Ultrasone n’est pas connue pour ses produits abordables et les Tio ne font pas exception : ces écouteurs intra-auriculaires à simple transducteur valent pas moins de 359 €. Les Tio sont-ils des écouteurs haut de gamme, ou des écouteurs trop chers ? La réponse dans notre test.

Jolis, mais pas pratiques

Ultrasone gâte ses clients, ce qui est bien le moins à ce prix là. Les Tio sont ainsi fournis avec une petite housse les protégeant des chocs ou encore des adaptateurs OMTP et avion. On se demande bien pourquoi les fabricants s’entêtent à proposer des embouts silicone d’aussi mauvaise qualité et isolant aussi peu — seul Monster Cable a fait un effort avec ses SuperTips. Ultrasone inclut heureusement deux paires des excellents embouts mousse TX-100 Comply, dont une est d’ailleurs installée par défaut sur les Tio.

Les Tio affichent une sobriété rare chez le fabricant allemand : ce sont de simples diabolos en métal dotés, on l’a dit, d’un unique transducteur large bande. Légers (5 g), ils se font vite oublier, d’autant que les mousses Comply isolent très bien et répartissent le poids à l’entrée du conduit auditif. Le câble (1,2 m) peut néanmoins parfois se faire entendre, la faute au placement de la télécommande avec micro.

Une télécommande d’ailleurs décevante à ce niveau : elle ne comporte qu’un seul bouton. Ultrasone a le culot de proposer une application pour permettre aux utilisateurs d’appareils Android de paramétrer le fonctionnement de cette télécommande : n’aurait-il pas été plus simple de lui ajouter deux boutons pour contrôler le volume ? Le microphone intégré ne remportera pas un prix, mais fait ce qu’on lui demande.

Sans surprise, les Tio dégagent une bonne impression générale : leur câble n’est pas trop épais mais semble résistant et s’emmêle assez peu. Le Y est efficace et la prise 3,5 mm coudée est un gage de tenue dans le temps (même si le format 45° que l’on voit par exemple chez V-Moda est encore meilleur). On ne note que deux défauts dans ce domaine, à vrai dire mineurs, à commencer par la longueur des gaines, un peu courte. Il est aussi étrange que l’écouteur droit soit signalé par un point bleu, alors que la convention privilégie plus souvent le rouge (red pour right, droit) et que le bleu symbolise donc, en général, l’écouteur gauche.

Bons, mais pas renversants

Ultrasone vante le son « naturel » et « linéaire » de ses Tio, quoi que cela veuille dire. Le fabricant allemand évoque peut-être le confort d’écoute : on peut porter les Tio pendant des heures grâce à leur poids plume et la bonne isolation, mais aussi grâce à un son qui n’est jamais agressif (du moins pas à un niveau raisonnable). Reste à savoir si avant tout, on a vraiment envie de les mettre dans ses oreilles.

Il n’est pas certain que la réponse soit positive : ces Tio n’ont rien de réellement renversant. Pour être francs, nous ignorions leur prix exact pendant la première partie du test, et on aurait bien parié sur un tarif autour de 150 ou 200 € — mais en aucun cas sur une étiquette à 359 €. Ils ne sont pourtant pas mauvais (testés sur un iPhone et un Mac équipé d’un DAC NuForce Icon µDAC-2 avec de la musique en ALAC et AAC 256).

Les basses très profondes sont absentes, c’est toujours mieux que de mal les gérer, mais les basses sont de manière générale bien couvertes. Les Tio étant faciles à alimenter (impédance de 18 ohms), il n’est pas nécessaire de trop monter le son et ainsi, même sur un iPhone, on reste à des niveaux assez bas favorisant l’absence de distorsion ou de saturation. Ils ne sont pas « punchy » (les amateurs de basses mises en avant iront voir ailleurs), mais ne sont pas traînants non plus — ils fournissent un son détaillé et plutôt précis dans ce registre.

On retrouve la signature typique d’Ultrasone avec des médiums en retrait, mais là encore plutôt bien détaillés. Certains morceaux de blues ou de jazz dans notre échantillon habituel ont ainsi paru un peu mornes. Les aigus ne sont pas brillants au point d’agresser l’oreille — c’est même tout le contraire, ce qui participe à cette impression générale d’un son un peu triste. Mais ils sont brouillons, ce qui est un véritable problème : on a parfois un peu de mal à comprendre ce qu’il se passe dans les oreilles.

Point « positif » de ces faiblesses : les Tio pardonnent un peu mieux que d’autres les défauts de l’encodage AAC ou de la sortie casque (affreuse) de l’iPhone. Mais ils ne gagnent pas non plus énormément à être reliés à un DAC digne de ce nom avec des fichiers sans perte : oui on entend la différence, mais on n’est pas non plus renversé de sa chaise. Encore ce côté très banal, finalement, des Tio, qui manquent peut-être un peu de présence et de profondeur, même pour des intra-auriculaires.

Pour conclure

Ces Tio sont donc au final assez étranges : leur son peut paraître plat, mais n’est pourtant pas neutre. Leur apparence extérieure est un bon indice : ils sont un peu ternes, fades, sans exagération mais sans talent non plus. Et cette stupide télécommande à un bouton ! Bref, ils ne valent sans doute pas les 359 € qu’en demande Ultrasone.

Dans cette gamme de prix, on trouve plutôt des écouteurs à trois transducteurs, des câbles détachables, et des formes encore plus ergonomiques. On pense par exemple aux excellents Shure SE535, dont les basses et les médiums sont plus colorés et les aigus plus ouverts. Ce n’est qu’un exemple : on pourrait passer des heures à lister des intras dans cette gamme de prix qui dominent de la tête et des épaules les Tio.

Et on pourrait aussi passer des heures à lister des intras moins chers qui sonnent tout aussi bien voire mieux dans un format similaire (et avec une télécommande complète). C’est tout le problème des Tio.