RIM présente BlackBerry 10

Anthony Nelzin-Santos |

RIM a présenté aujourd’hui BlackBerry 10, son nouvel OS mobile. Doté d’une interface particulièrement intéressante et accompagné de plusieurs téléphones, il doit permettre à la société canadienne de reprendre des couleurs face à Apple, Google et Microsoft.

RIM change de nom

Research in Motion s’est réinventée et change de nom : elle s’appelle désormais simplement BlackBerry. La marque des téléphones était de toute manière plus connue que la marque de la société, ce changement est donc logique, bienvenu et sans aucun doute bénéfique (mais les journalistes n’auront plus un deuxième mot pour éviter les répétitions).

BlackBerry Z10 et Q10

BlackBerry 10 est présenté au monde sur deux appareils, le Z10 et le Q10. Le Z10 n’est autre que le London que nous vous présentions il y a quelques semaines, un smartphone à écran tactile 4,2". Le Q10 prend la relève du Bold avec son clavier physique surmonté d’un écran tactile carré 3,1".

Ces modèles posent les bases de l'écosystème BlackBerry 10 : les appareils tout tactile auront tous un écran au format 16:9 (avec une résolution de 1 280 x 720 px pour le moment), les appareils à clavier physique auront tous un écran carré (avec une résolution de 720 x 720 px pour le moment).

Les fans du BlackBerry peuvent donc pousser un soupir : non seulement le clavier physique survit (un Curve sous BB10 doit d’ailleurs arriver), mais aussi la si pratique diode de notification. Mais BB10 rompt franchement avec l’ancien système de la société canadienne, avec de très bonnes idées d’ailleurs.

Flow

Le concept central de BB10 est le Flow, le système de gestes qui permet aux BlackBerry de se passer de bouton d’accueil — iOS est clairement la cible. On sort d’une application avec un geste depuis le bas : une mosaïque des dernières applications s’affiche alors. BlackBerry appelle cela « du multitâche temps réel », et il est vrai que la chose est plus rapide et naturelle que les clics multipliés sur le bouton d’accueil.

Peek

Peek est un autre geste, une sorte de L inversé depuis le bas, qui permet d’accéder aux notifications. Un geste court permet d’afficher le nombre de notifications : on peut donc revenir rapidement à l’application en cours. Un geste plus long affiche le Hub, qui regroupe toutes les notifications.

Hub

Ce Hub, justement, intègre vos comptes mails, vos comptes sur les réseaux sociaux (Twitter, Facebook, Linkedin, Foursquare) et BlackBerry Messenger. L’idée de BlackBerry 10 étant d’éclater les silos des applications, vous pouvez répondre à un mail ou composer un tweet depuis le Hub, y ouvrir la fiche d’un contact pour lui passer un coup de fil, ou même vérifier votre agenda.

Clavier

Si BlackBerry continuera de produire des appareils à clavier physique, elle a apporté un soin tout particulier à son clavier virtuel. Si vous tapez un « a », le clavier affichera par exemple « à bientôt » au-dessus du « b » et « automatique » au-dessus du « u » : glissez votre doigt vers le haut sur la lettre et le mot sera complété.

Le clavier apprend au fur et à mesure et est censé vous permettre de composer des phrases entières en ne tapant que quelques lettres et en complétant la plupart des mots — « écrire sans taper » selon BlackBerry. Les premières démonstrations sont, il faut le dire, particulièrement convaincantes.

Enfin, le clavier est capable de passer d’une langue à une autre automatiquement : si vous insérez de l’anglais au milieu du français, l’auto-complétion changera de langue automatiquement.

Balance

BlackBerry Balance divise le système en deux, une partie pour les besoins professionnels, une partie pour les utilisateurs — l’idée est de proposer un compromis entre les DSI et les utilisateurs dans le mouvement BYOD. D’un geste vers le haut, on peut passer d’un « univers » à l’autre : le versant personnel est entièrement géré par l’utilisateur, le versant professionnel est géré par l’entreprise.

Ces deux parties sont indépendantes l’une de l’autre et placées dans un bac à sable : l’entreprise ne peut pas accéder aux données personnelles et l’utilisateur ne peut pas outrepasser les droits qui lui sont offerts. On peut aussi s’en servir pour simplement séparer des apps selon les besoins.

BBM

BlackBerry Messenger est évidemment intégré à BB10, mais a reçu quelques nouveautés. On savait qu’il intégrerait un système d’appels vidéo similaire à FaceTime, BlackBerry a aussi levé le voile sur une fonction de partage d’écran. Rappelant iChat Theater, elle permet de partager des contenus sans avoir besoin de les envoyer : des images entre amis, des documents entre collègues.

De gauche à droite : BBM texte, appel vidéo, partage d’écran.

Remember

Remember est une sorte d’application de rappels accessible depuis tout le système : on peut rapidement y ajouter une page web depuis le navigateur, y envoyer un document ou un courriel, ou y ajouter une note textuelle ou un mémo vocal. Elle intègre Evernote et reprend d’ailleurs l’organisation en carnets.

Multimédia

BlackBerry a présenté une nouvelle fois l’appareil photo de BB10, qui permet de prendre une photo en appuyant n’importe où sur l’écran et de mettre au point en glissant. Il intègre une fonction TimeShift qui permet, à partir d’une rafale de photos, de choisir le meilleur visage des personnes sur l’image — Nokia propose une fonction similaire sur Windows Phone, « photo intelligente ».

Un éditeur photo est intégré à BB10 — avec des filtres, oui, tout comme Story Maker, un petit éditeur de vidéo semblable au mode d’iMovie qui permet de créer des bandes-annonces.

Store

BlackBerry a entièrement revu sa boutique : elle ne contient pas que des apps, mais aussi de la musique, des films et des séries TV (de tous les grands labels, grands studios et réseaux principaux de chaînes). Environ 70 000 apps sont disponibles au lancement, dont certains viennent d’Android (BB10 intègre un runtime Android) dont Skype, Kindle, WhatsApp, Dropbox et Box, les jeux d’EA, de Gameloft, de Rovio et de nombreux studios indépendants.

Quand ?

BlackBerry aura mis le temps, mais sa proposition est cohérente et intéressante sur le papier. La société canadienne n’a pas pu s’empêcher de faire des annonces aussi saugrenues que la nomination d’Alicia Keys au poste de « directrice de la création », mais a aussi réussi à éviter le syndrome webOS : le BlackBerry Z10 est disponible dès demain.

En France, il sera proposé à partir du 1er février par Bouygues Telecom à partir de 99,90 € avec un forfait Eden et sera disponible dans le catalogue B & You. SFR est aussi partenaire de BlackBerry, mais Orange semble s’être tenu à l’écart pour le moment.

BlackBerry 10 est donc là, et il ne faudra pas attendre pour le tester. Le plus dur est à venir pour BlackBerry : son OS convaincra-t-il face à iOS et Android ? Permettra-t-il d’arrêter l’hémorragie, voire même de gagner de nouveaux clients ? BlackBerry 10 regorge de bonnes idées, et il faut au moins ça pour relever la tâche herculéenne qui lui incombe.

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