Test d'Infinity Blade

Arnaud de la Grandière |

Ah, saurons-nous vous chanter la geste d'Infinity Blade avec tout le brio qu'il mérite ? Le jeu, ou du moins sa démo, initialement nommée Project Sword, a fait grand bruit lors de la présentation en septembre dernier durant le keynote d'Apple. Réalisé par ChAIR Entertainment, filiale d'Epic Games à qui l'on doit déjà Shadow Complex et Undertow, le jeu tire parti du célèbre moteur Unreal Engine, porté sur iOS. C'est également à l'aide de ce moteur qu'un avant-goût nous avait été précédemment livré sous la forme d'Epic Citadel.

Mais voici donc que le jeu définitif nous est livré. Les images n'ont pas menti, le jeu est de toute beauté et tire tout le jus de l'iPhone comme de l'iPad. Les armures rutilent, les étoffes au point d'Alençon vous chatouillent les rétines, les marbres reflètent votre image, tandis qu'au loin flotte au vent une bannière diaphane. C'est beau à pleurer, et sans aucun doute une démonstration éloquente des capacités graphiques de l'iPhone, de l'iPod touch et de l'iPad. Tout est à l'avenant : les animations sont de toute beauté, et les bruitages sont d'excellente facture (quoi que la plupart de vos adversaires sonnent plus comme des vélociraptors que comme des humains. Il faut dire que pour l'essentiel ils font deux fois votre taille au bas mot).

Mais de quoi s'agit-il au juste? Infinity Blade est un jeu de combat médiéval. Vous devrez affronter 10 adversaires en combat singulier (pas un de plus). Vous aurez différentes options pour le combat : donner un coup d'épée, esquiver à droite ou à gauche, ou bloquer avec le bouclier. Il vous faudra prendre la bonne décision au bon moment, faute de quoi il vous en cuira et vous perdrez des points de vie. Vos coups d'épée pourront soit infliger des dommages à votre adversaire, soit parer ses propres coups pour peu que vous frappiez dans la bonne direction et au bon moment. Ces coups se déclenchent à la manière d'un Fruit Ninja, en traçant un trait sur l'écran du bout du doigt, et l'animation de votre personnage suivra fidèlement vos impulsions. Des boutons situés en bas de l'écran, à gauche et à droite, vous permettront de lancer une esquive, celui situé au milieu vous abrite derrière votre bouclier. Enfin, un bouton en haut à gauche déclenche une furie de coups puissants, et un autre à droite active la magie : en fonction de votre équipement vous pourrez tracer diverses formes à l'écran pour déclencher un sort dévastateur et occire le fâcheux qui s'interpose sur votre route.

Entre deux combats, vous pourrez observer les alentours en déplaçant votre doigt sur l'écran pour faire tourner la caméra (sans toutefois pouvoir vous déplacer). Vous pourrez ainsi trouver divers trésors dissimulés çà et là : argent, armes, ou encore fioles d'énergie qui vous requinqueront avant le combat suivant. Le jeu est mâtiné d'un aspect RPG puisque votre attirail vous donnera des points d'expérience après la victoire, du moins jusqu'à ce que vous maîtrisiez les objets dont vous êtes équipés : à ce moment, ils donneront leur pleine puissance, mais ne vous feront plus gagner d'expérience. À vous de faire les bons choix face à vos adversaires, pour espérer venir à bout du dixième et dernier combattant, rien de moins que le "Dieu Roi" en personne. N'espérez pas en venir à bout à votre première partie cependant, il ne fera qu'une bouchée de vous. Rien de bien grave malgré tout, puisqu'après votre décès, votre "fils" (qui non seulement vous ressemble trait pour trait, mais mieux encore a hérité de vos points d'expérience et de votre équipement), viendra réclamer vengeance. Il faudra cependant reprendre l'exploration à zéro.

On ne peut que s'étonner devant le clivage entre la qualité de la réalisation et l'indigence du gameplay. Certes, il vous faudra du temps avant d'arriver au bout de tout l'équipement dont vous pouvez disposer, et il faudra vous y reprendre à plusieurs fois avant d'espérer venir à bout du Dieu-Roi. Malgré tout une telle qualité de production méritait certainement mieux que ce jeu qui laisse un goût d'inachevé : pas d'exploration, et un gameplay particulièrement répétitif. Les 48 "réussites" compatibles Game Center pourront allonger quelque peu la durée de vie du jeu, bien que nombre d'entre elles se débloquent par le simple fait de jouer sans guère n’y prêter attention. La qualité graphique à elle seule ne justifie pas tout (et vous aurez aussi bien fait de télécharger Epic Citatel [1.02 - 82,2 Mo - gratuit], aussi beau mais gratuit). Il y a certes de quoi en mettre plein la vue à une PSP (et à plus forte raison une Nintendo DS), mais le gameplay aura de quoi réconforter les possesseurs de ces consoles, voire les faire ricaner.

Reste a espérer qu'Infinity Blade corrigera certains défauts de jeunesse dans ses futures mises à jour. Une chose est sûre, l'Unreal Engine est une véritable réussite visuelle, et pourra donner lieu à d'autres jeux impressionnants sur iOS (lire Unreal Engine disponible pour les applications iOS), en espérant que l'amusement sera cette fois au rendez-vous.

Note

Les plus :

- démonstration technique ahurissante
- excellente qualité de production

Les moins :

- pas très amusant
- beaucoup trop court
- très répétitif
- pas d'exploration
6
10

Prix :

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