Entre une bombe atomique et un restaurant au Kansas, Jimmy Iovine prédit la mort de Spotify

Mickaël Bazoge |

Jimmy Iovine, le grand manitou qui gère les activités musicales d'Apple, sait très certainement ce qu'il fait. Au moment de l'expliquer, c'est tout de suite plus compliqué. Interrogé par Billboard dans le cadre de la promotion du documentaire « The Defiant Ones » qui retrace la carrière de Iovine et de Dr Dre, il est une fois encore tombé sur le râble de Spotify.

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Jimmy Iovine n'aime pas Spotify, en particulier l'offre d'écoute gratuite financée par la publicité du service concurrent d'Apple Music. À lire entre les lignes, il en prédit même la mort prochaine : « Les services de streaming sont dans une mauvaise passe, il n'y a aucune marge, personne ne gagne d'argent ». S'il fallait quelqu'un pour savonner la planche de Spotify avant l'entrée prochaine en Bourse de l'entreprise, Iovine est là.

Il est toutefois difficile de donner tort à ce vieux requin de l'industrie de la musique. « Le business du streaming n'est pas un super business. C'est bien pour les grandes entreprises comme Amazon, Apple, Google… Bien sûr, c'est une petite part de leur activité, très bien, mais Spotify est le seul "pure player", pas vrai ? Il leur faut trouver un moyen de transformer ça en vrai business ».

Histoire de se faire bien comprendre, Iovine décline les exemples : « Amazon vend [son abonnement] Prime ; Apple vend des téléphones et des iPad ; Spotify va devoir trouver un moyen pour que ses clients achètent quelque chose ».

Et que se passera-t-il si un jour un des mastodontes du secteur voulaient secouer le cocotier de ce marché ? « Si demain matin Jeff Bezos [le patron d'Amazon] se levait et se disait "Vous savez quoi ? J'ai entendu les mots 7,99 $. Je ne sais pas ce que ça veut dire, et quelqu'un dirait Pourquoi ne pas essayer 7,99 $ pour de la musique". Whoah, devinez ce qui se passerait ! ». Spotify ne s'en relèverait sans doute pas.

Jimmy Iovine donne aussi son avis concernant la technologie, en général. « La position de la technologie dans la vie, pour moi, c'est comme la médecine. C'est comme la science : on voit un problème, on le résout. Et ça ne pense pas aux conséquences sur les autres ». Il poursuit en filant une métaphore risquée :

[Pour la technologie], la bombe atomique [c'est comme] : "Oh nous allons séparer un atome". Ils ne se disent pas "Les gens à Hiroshima vont mourir", vous comprenez ? L'industrie du disque ne sait pas où la technologie va l'emmener. Par le passé, la technologie a aidé. Je vous donne la chaîne des événements : l'album a été transformé en business ; les cassettes, les 8 pistes, changés aussi en business ; le CD, une activité qui a explosé ; qu'est-ce qui a été le truc le plus important ensuite ? Le MP3, qui a divisé par deux le business. Donc, ça peut arriver n'importe quand. Personne ne le sait. Tout le monde essaie de trouver son rôle, là où ils seront au mieux.

🤔 Difficile parfois de suivre le fil de la pensée de Iovine, qui conclut cette interview par une nouvelle pique contre Spotify et les services gratuits. « Transportez-vous au Kansas, sans travail, et YouTube est gratuit, Pandora est gratuit, Spotify est gratuit. Il y a un restaurant en bas de la rue qui sert la même nourriture que le restaurant tout en haut de la montagne qui a cette superbe vue, sauf que le restaurant [du bas de la rue si on a bien compris] est gratuit, beaucoup de monde ira manger là. Ils utiliseront des serviettes en papier, ils s'en foutent des serviettes en tissu ».

Si l'on met de côté le fait que cette histoire se déroule au Kansas (et les serviettes), on comprend en creux ce que Iovine peut vouloir dire avec ses mots à lui : à force d'habituer les gens à la gratuité, ils se contenteront d'une qualité médiocre. « Ce sont des problèmes que l'industrie du disque doit gérer, et je ne sais pas s'ils sont au courant. Et ce n'est pas mon travail » dit celui qui était un des pontes les plus importants de cette même industrie, et qui est aujourd'hui à la tête du deuxième plus grand service de streaming musical au monde.

avatar ckermo80Dqy | 

@AlexG

« J'avais essayé Qobuz un mois, et ça n'avait aucun intérêt pour moi. La plupart des morceaux n'étaient pas en qualité CD »

Ça dépend de quelle « musique » tu parles... ?

avatar PierreBondurant | 

@AlexG

Ça dépend de quelle musique et sur quel appareil tu l’écoutes. 50 cent sur Qobuz ou Spotify, c’est dur de faire la différence.
Tout ce qui est instrumental (piano, guitare, violon, orchestre), tu fais assez rapidement la différence: un iPhone et un bon casque audio suffisent (j’attends avec impatience de tester les casques exploitant le Bluetooth 5 a ce sujet)

avatar heu | 

Quel mépris de classe… ce mec est ignoble.

avatar Mac_Gay | 

Comme toujours je conseille aux anglophones d’aller voir l’article original, parce qu’entre la sortie du contexte de certaines phrases et la traduction médiocre (qui doute explicitement d’elle-même), Mickaël n’a pas signé là son plus bel article...

Désolé, j’aime bien MacG, mais sur ce genre d’articles qui rendent compte d’u e interview donnée ailleurs en anglais, vous avez une marge de progrès considérable!!

avatar pechtoc | 

Franchement il a une manière de s’exprimer étrange, tout n’est pas claire dans ce qu’il dit et certainement dans sa tête. Quoi qu’il en soit il semble parler de Spotify comme service gratuit alors que c’est encore de loin le service ayant le plus d’abonnés payant.
Actuellement c’est l’industrie du disque qui dicte les prix, sinon un Bezos aurait déjà baissé ses prix vu que c’est son business model dans tous les domaines qu’il touche. De plus, les abo famille auraient dû tuer Spotify si on le suit.

Lovine a certainement la rage que Spotify a senti le filon et a su s’imposer avant lui, même avec un mastodonte tel qu’Appke derrière lui aujourd’hui.

avatar Bigdidou | 

"Pour la technologie], la bombe atomique [c'est comme] : "Oh nous allons séparer un atome". Ils ne se disent pas "Les gens à Hiroshima vont mourir", vous comprenez ? "

On dirait du Vandamme dans ses bons moments.

avatar Yo83 | 

En attendant moi, je préfère Spotify à Apple Music, je paie mon abonnement mensuel avec plaisir, et comble du bonheur il s’affiche à présent sur Xbox One :)

avatar r e m y | 

@Yo83

Idem. Après plusieurs essais de 3 mois d'applemusic, un abonnement à Qobuz pour la qualité supérieure des fichiers, je suis revenu systématiquement à Spotify qui correspond mieux à mes goûts musicaux.

Je serais même prêt à payer plus cher !

Et par principe je serais désolé que certains services de streaming disparaissent et en particuliers les pure players ne dépendant pas d'un conglomérat type Google ou Amazon. Le choix est important pour les utilisateurs pour que chacun trouve chaussure à son pied.

avatar WillyRonis | 

Spotify c’est Suédois il me semble... ils savent ce qu’il font...

avatar LisbethSalander | 

@WillyRonis

Même si c’est dans un but positif, cela reste un préjugés/ stéréotypes d’associer un trait de compétences à une nationalités.
Si Spotify aurait été italien cela serait différent ?
Bah oui, les Italiens sont des fainéants dépensiers qui ne savent que manger des pizzas non ?

avatar WillyRonis | 

@LisbethSalander

pas à une nationalité.... ce serait discriminatoire.... mais à une façon de travailler...

avatar LisbethSalander | 

@WillyRonis

7 startups sur 10 dans la Silicon Valley échouent.
8 sur 10 ne sont pas rentables.
Les start up de la SV doivent donc s’inspirer des suédois ?
Je pense qu’il y a aussi un gros n’importe quoi en ce moment sur les pays scandinaves. Comme ce lecteur du monde disant que les cas de harcèlement sexuels ne touchaient pas les pays nordiques, et deux jours après tu apprend qu’un comité de 1000 actrices suédoises dénoncent le sexisme et le harcèlement du milieu en Suède. C’est un peu ça que m’évoque ton commentaire, un gros fantasme de tout ce qui est nordique, comme on en entend partout en ce moment.

avatar lecureuil | 

En attendant pendant que Lovine sort des âneries, il y a toujours plus d’utilisateurs sur Spotify que sur Apple Music ?
Je trouve ça bête et moche de dénigrer un concurrent de la sorte.
Ce type n’a vraiment pas la même comm que les autres cadres d’Apple

avatar tbr | 

Heureusement, Jimmy a décidé de passer toute la bibliothèque musicale Apple en 1024 bits/sec...

Oh wait ! On me dit que non.

Même chez Apple, la qualité est en papier.

avatar k43l | 

Très fumeux ce qu'il dit...

Si les services musicaux pouvait être à 8$ ça serait déjà fait.
Sauf que la part des maisons de disques est tellement grande qu'au final ils peuvent pas se le permettre. Subventionné les maisons de disque n'est pas leur but. Si on rajoute le cout de fonctionnement, on a un cocktail ou aucun acteur n'est rentable.

C'est à celui qui atteindra le plus rapidement la taille critique.
Reste à déterminer celle ci, car à 40 millions d'abonné pour spotify donc potentiellement 400 millions de dollars d'entré par mois, ça ne suffit pas.

avatar en ballade | 

L’analogie des restos est à vomir, comme le personnage

avatar lolo1963 | 

Jean Claude Van Damme sort de ce corp !

avatar eastsider | 

Sauf que spotify , meme en gratos est mieux qu apple music en payant j ai testé 3 mois apple M et la je suis revenu a mon petit spotify blèch qui me fait decouvrir plein de son et d artiste avec ses pures playlist et radio.

avatar Macbec2 | 

Les artistes disent qu'ils ne font pas d'argent....Lovine nous dit que les services de streaming ne font pas d'argent....mais où va donc l'argent que l'on donne chaque mois ? Personne ne parle de Deezer ou Tidal qui offrent un excellent service se streaming et en qualité CD / FLAC ?
Quel est l'avenir pour des services de streaming qui offrent de la qualité ?

avatar anonx | 

C'est quoi Apple Music ? ?

avatar p@t72 | 

Traduction Google...

Musique de pomme ?

avatar Ced' | 

Aparté pour la feuille de route... je ne sais pas dans quelle mesure la source originale tronque les propos ou pas de Lovine mais un détail est intéressant, néanmoins marginal par rapport au sujet du streaming :

"Apple sells telephones and iPads".

Où l'on voit que hasard ou pas, il n'est plus question de mac. Il est sans doute des signes, comme ça, qui ne trompent pas...

avatar dvpod | 

En meme temps, il n'y a qu'en achetant des produits pas cher qu'on est sur d'en avoir pour son argent.

Les entreprises sont tellement plus axées sur le profit que la qualité, qu'on ne sait pas si un produit cher est un produit de qualité, ou si c'est un produit moyen avec une marge colossale.

Donc autant prendre un produit pas cher, c'est de la merde mais on le sait et on ne sera pas déçu.

avatar Applesoft | 

Les propos de Iovine sont justes. Je vois pas pourquoi ça en choque certains. C’est la réalité du marché, nous les consommateurs qui sommes à blâmer si vous n’êtes pas contents. En tant qu’abonné Spotify, je participe à ce qui déplaît à certains. Moi je considère que le streaming est un service extraordinaire. On écoute ce qu’on veut, où on veut, quand on veut. On dispose aussi de nombreux services (radios personnalisés, playlists, partage etc).

Ce n’est pas la faute de Iovine. Lui il ne fait que tirer son épingle du jeu. Le capitalisme est amoral. Si le business de la musique n’évolue pas dans un sens qui vous convient, il faut militer pour un encadrement législatif. Apple, Tidal, Deezer & Co ne font que du business avec les règles qu’on leur fixe.

On s’en prend souvent à Apple et Spotify mais c’est oublier qui tire les ficelles, qui détient les droits, qui décide dans une certaine mesure de la vie ou de la mort du streaming : les maisons de disque ! Elles ne sont jamais perdantes elles.

Spotify en revanche n’arrive pas à rentabiliser son affaire quand bien même ils dépassent les 50 millions d’utilisateurs (moitié moins qu’un Netflix). Il faut juste espérer qu’ils arriveront à diminuer substantiellement le coût d’acquisition de nouveaux clients dans un avenir proche et deviendront alors rentables après leur introduction en Bourse (qui est inéluctable à horizon 2 ans, je rentre pas dans les détails).

La différence, c’est que Netflix possède les droits sur la majorité de son contenu. Tout la différence est là. Spotify n’arrive pas encore à « imposer » des négociations en sa faveur alors qu’ils ont une base d’utilisateurs monstrueuse.

avatar Brice21 | 

La drogue ça abime.

avatar LogBoy | 

Avant de commenter, commencez déjà par apprendre à écrire son nom correctement. Sérieusement c'est fatigant.

avatar kinon | 

L'argument de lovine qui a du sens c'est qu'un pure player comme spotify doit vivre de ses abonnements, contrairement à des gafa comme amazon, Apple, ou autres qui peuvent se servir de ce service comme un argument marketing pour assurer les ventes de leurs produits très rentables. Et donc du jour au lendemain si spotify leur fait de l'ombre, baisser leurs prix assez pour couler leur concurrents pure player.

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