Les stocks de mémoire se tendent avant l'iPhone 8

Florian Innocente |

Les préparatifs de lancement du prochain iPhone 8 pèsent sur le marché de la mémoire vive, explique Reuters. Le phénomène est connu, il existait déjà à l'époque où l'iPod a connu son envol commercial avec le nano, successeur du mini.

Pour son nouveau baladeur ultra-fin, Apple avait asséché le marché de la mémoire flash en passant d'énormes commandes face auxquelles des acteurs plus petits ne pouvaient s'aligner pour leurs propres achats. Ils subissaient de plein fouet la pénurie engendrée par la Pomme.

Aujourd'hui Apple achèterait à elle seule l'équivalent de 18 % de la production mondiale de mémoire flash. L'arrivée à l'automne d'un iPhone complètement inédit, la première fois en trois ans, fait craindre des volumes de production plus importants encore pour répondre à la demande. Des fabricants ont donc anticipé leurs commandes, et tant pis s'il fallait payer plus cher, pour ne pas se retrouver le bec dans l'eau dans quelques mois avec des stocks à plat.

En rouge, les 128 Go d'un iPhone 7 Plus, un composant fourni par Toshiba. Crédit iFixit

Reuters rapporte les propos de LG qui confirme avoir avancé la date de ses commandes alors qu'une pénurie se dessinait. Un contact chez un fournisseur de mémoire raconte que plusieurs clients n'hésitent pas à accepter des conditions tarifaires plus élevées et à allonger la durée de leurs contrats à 6 mois au lieu des 1 à 3 mois habituels : « Le problème va s'avérer plus vif encore pour le marché de la mémoire flash, où l'iPhone représente une source majeure de la demande du fait de ses énormes volumes de ventes et des décisions récentes d'augmenter les capacités de stockage ».

À l'heure actuelle tous les iPhone 7 sont proposés avec 256 Go de stockage et les derniers iPad Pro ont monté la barre jusqu'à 512 Go. Un distributeur cité dans l'article affirme que clients comme fournisseurs citent l'iPhone 8 comme responsable des délais d'approvisionnement plus longs et des pénuries.

Les fabricants de mémoire sont aujourd'hui capables de proposer des composants aux capacités importantes mais cela ne veut pas dire qu'ils peuvent le faire à grande échelle. Samsung ou SK Hynix ont lancé la fabrication de nouvelles usines mais leur contribution ne se fera pas sentir avant le second semestre au mieux.

SK Hynix a confirmé à Reuters qu'il livrait dans les temps impartis mais que les stocks étaient effectivement bas comme jamais et qu'aucune amélioration n'était à espérer à court terme au vu d'une demande toujours soutenue.

Reuters prend un autre exemple des conséquences possibles sur les fabricants moins bien lotis. Celui de Huawei qui avait multiplié ses sources d'approvisionnement pour son P10, afin de se prémunir contre des ruptures de stocks. Une pratique courante chez tous les acteurs de l'informatique mais qui avait donné lieu à l'utilisation de mémoires aux caractéristiques disparates et aux performances très variables, comme l'avaient relevé des clients du P10.

Deux stratégies peuvent être envisagées chez les fabricants qui n'ont pas la priorité des fournisseurs : réduire les capacités mémoire sur leurs produits (toutefois le marché asiatique est demandeur d'appareils avec de gros chiffres, au point que Samsung y a lancé des S8 avec plus de RAM qu'ailleurs) ou faire le dos rond et ne pas chercher à pousser plus haut les caractéristiques techniques de leurs appareils le temps que l'orage passe.

Autre exemple de l'importance que revêt une stabilité dans l'approvisionnement en composants de stockage, le patron de Foxconn a assuré il y a quelques jours qu'Apple faisait partie, avec Dell et Kingston, des entreprises rangées à ses côtés pour acheter l'activité flash et stockage du japonais Toshiba, numéro 2 mondial du secteur.

Accédez aux commentaires de l'article