Pro a les épaules suffisamment larges pour relancer la machine. Il est toutefois probable que la grande tablette, au mieux, réussira à freiner pendant un temps la baisse du chiffre d’affaires de cette activité. Si le matériel est au point (la Pomme est incontestablement au sommet de son art dans ce domaine), c’est maintenant sur le système d’exploitation qu’il faut faire porter les efforts.

iOS 9 reste encore perfectible, et on imagine encore assez mal l’utiliser dans un cadre productif, exception faite de certains métiers bien ciblés ; si Apple oriente l’iPad Pro vers les dessinateurs et les graphistes, ce n’est pas un mystère (lire : L'iPad Pro, bon pour dessiner des Mickeys).

Tous les constructeurs cherchent à développer le produit qui réussira à combler l’espace entre le smartphone et l’ordinateur portable. L’iPad semblait être le candidat idéal, mais les ventes déclinantes montrent que ce format n’est pas encore la panacée — peut-être qu’iOS 9 aura un impact positif.

En choisissant d’embrasser tous les formats (tablette-PC ou PC-tablette), Apple comme Microsoft montrent qu’ils n’ont pas encore trouvé la formule idéale. En attendant, cela nous donne de beaux produits… et laisse une belle marge de progression aux MacBook.

avatar JLG47_old | 

Reste aussi l'idée génial de MS de transformer un smartphone en PC.
Considérant les performances de ces machines, il faut en mesurer l'efficacité, mais l'idée est intéressante en terme de mobilité.

avatar jipeca | 

Personne n'a rien inventé et faut pas chercher loin : Coaching Exterieur pour Charte de formation aux Certifications ISO, Processus et procédures,Evaluation, Démarche qualité et Pilotage.Formation, Soutien, Accompagnement. But : Démystifier Application, Développement de compétences, Amélioration communication, Maîtrise et Amélioration continue. (Une dizaine de syllabi concoctés en support pour ce coaching aux entreprises francophones dans les années 90/2000 et pompé dans plusieurs publications peu ou prou semblables depuis plus de 50 ans)

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