Quand Frédéric Beigbeder s’attaque à la dématérialisation

Christophe Laporte |

“La guerre ! C'est une chose trop grave pour la confier à des militaires”, disait Clémenceau qui n’avait jamais sa langue dans sa poche. Quand on écoute les propos de Frederic Beigbeder, il faut espérer que les mains de l’industrie du livre ne soient pas dans les mains des écrivains si tant est qu'il en en soit un fidèle représentant.

Ce matin, sur Europe 1, pour la promotion de son dernier ouvrage, "premier bilan avant l'apocalypse", il s’en est pris violemment à la dématérialisation.

Extraits choisis et retranscrits par nos confrères de PC INpact : “tout le monde me sort un couplet progressiste et scientiste, comme quoi les écrans c'est merveilleux. Non les écrans ce n'est pas merveilleux, c'est effrayant et on l'a vu déjà pour l'industrie du disque : il n'y a plus de disquaire ! Voilà ce qui va se passer les gars, dans 5 à 10 ans, non seulement la disparition de cet objet qui avait six siècles et qui nous a donné le roman moderne, mais aussi la fermeture des librairies, des maisons d'édition, des suppléments littéraires dans les journaux, et peut-être la fin de la critique littéraire, peut-être la seule bonne nouvelle".

Il continue en donnant sa définition toute particulière du terme dématérialisation : “Comme si la dématérialisation n'était pas un drame en soi. Or si, c'est un mot très poli pour dire destruction, destruction du livre, de la musique. Pourquoi est-ce que les gens sont si pressés de se débarrasser des objets culturels ? Je ne comprends pas". Et les bons chiffres des ventes actuels ? "C'est le dernier chant du cygne avant l'apocalypse !"

Voulant se la jouer “militant”, Beigbeder va plus loin en affirmant que son dernier livre ne sera pas disponible en édition numérique. Et prévient ceux qui souhaiteraient le télécharger : “ce livre n'est pas disponible sur internet donc si vous le trouvez, c'est que vous l'avez piraté et par conséquent c'est ma main dans la gueule”.

Alors, certes ce n’est pas la première fois qu’il s’attaque au livre numérique. On peut lui reconnaitre une certaine constance sur ce point. Toutefois, de la parole aux actes… Si “premier bilan avant l'apocalypse” n’est pas disponible sur l’iBookstore, on trouve bon nombre de ses anciens livres sur la plate-forme d’Apple.

De plus, Frederic Beigbeder est trop cultivé pour ne pas savoir que la littérature a, à toutes les époques, été influencée par les progrès techniques. De ce point de vue, la dématérialisation devrait apparaitre pour les écrivains comme une formidable opportunité.

Alors, est-ce juste une posture légèrement provocante pour faire la promotion d’un livre ? Ou est-ce l'illustration d'une certaine littérature française passéiste et un peu trop centrée sur soi-même ?

[Via : PC INpact]

avatar Hellix06 | 
La comparaison avec la musique être nuancée. Comme toute culture, littéraire, architecturale, picturale, la musique n'a, pendant des millénaires, pas eu de support matérialisé. Elle transmettait d'humain à humain. C'est seulement au 20 eme siècle qu'on a vu des supports de la musique se multiplier (78/33/45 tours,cassettes,CD...) Avant ça les gens se transmettaient la musique directement. Dans ce cas le support matérialisé a plutôt été un vecteur de l'appauvrissement culturel musical général. Mais il a aussi permis la diffusion tous azimuts de musiques qui seraient restées confinées dans des villages ou dans des régions. Actuellement, dans les communautés (familles, villages) on ne chante plus beaucoup, on joue rarement de la musique ensemble. On consomme celle d'autres. La question qui se pose est donc: quelle culture musicale va- t-elle disparaître avec la dématérialisation? Celle de l'industrie du disque (dont la tâche consiste à vendre une culture produite par d'autres ), ou celle des musiciens qui peuvent se passer de la première pour la transmettre à d'autres musiciens ( en se faisant payer ou pas, on parle de transmission )? Donc la musique n'a pas besoin de support matérialisé pour survivre. Les œuvres de Beethoven, Brahms, Mozart, et leurs copains ont survécu sans support autres que le papier. On ne sait rien de la façon dont leurs œuvres ont été interprétées. Elles se sont transmises. Liszt s'est servi dans des milliers de mélodies que le petit peuple se transmettait de bouche à oreille. Certes on en a perdu des millions depuis les débuts de l'humanité, mais c'est parfois pas plus mal. Pour en venir à la littérature, on fait un constat similaire. Combien de textes bibliques coraniques, grecs, romains, chinois, indiens ont disparu, ou pire, ont été pervertis au cours des millénaires? Ils nous manqueraient peut-être, à la condition qu'on connaisse l'existence de leur version originale. Les gesticulations ne permettent pas de conserver les biens culturels. La seule façon de conserver, c'est de transmettre, comme le jardinier transmet ses connaissances à ceux qui veulent bien s'intéresser à la culture des centaines de variétés de tomates, pommes de terre, choux, poireaux et à la manière de produire une terre féconde. Seuls les Monsanto et autres voleurs de semences ne pourront pas imposer la monoculture intensive. Mais seulement si individuellement on se donne la peine de transmettre nos propres cultures et nos propres savoirs.
avatar Marksanders | 
@paddy57 Tout à fait. La musique c'est la musique, pas le CD. Le livre c'est les mots, pas le papier etc. Le média n'a aucun intérêt, le CD ou le livre sont même peu pratiques et peu confortables si on les compare au numérique. Le seul avantage du CD ou du livre c'est qu'il n'a pas de DRM, qu'il peut se prêter ou se revendre. Je n'en vois pas d'autre. Je lis sur iPad mais le choix est vraiment très limité, c'est dommage.
avatar Marksanders | 
Discours passéiste. Un livre sur jPad reste un livre, le papier on s'en fiche, seul le texte compte. Il y a bien longtemps que le livre n'est plus un bel objet pour le roman en tout cas.
avatar lgda | 
@showmehowtolive : 'Un livre sur iPad reste un livre, le papier on s'en fiche, seul le texte compte.' C'est un point de vue de consommateur tout a fait dans l'air du temps, j'achète, je consomme et je jette. Le livre papier a aussi une fonction de partage du savoir et de la culture, de la transmission dans le temps, et ça le numérique en est incapable comme je l'ai dit plus haut. Alors oui, pour lire dans l'instant T on se fiche bien du papier, le résultat est le même, c'est une affaire de goût. Mais il n'y a plus ni partage ni transmission de l'œuvre pour le futur.
avatar Human-Fly | 
@Philactere Je ne comprends pas bien pourquoi avec le numérique il n'y aurait ni partage ni transmission de l'œuvre dans le futur, en dehors de l'impossibilité du prêt, qui n'est même pas irréversible car on peut très bien instaurer un prêt numérique. J'étais en stage il y a peu dans une médiathèque qui prévoit d'acheter des kindle pour les prêter aux abonnés, avec un catalogue important d'œuvres qui sont dans le domaine public. Ils prêteront les kindle, mais on peut aussi envisager le prêt du seul fichier, si l'usager a une liseuse. On peut bien louer des films sur iTunes, c'est le même système en gros. Le numérique est plutôt une sécurité supplémentaire pour la conservation des documents, pas son péril. Les bibliothèques peuvent brûler, le papier n'est pas plus sûr que le numérique. Le numérique est facilement duplicable et peut se répandre rapidement. Je serai plus rassuré avec une numérisation de masse que sans, sans remettre en cause le support papier. On a tous lu des livres qui ne méritaient pas, sinon d'être imprimés, du moins qu'on les conserve, avec toute la place que ça prend. Cela dit, je ne jette pas les livres, ni les cd, mais j'ai apprécié de me débarrasser d'un petit nombre d'entre eux. Ce qui m'amène aux livres d'occasion, ou aux bibliothèques. On a tous lu des livres de poche d'occas' ou de bibliothèques : 20 ans, trente ans d'âge, mauvais papier jauni, nids à poussière, que je ne peux lire sans éternuer, pleurer et qui piquent le nez. Ces livres là, je ne les aime pas. Si bien que du moment où ma vie ne dépend pas de la lecture d'un ouvrage (eh oui, ça arrive), je préférerai l'e-book à ces vieilleries sales qui sont passées entre toutes les mains.
avatar mistergregwil | 
"Le mec balance une idee d'extremiste" Des fois en ces lieux ça n'est guère mieux.
avatar mistergregwil | 
"Discours passéiste. Un livre sur jPad reste un livre, le papier on s'en fiche, seul le texte compte." La culture est le propre de l'humain, vouloir la dématérialiser est d'une stupidité digne de gens qui justement n'en ont aucune.
avatar Marksanders | 
@Un Vrai Con La culture c'est le contenu, pas le contenant surtout pour la musique ou les romans.
avatar Olivier.w | 
Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme
avatar jesopog | 
Tiens je croyais qu'il était ecolo le bobo, ... Plus sérieusement, il devrait apprendre le mot nuance. Pour par exemple, nuancer ses propos! Il est vrai qu'un bon livre ou roman sur papier, c'est beau, c'est classe, cela se préserve et s'achète chez un libraire passionné ! Par contre les mauvais bouquin d'informatique, les livres des politiques, des gens de la télé réalité, les romans arlequin, les romans des "pseudos" écrivains , ... C'est ça qui tue l'industrie du livre, et qui ne mérite pas de finir sur du papier! Vive la dématérialisation et la sauvegarde de la foret ! Pour me donner en exemple, j'achète mes livres sur iPad (qui sont d'ailleurs trop cher!), et si ils le méritent, je les rachètent en version papier! Pourquoi l'industrie du livres se plaindraient ?! D'ailleurs je fais pareil pour la musique et les films, ...
avatar Marksanders | 
@industrialpanda Un iPad ou un Kindle c'est moins lourd qu'un roman. Les poches c'est autre chose mais on peut imaginer un Kindle de poche. Pour l'instant, le prix fait qu'on ne le sort pas dans le train ou à la plage mais dans 5 ou 10 ans, un Kindle vaudra le prix d'un nouveau roman...
avatar STi_wings | 
Ha la la ! Cet imposteur de Begbeder ouvre encore son claque-merde pour débiter des conneries. Plus prétentieux, hypocrite, lâche et arnaqueur que lui, tu meures ... La seule chose louable dans son intervention, c'est qu'il défend l'industrie du livre dans sa globalité, il la joue collectif. Du moins je l'espère, parce que si son intention est de défendre indirectement une n-ieme merde qu'il nous pond, va falloir penser au combo cure anti-alcoolisme/anti-drogue. Il est logique qu'il y ait des défenseurs du livre papier (j'en fais partie), mais il faut aussi savoir évoluer avec le progrès. Ce crevard a juste peur pour ses deniers parce qu'il n'a pas su se mettre à la page (ho ho). Lui qui se définit comme talentueux ! Et tant pis si ça ne plait pas aux philosophes de comptoir, FB est une arnaque à lui seul, un temple de l'idiotie.
avatar jseb1504 | 
Apparemment, certains oublient les vieux livres trouvés ds de vieux cartons ds un grenier... C'est cela qui va se perdre ! Je suis tjr en train de me demander ce que penseront mes enfants de la musique que j'ai sur itunes! Il n'y a aucune saveur à la découvrir comme j'ai pu avoir avec les vinyls de mes parents ! Idem pour les livres acheté neufs, d'occaz, je vois mal mes enfants fouiller ds un ordi in fichier pdf pour aller le lire ds sa chambre tranquillement ! De même pour les bédés, j'ai adoré jeune acheter des fluide glacial decouverts d'occaz à moitié prix.....
avatar Marksanders | 
@gregelhombre C'est vrai mais personnellement je ne suis pas pour l'entassement de contenants. J'utilise Spotify, je loue mes films, les bouquins aussi ou je les revends ou les donne. Pour mes enfants, je leur parle de ce qui est sympa à lire, écouter, voir etc. Je préfère un futur avec une bibliothèque mondiale type Spotify mais pour le livre, les films également plutôt qu'un avenir d'achats et de stockage de contenants.
avatar bompi | 
Comme toujours dans les commentaires sur ce genre d'article on y trouve un grand mélange. Déjà il ne faut pas confondre le support et l'usage qui en est fait. Un livre numérique reste un livre, le contenu est le même qu'il soit sur papier, e-reader, parchemin, grimoire. Après chacun peut en faire ce qu'il veut, certain vénèrent le livre papier, d'autre le considère comme un cale porte. Certain entasse les livres chez eux, y compris les navets, car le simple fait de ce séparer de l'objet est un supplice d'autre le revende sitôt fini de lire car c'est un "bouquin". Et certain classifie différemment les livres en fonction du contenu, comme déjà dit un livre de programmation ben au bout de 3 ans maximum il sert juste de nid à poussière, mais à coter il a sa collection de roman/bd/manga/encyclopédie {cocher la case} qui ont le droit à leur conservation ad-vitam. Après oui actuellement il y a des limites, tient les mêmes que les premiers fichiers audio dé-matérialisé, techniques : - DRM : a la demande des auteurs presque systématiquement - La conservation : si on utilise un format ouvert (epub) on réduit à pas grand chose le problème, mais il faut que les distributeurs accepte que l'on puisse lire nos achats sur un autre support. Ensuite il va falloir que nous utilisateurs des produits numériques on prenne conscience que le numérique vie, il n'est pas fait dormir, on doit parfois modifier le format d'enregistrement pour passer à un format plus universel ou plus moderne. Les éditeurs, ne s'engraissent pas autant qu'ils le voudraient, les distributeurs eux font fortune (40 à 50% du prix payer c'est pour eux, loin des 30% d'Apple). Ils passent au numérique à la demande des lecteurs c'est une modification des métiers, des formations mais pas de suppression de poste pour autant un peut comme l'arrivé des machines à écrire en remplacement du carnet. Les libraires : ils souffrent déjà actuellement face aux grandes surfaces, ils sont de moins en moins passionnés, demain ils pourrais vendre du poisson aussi bien, et beaucoup on déjà fermé suite à une évolution de nos modes de consommation, car oui ce sont les lecteurs qui font évoluer le marcher, qui sait que plus de 30% des ventes de livre se font en supermarché ? (Auchan, leclerc, carrefour, U....) Après Mr BBD à sur ce coup là je pense vraiment fait un coup de pub, tous bon écrivain qu'il soit.
avatar jack-from-souss | 
A l'écouter il devrait encore faire le scribe sur du papyrus...
avatar an3k | 
Je suis depuis toujours, au grand désespoir de mon épouse qui voit s'empiler partout les livres, un grand amateur de livres et j'ai des bibliothèques bien encombrées. J'ai toujours apprécié la tenue du livre, sens sensations en main etc... Je suis depuis quelques semaines le possesseurs d'une liseuse, un Nook Touch. J'ai acheté et lu quelques ouvrages (à un prix que je juge prohibitif en France) et j'ai aussi retrouvé sous forme d'ePub des ouvrages que je possède pour les mettre sur ma liseuse. Et bien je suis le premier étonné du plaisir que me procure ma liseuse. Au final, le contenu, le texte et plus important que le contenant (qu'il s'agisse du livre papier ou de ma liseuse). Je n'ai plus l'odeur du papier ni la sensation du tourner de page. Et alors ? A côté de ça, j'ai dans mes mains, ma poche (j'ai souvent ma liseuse avec moi), le livre que je lis, le prochain ainsi que les ouvrages que j'ai pris un plaisir extraordinaire à lire sous forme papier et que j'ai maintenant presque en permanence avec moi, sous forme électronique. Bien entendu, ma liseuse n'est adapté qu'aux ouvrages texte. Les beaux livres de ma bibliothèque ou les BD ne passent pas, pour l'instant et en l'état de la technique, sur une liseuse. Mais pour le reste, je n'achèterai plus que des livres électroniques. Dernier point: Au US, le Nook Touch permet de prêter un livre à un autre personne. Il devient juste indisponible sur la liseuse le temsp du prêt.
avatar max68lola22 | 
essayer de trouver une librairie française a Bangkok ou Tokyo bref je fais comment pour lire son dernier roman ?
avatar Yves_M | 
Ba tu le commandes sur internet....
avatar Mousse72 | 
En tous cas, les frères Beigbeder devraient se concerter pour avoir une vision cohérente des acquis comme du progrès. Je m'explique pendant que Frédéric nous oppose tradition et métiers qui risquent d'être condamnés par le progrés destructurant et incontrôlé de la dématérialisation via l'informatique, Charles lui destructure anciens métiers et terroirs en déportant l'agriculture dans des pays émergeants. Dixit Wikipedia, sa société AgroGeneration a son activité "centrée sur l'Ukraine et l'entreprise a pour objectif de cultiver 100 000 hectares en Ukraine d'ici 2012". J'ai vu l'autre jour un reportage sur l''Ethiopie verte, pas celle où on créve de faim, mais celle qui est cultivable et qui voit s'installer de grosses boîtes agro-alimentaires venues d'Inde... Ils font certes travailler une partie des locaux, pour des salaires de misère, mais ceux qui accédaient avant à ces espaces (culture et élevage) sont condamnés à dégager. L'Etat loue d'immenses espaces aux compagnies indiennes à 3 € l'hectare pour 60 ans, et spolie les siens. Les sociétés agro-alimentaires indiennes participent d'une future dérèglementation mondiale des prix agricoles, et paye des ethiopiens armés de Kalachnikov pour préserver leurs nouveaux territoires.... Du coup tensions inter-ethniques... Alors, je serais bien curieux de connaître la situation en Ukraine, et quel prix cette "dématérialisation" de l'agriculture aura demain sur nos paysans dont on imagine Frédéric nous louer l'importance au même titre que les écrivains, imprimeurs et libraires... Entre celui qui voudrait protéger une filière ancienne (au profit de son commerce), et l'autre qui participe de la casse de notre patrimoine agricole (au profit de son commerce), il y de la cacophonie dans l'air... Chez les Beigbeder, Frédéric foutera-t-il son point dans la gueule de Charles au nom de ses principes vertueux ???
avatar Satoral | 
Bon, on va faire court, me suis déjà tapé le débat hier et pas envie de repasser l'après-midi à le faire ^^ Beigbeder, il fait de la promo pour le coup. Normal, c'est la rentrée littéraire, Stock a déjà fait le coup et t'as 654 bouquins qui sortent en deux mois (sur ces 654, t'en as 3 ou 4 qui seront rentables, les autres seront détruits dans 6 mois, ce qu'on appelle la mise au pilon. Bref, dans 6 mois, certains bouquins ne seront plus en stock et ne pourront plus être achetés, c'est le système d'office qui fonctionne comme ça). Par contre, me suis tapé son bouquin, au moins le début, et le propos est largement plus nuancé. D'une, il compare la mise au pilon à un auto-dafé ; il renvoie à Bradbury. Donc critique envers éditeurs et système. De deux, il croit peut-être plus dans le succès du numérique que des lecteurs/auteurs/éditeurs numériques eux-mêmes. De trois, et c'est en relation avec le deuxième point, il pense par exemple au livre enrichi, qu'il reconnait comme pouvant être intéressant, mais qui va peut-être faire mourir le roman tel qu'on le connait, comme le cinéma a modifié le bouquin en son temps (pour faire de l'enrichi, je peux vous dire qu'on parle de niche et qu'il n'a absolument rien à craindre là-dessus ;-) ). Bref, c'est plus une critique sentimentale. Bon, le problème, c'est qu'on oppose papier et numérique alors qu'ils peuvent être complémentaires. C'est con, mais aujourd'hui, on numérise tout ce qu'on peut pour sauver des bouquins qui ne sont plus disponibles et les rendre disponibles au public. On sera sur deux modes de diffusion pour ses livres-là : en numérique (probablement gratuit comme Projet Gutenberg ou à très bas prix) et en impression à la demande. Les gens qui aiment uniquement le papier n'y pensent jamais, mais des livres oubliés sont aujourd'hui sauvés par le numérique, et le numérique va permettre de les rendre à nouveau disponible… là, j'ai envie de dire qu'ils feraient bien de réfléchir à ça, parce que l'écosystème du papier, il détruit le bouquin (mise au pilon) quand il ne se vend pas (deux mois pour convaincre, hein) ! Gutenberg et les classiques numériques mis à dispo par des organisation US à but non lucratif (genre biblio universitaire), ont fait plus en 10 ans que le papier en un siècle pour mettre ces classiques à disposition du grand public… Évidemment, il n'y a pas que ça. Le numérique, et les marchés sur lesquels il explose le démontrent assez facilement, permet de reconstruire une offre sur des genres et sous-genres largement délaissés par l'édition traditionnelle papier car pas rentables. Le numérique permet également de découvrir de nouveaux auteurs, sachant qu'ils sont quand même bien abandonnés par les éditeurs papier (et sur les primo-accédants qui sont publiés chaque année, on estime que 2 ou 3 auront la chance de pouvoir publier un deuxième bouquin) ; aujourd'hui, les auteurs jeunes qui ciblent les lecteurs jeunes (on parle de préparer l'avenir du livre quand même) sont quasiment obligés d'en passer par le numérique (auto-publication, éditeur indépendant, etc.) parce que la cible des gros éditeurs papier généralistes, c'est la citadine de 35 ans… Enfin, et c'est un problème dont le lecteur se fout peut-être : les droits d'auteurs sur un livre sont de 10% du prix HT en première exploitation (roman à 20 euros) et 5% en seconde exploitation (livre de poche). Or, avec la crise, on tombe maintenant à 6% en première exploitation… avec les coûts d'édition et de correction qui sont contractuellement assumés par l'auteur ! Le numérique, c'est de 30 à 85% du prix HT (selon mode de publication). Tu touches plus en vendant largement moins cher, l'équation est simple. À 4 euros, je touche autant (voire plus) que le mec qui voit son bouquin vendu 22 en papier… En gros, le libraire ( et ça comprend également la Fnac, Virgin Megastore, Amazon papier, etc) se fait 4 fois plus que l'auteur dans le système actuellement en place, alors que bien souvent, il ne fait que commander le bouquin qu'il n'a pas en magasin…
avatar Roberto Alagnagna | 
il a tout a fait raison sauf pour le fait de n'a pas rendre dispo son livre en numérique mais ça colle avec son point de vue. Quand aux neuneus qui sortent les mots rétrogrades, gutenberg ou papyrus, vous êtes vraiment une bande de demeurés digne des utilisateurs de skyblog. Comment préférer un fichier sur son iPad a un livre, quelque chose que l'on touche, le plaisir de fouiller sa bibliothèque...
avatar dvd | 
@marenostrum "c'est pas la mort du livre, mais la mort des (grands) écrivains (ou penseurs). ce qui a fait l'imprimerie mais aussi les moines copistes. la TV pareil, ça n'a pas tué le cinema, mais les grands réalisateurs. y en aura plus des comme ça. plus ça augmente en quantité, et plus la qualité baisse." La faut que tu développes ton argumentation. En quoi le numérique empêche un écrivain de produire un bon roman ? Jusqu'à preuve du contraire il se sert de son cerveau non ? Alors que le livre sorte en papier ou en version numérique ne devrait rien changer. Déplus ta comparaison avec la TV est complètement fallacieuse. Pour faire une véritable comparaison il aurait fallu comparer pellicule avec format numérique. Et puis la TV elle diffuse quoi ? Des films....

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