Smog

deserty |

Des premières cassettes autoproduites à l’élégance soignée de l’album Supper en 2003, les fans de la première heure ont pu mesurer le chemin parcouru par cet artiste incontournable de la musique américaine, au même titre qu’un Will Oldham, qu’est Bill Callahan, seul maître à bord de son groupe, Smog, depuis environ quinze ans.
Même si, ces dernières années, sa musique avait peu à peu perdu la rugosité des débuts – sans pour autant que sa force soit diminuée – Bill Callahan reste ce misfit, ce looser magnifique que nous avions découvert au début des années 90 et, en ouverture, Palimpsest nous rassure parfaitement : « Why’s everybody looking at me / Like there’s something fundamentally wrong / Like I’m a southern bird / That stayed north too long». Teintés d’autodérision, les textes, souvent écrits à la première personne, touchent encore une fois en plein cœur en nous racontant ces petits riens au sujet de personnages pourtant bien accrochés à la vie mais bel et bien perdus dans son absurdité, la voix si troublante de Bill Callahan, à la fois chaude et fragile, grave et ironique, terminant de les magnifier et de les rendre indispensables.
Musicalement A river Ain’t Too Much To Love marque une sorte de retour en arrière. Les amplis ont été débranchés, les arrangement sont épurés : la grande vedette de ce disque est la guitare acoustique omniprésente et accompagnée parcimonieusement d’un violon, d’un piano (celui de Joanna Newson sur Rock Bottom Riser) et, surtout, du jeu de batterie extraordinaire de Jim White en vacances de Dirty Three (Y a-t-il finalement beaucoup de batteurs reconnaissables en quelques minutes sans avoir jeté un coup d’œil sur les notes de pochette ?). Bill Callahan a toujours le génie de l’arpège, de la simplicité, son sens de la répétitivité qui lui permet miraculeusement de nous gratifier encore une fois des mélodies magnifiques dont il a le secret (Say Valley Maker, Rock Bottom Riser et l’énorme Let Me See The Colts final).
Une écoute valant tous les discours, le mieux serait d’aller jeter une oreille sur ce a River Aint’ Too Much To Love pour se rendre compte que Smog vient de frapper fort. Très fort.

a River Aint’ Too Much To Love (Drag City, 2005) disponible sur l'iTunes Music Store.

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