RIM prépare un virage à 180° de sa stratégie
Au détour de quelques phrases, le CEO de RIM, Thorsten Heins, a dessiné un virage à 180° de la stratégie de l'entreprise canadienne : plutôt que de se concentrer sur le marché du grand public, elle va revenir à ses sources, le marché de l'entreprise et du service.
Cette décision est la conclusion d'un constat d'échec : certes, le succès récent du BlackBerry est dû à son adoption par les adolescents et les jeunes adultes, mais il ne peut aujourd'hui concurrencer l'iPhone et les téléphones Android sur ce terrain. Pire, les OS d'Apple et de Google sont désormais très bien représentés en entreprise, le marché historique de RIM, où les serveurs BBM et le push sont de moins en moins cruciaux. En essayant de plaire à la fois aux costards et aux tee-shirts, RIM n'a fait que diluer son identité face à des écosystèmes intégrés, avec comme résultat un important recul de ses ventes et des pertes nettes.
« Nous pensons que BlackBerry ne peut connaître le succès si nous essayons de plaire à tout le monde et de répondre à tous les besoins. Notre stratégie est donc de renforcer nos positions », explique Heins. « Nous prévoyons de redéployer nos efforts en direction du monde de l'entreprise et de capitaliser sur notre position de leader dans ce segment » annonce ainisi le CEO de RIM : l'entreprise canadienne retourne à ses sources et sa précédente stratégie qui a si bien réussi, concevoir l'univers le plus connecté en temps réel pour répondre aux besoins de l'entreprise — et tant mieux si le grand public y adhère au passage.
Heins est resté flou, mais il semble que RIM ne cherchera plus, dans le futur, à développer des appareils spécifiquement pour le marché grand public. La société canadienne se concentrera exclusivement à la conception de services aux entreprises, sa spécialité : serveurs mails, services de synchronisation et de push, services temps réel (notamment avec QNX), etc. Dans un premier temps, elle devrait continuer à produire des appareils, mais elle ciblera alors le marché du BYOD (bring your own device, apportez votre propre appareil), à mi-chemin entre le grand public et l'entreprise, ce marché de l'appareil unique pouvant répondre aux besoins du travail et à la connectivité personnelle. Il semble qu'in fine, la société canadienne se dirige vers un modèle où elle ne produira plus de matériel, mais proposera des licences de son OS et de ses services aux fabricants intéressés : « nous ne pouvons pas tout faire nous-mêmes, mais nous pouvons faire les choses pour lesquelles nous sommes bons. »
Le problème est de savoir si cette stratégie prendra (on a vu ce que cela a donné avec webOS) : « la question est : est-ce que nous aurons des partenaires ? » Avant 2007, BlackBerry était le synonyme de smartphone. Puis est venu l'iPhone.
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