Test de la liseuse numérique Nook Touch de Barnes & Noble

La rédaction |

Si les liseuses électroniques ont du mal à percer en France, ce n’est pas parce que la technologie est mauvaise. La réponse est peut-être à chercher du côté de l’offre tant de contenus que de matériels pour en profiter. Et la nouvelle liseuse Nook de l’américain Barnes & Noble, aussi surnommée Nook Touch, apporte un éclairage tout particulier sur le second volet de la question : celui de l’offre matérielle.

Le Nook Touch embarque un écran e-Ink Pearl — le même que celui du Kindle 3 d’Amazon — aux qualités impressionnantes. La lisibilité est remarquable en toutes circonstances, du moins tant que l’on dispose d’un éclairage externe décent puisqu’aucun rétro-éclairage n’est prévu. Le plus impressionnant, pour qui n’a jamais goûté à un écran e-Ink, est probablement la résolution perçue : l’écran n’a beau qu’afficher que 800x600 pixels sur un écran d'une diagonale de 6", les lettres des textes paraissent parfaitement lissées, même de près. Bref, lire sur un tel écran est un réel plaisir. D’autant plus que le Nook Touch a appris des limites de la technologie e-Ink et… du Kindle. Si un rafraîchissement complet de l’affichage (par fondu au noir puis au blanc) est nécessaire pour effacer toute rémanence, le logiciel interne du Nook Touch n’y a recours qu’une fois toutes les trois pages. Les allergiques aux flashes constants du Kindle apprécieront.

Mais qu’apporte l’écran tactile du Nook ? Il est précis même si l’impression générale de réactivité est pénalisée par la lenteur du rafraîchissement inhérente à la technologie de l’écran. Mais, et c’est peut-être le plus important, que l’on se rassure : l’écran est quasiment insensible aux traces de doigts. Il est mat, ça aide. Surtout, l’écran tactile fait une vraie différence par rapport, notamment, au Kindle, lorsqu’il s’agit de taper quelque chose, comme un mot de passe de réseau Wi-Fi. Il faut le reconnaître : une fois que l’on s’est habitué au tactile, il est difficile de revenir à un clavier distinct comme celui du Kindle, surtout lorsqu’il s’agit de pointer quelque chose à l’écran…

Reste que le Nook Touch peut sembler encombrant. Il est effectivement plus épais qu’un Kindle. Mais cette épaisseur n’est qu’un artifice ergonomique pensé pour améliorer la prise en main, avec dos aux formes incurvées qui, effectivement, améliorent la prise en main. Les boutons sur les bords de l’écran, qui permettent de passer d’une page à l’autre sont en revanche assez peu agréables — Barnes & Noble aurait pu s’en passer. De fait, on prend vite l’habitude de passer d’une page à l’autre en touchant le bord de l’écran tactile. Reste que la compacité globale du Nook Touch en fait un appareil agréable à transporter, tout juste un peu plus étendu, en surface, qu’un livre de poche. Et son poids n’est certainement pas un problème pour lire à bout de bras.

Mais l’intérêt du Nook Touch ne se limite ni à des considérations matérielles, ni à son écran tactile : il touche au logiciel. Le Nook Touch embarque en effet une version d’Android que les hackers du forum Xda-developers n’ont pas manqué de bidouiller. De fait, moyennant l’utilisation d’un kit de déverrouillage d’une simplicité confondante, il est possible de faire à peu près tout et n’importe quoi du Nook Touch. À commencer par le transformer en Kindle en installant l’application ad hoc d’Amazon. Et l’on peut faire bien plus : surfer sur le Web, consulter et répondre à ses e-mails… les possibilités sont aussi nombreuses que l’Android Market est vaste. Du moment que l’on vise des applications de lecture de textes ou de bandes dessinées en noirs et blancs.

C’est peut-être là toute la force du Nook : combiner le meilleur du matériel disponible pour la lecture d’écrit à ce jour avec la versatilité des contenus. De fait, lorsque l’on veut lire un livre que Barnes & Noble ne commercialise pas hors des États-Unis, il suffit de l’acheter sur Amazon pour le lire avec l’application Kindle. Et si l’on préfère la littérature française… le Nook Touch supporte le format ePub et les DRM Adobe. Autrement dit : il est possible d’acheter des livres électroniques sur des plateformes commerciales françaises comme celle de la Fnac et les lire sur un Nook Touch.

L’alimentation est simple : elle se fait par glisser-déposer depuis le Finder (la mémoire interne et l’éventuelle carte d’extension apparaissent comme des volumes) ou Adobe Digital Editions et bien sûr Calibre. Le meilleur de tous les mondes ? Pas exactement. Le Nook Touch embarque, nativement, un lecteur PDF de piètre qualité. Pour sa défense, relevons tout de même que la plupart des documents PDF sont conçus pour des supports au format A4 et que l’écran du Nook Touch en est loin. Mais, là encore, des alternatives sont disponibles sur l’Android Market. Heureusement.

Jusqu’ici, le Nook Touch, avec son écran, sa versatilité, sa mémoire extensible par MicroSD, aurait presque des airs de liseuse électronique parfaite. C’est faux. Là où le Kindle d’Amazon continue de réussir à faire mieux, beaucoup mieux, c’est en matière de services sans fil. De fait, il est possible d’envoyer un fichier à un Kindle grâce à un simple e-mail, Amazon se chargeant de le déposer dans la mémoire du Kindle cible lorsqu’il se connecte à Internet. Une fonction extrêmement pratique et que certains fournisseurs de services en ligne ne manquent pas d’utiliser, à commencer par Instapaper et Readability : quoi de mieux que de cliquer sur un bouton dans la fenêtre de son navigateur Web pour envoyer un article sur son Kindle pour le lire, plus tard, tranquillement installé sur son canapé avec un écran adapté — et, donc, pas celui d’un iPad qui peut s’avérer fatiguant sous l’effet du rétro-éclairage et son contraste avec la lumière ambiante.

Et, non, ces fonctions ne sont pas ouvertes à l’application Kindle d’Amazon ; elles ne fonctionnent qu’avec un véritable Kindle. Dommage. C’est donc sur ce point et sur le support des PDF que le Nook Touch peut encore progresser. Pour le reste, cette liseuse est d’une efficacité remarquable.

Note

Les plus :

  • Android ! (et donc la possibilité d'installer l'application Kindle)
  • Support du format ePub
  • Rafraichissement de l'écran bien géré
  • Interface tactile précise

Les moins :

  • Épaisseur un peu importante
  • Pas de service de push de documents
  • Pas de présence officielle en France, que ce soit pour le produit ou pour le catalogue d'ouvrages
8
10

Prix :
139 $ (105 €)

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