Test de l'Amazon Kindle Fire HD

Anthony Nelzin-Santos |

La Kindle Fire HD est extrêmement mise en avant par Amazon, qui compte en faire le cadeau de Noël par excellence. À 199 €, cette tablette 7" ne manquera pas d'être comparée à la Nexus 7 de Google ; mais elle est aussi concurrencée par Amazon elle-même avec la Kindle Fire, qui reste au catalogue ! Que vaut-elle par rapport à ces deux modèles ? La réponse dans notre test.

Une grosse tablette 7"

Au déballage, il nous a fallu quelques minutes avant de nous rappeler que nous étions en présence non pas du nouveau modèle 8,9", mais bien du modèle 7". Si Amazon a affiné et allégé sa tablette (1,03 cm et 395 g), elle a aussi augmenté la largeur de ses bords. Résultat, la Kindle Fire HD est plus large que l'iPad mini, alors qu'elle a un écran bien plus petit (13,7 cm de largeur contre 13,4 cm pour l'iPad mini) ! On ne comprend pas bien pourquoi les bords ont été élargis : ils étaient largement suffisamment sur la Kindle Fire, comme ils le sont sur la Nexus 7 ou même sur l'iPad mini.

L'iPad mini ne se tient pas vraiment à une main, mais est suffisamment léger et fin (0,72 cm et 308 g) pour qu'on puisse la « pincer », le pouce sur la bordure, les doigts dans le dos, sans que la posture ne soit trop inconfortable ou l'équilibre trop précaire. Ce n'est malheureusement pas le cas avec la Kindle Fire HD : comme elle est plus lourde et plus épaisse, elle a tendance à glisser des doigts. Et les doigts touchent justement d'abord la bande métallique qui masque le système sonore, puis un revêtement certes gommé, mais lisse. La Nexus 7 reste la plus agréable du lot grâce à la texture de son revêtement.

Amazon suggère une orientation horizontale de la Kindle Fire HD, contrairement à Google qui suggère une orientation verticale de la Nexus 7 et Apple qui ne prend pas parti. La webcam est placée sur le bord le plus long, les hauts parleurs (qui ont du mal à être réellement stéréo sur un aussi petit format) barrant le dos. Les boutons sont placés sur le côté droit : Amazon a réalisé que les boutons de volumes étaient utiles, mais complètement intégrés au profil de la tablette, ils sont difficiles à trouver du premier coup. Les ports sont en bas : un classique microUSB et un microHDMI dont on apprécie la présence.

Aux liseuses les livres, à la Fire HD les films ? Sans doute, mais l'offre de films d'Amazon est inexistante en dehors des États-Unis et du Royaume-Uni. Pas franchement agréable à utiliser en portrait, elle ne sert donc pas à grand-chose en paysage. Il est d'autant plus étrange de favoriser cette orientation que le format 16:9 y montre toutes ses faiblesses : il permet de n'afficher que peu de contenu et oblige à constamment défiler, d'autant que l'interface conçue par Amazon est imposante.

Pub, pub et encore pub

Amazon a en effet reconduit son interface carrousel pour une deuxième saison, en y apportant quelques modifications. La plus visible est sans doute l'apparition de publicités sur l'écran de veille pour des produits Amazon, des « bons plans » ou des nouveautés qui apparaissent par rotation de trois ou quatre publicités en partie renouvelées chaque semaine. Elles peuvent être supprimées pour 15 €, mais il n'est pas sûr que cela en vaille le coût : ces publicités ne sont certes pas très belles, mais on ne les voit pas bien souvent.

À gauche, l'écran de veille avec une pub. À droite, l'écran d'accueil avec les recommandations en bas.

Ces 15 € ne suppriment d'ailleurs pas l'autre forme de publicité incluse, bien plus intrusive. En mode portrait, le quart de l'écran qui affichait les contenus favoris est désormais occupé par des recommandations Amazon — voilà peut-être pourquoi Amazon montre rarement la Kindle Fire HD à la verticale, pour éviter de dévoiler ce point particulièrement agaçant de l'interface. Vous affichez une app, des recommandations d'apps apparaissent. Vous affichez un livre, des recommandations de livres apparaissent. Vous affichez un site sur lequel vous avez surfé, et ce sont cette fois les pages « en vogue » (chez les autres utilisateurs de Kindle Fire HD ?) qui sont proposées.

Pourquoi pas, mais le premier bouton du menu sur la page d'accueil est aussi un bouton « Acheter », décalant l'accès au contenu. Et absolument chaque page de contenu contient son propre bouton vers la boutique. Après quelques heures d'utilisation, on a l'impression d'avoir payé pour avoir le droit d'acheter — ou d'ailleurs même le devoir tant Amazon met en avant sa boutique. Certes, les tablettes 7" sont avant tout des appareils de consultation qui n'ont pas de sens sans contenu. Mais Amazon a véritablement serré la vis, comme elle l'a d'ailleurs fait sur ses liseuses, au point de compromettre certains aspects pratiques (les favoris sont relégués derrière un bouton).

L'intégration du Google Play est beaucoup plus discrète sur la Nexus 7 et passe avant tout par des widgets que l'on peut retirer. Apple, quant à elle, ne fait pas de promotion des contenus hors des apps-boutiques. Amazon va ici loin, très loin, trop loin. Certes, son écosystème est sans reproches, mais il n'est ici pas « bien intégré » — il est imposé. On peut heureusement désactiver ces suggestions, mais un quart de l'écran reste alors noir, sans fonctions. Ce n'est plus frustrant, c'est stupide.

L'Android d'Amazon (qui aurait dû s'abstenir)

Les trois quarts de l'écran restant affichent bien peu de contenu. L'énorme carrousel de la page d'accueil n'est pas toujours pratique et il est impossible de prédire exactement son comportement (et donc de balayer rapidement pour aller directement à la cinquième icône par exemple). Les contenus sont classés par section, mais il est impossible de passer des livres à la musique sans repasser par la page d'accueil, Amazon supprimant le menu lorsque l'on entre dans une section. Au moins la navigation dans ces sections est très simple et l'intégration des contenus en local et dans le nuage totalement transparente.

À gauche, la grille des apps (on retrouve des grilles similaires pour les autres types de contenus). En haut, on peut trier selon l'emplacement des contenus (en local ou dans le nuage), par date et par titre. On remarque le bouton menant vers la boutique. À droite, l'interface de lecture traditionnelle d'Amazon.

Lorsque l'on consulte un contenu, il est toujours impossible de revenir à l'écran d'accueil en un tap : la Kindle Fire HD n'a pas plus de bouton d'accueil que la Kindle Fire, et ses boutons virtuels ne sont pas persistants (contrairement à la quasi-totalité des cas sous Android). Il faut donc taper une première fois pour afficher les boutons, et une deuxième pour aller à l'écran d'accueil — quand le tap est correctement reconnu, le bouton étant placé dans un coin, un endroit peu pratique.

Les gains de la technologie Silk du navigateur d'Amazon sont à peine sensibles, d'autant que les défilements sont saccadés et le zoom malaisé. Sur le clavier, la touche Supp. est en fait une touche Retour arrière, autre bizarrerie.

Alors oui, l'interface est un peu plus cohérente puisqu'il est désormais impossible de déceler toute trace d'Android (4.0 Ice Cream Sandwich), Amazon ayant achevé les finitions. Oui, les polices sont un peu plus fines et donc un peu plus agréables. Mais les transitions et défilements sont toujours aussi lents et saccadés et le navigateur web toujours aussi peu performant. Bref, Amazon a pris ce qui n'était pas mal et l'a rendu mauvais, et a pris ce qui était mauvais pour le rendre affreux.

Amazon a oublié de faire le ménage sur un point : la Kindle Fire HD nécessite Android File Transfer en cas de transfert par USB sur Mac. Elle aurait pu laisser la possibilité de monter la tablette comme simple volume, comme la plupart des appareils Android le permettent.

Pour conclure

Google a fait un travail formidable pour rendre Android (presque) aussi fluide qu'iOS, et a conçu une tablette 7" convaincante. Face à la Nexus 7, la Kindle Fire a certes des arguments, comme son autonomie, tout simplement la meilleure que nous ayons vue (16 heures dans notre test standard de lecture vidéo). Si vous êtes un lecteur avide, sachez que les deux tablettes ont des écrans très similaires et de très bonne qualité générale (7", 1280x800 px, IPS, 216 ppp).

Si vous voulez la meilleure « petite » tablette, achetez un iPad mini, vous profiterez en plus du catalogue d'apps iOS et de contenus Apple. Si vous voulez la meilleure tablette 7", achetez une Nexus 7, vous profiterez en plus du Google Play et d'Android 4.2 Jelly Bean. Entre les deux, la Kindle Fire HD n'a que très peu de mérites et beaucoup de défauts. Et tous les contenus dont elle peut se prévaloir sont aussi disponibles sur iOS et sur Android par le biais d'apps Amazon.

Face à cette concurrence, on se demande bien qui pourrait vouloir vraiment acheter une Kindle Fire HD.

Note

Les plus :

- Excellente autonomie
- Ecran de bonne qualité
- Richesse de l'écosystème d'Amazon

Les moins :

- Un peu grosse pour une tablette 7"
- Boutique Amazon imposée
- Lenteurs et saccades dans l'interface
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