iPhonographie : test du Motrr Galileo

Anthony Nelzin-Santos |

Après avoir levé plus de 500 000 € sur Kickstarter, Mottr s’est faite très discrète pendant de longs mois. C’est le temps qui lui a fallu pour peaufiner son Galileo, un étonnant support motorisé pour iPhone qui permet notamment de réaliser des panoramas à 360° et de tourner des vidéos time lapsevendu 149 € chez Macway. Faut-il craquer ? La réponse dans notre test.

Un support motorisé…

Le Galileo prend la forme d’un cylindre de 8,25 cm de diamètre et de 5 cm de haut recouvert de plastique mat. Un léger renflement trahit la présence d’un mécanisme qui permet d’« ouvrir » le Galileo, qui est en fait composé de deux parties reliées entre elles :

  • une partie inférieure contenant toute l’électronique et qui peut être fixée à un trépied à l’aide d’une vis standard ;
  • une partie supérieure qui accueille divers modèles d’iPhone grâce à un jeu d’adaptateurs amovibles.

Chacune de ces parties peut tourner sur elle-même indépendamment de l’autre : lorsque l’iPhone est placé à l’horizontale dans la partie supérieure, il tourne donc sur deux axes. Le Galileo peut donc être utilisé pour réaliser des vidéos time lapse, des panoramas « classiques » et sphériques, ou tout simplement pour contrôler un iPhone à distance.

Des utilisations par essence mobiles : le Galileo intègre logiquement une batterie dont l’autonomie est correcte, sans être excellente. Elle ne permettra pas d’observer la voûte céleste pendant une nuit, mais à sa décharge, l’iPhone non plus ne tiendra pas aussi longtemps. Disons qu’elle nous a paru suffisante — elle a par exemple tenu les trois heures qu’a demandé la réalisation d’une vidéo time lapse.

Cette batterie présente aussi l’avantage d’alourdir le Galileo, pas au point de le rendre véritablement lourd (il pèse moins de 200 g), mais suffisamment pour abaisser son centre de gravité et améliorer sa stabilité. Sa base et les inserts étant recouverts d’un matériau antidérapant, l’iPhone reste parfaitement en place, même lorsque la tête tourne à pleine vitesse, c’est-à-dire sur 200° en une seconde. On n’ira pas le suspendre au bord du Grand Canyon — on ne sait jamais —, mais l’ensemble inspire confiance.

…qui dépend entièrement des développeurs

Reste, donc, à utiliser le Galileo. Mottr elle-même ne propose qu’une seule application, qui fait office de démonstration des capacités mécaniques de l’appareil : elle laisse à d’autres développeurs le soin d’exploiter le potentiel du Galileo à l’aide d’un SDK. Force est de constater que pour le moment, ces développeurs ne se bousculent pas au portillon.

La liste des applications compatibles est en effet très réduite :

Il ne suffit pas d’appairer le Galileo avec votre iPhone pour l’utiliser : il faut aussi tourner rapidement sa base dans un sens puis dans l’autre pour l’activer, une procédure qui doit être répétée à chaque utilisation dans chaque application. C’est visiblement une limite du SDK, semble-t-il destinée à maximiser l’autonomie de la batterie… et un peu embêtante. Heureusement, toutes les applications compatibles utilisent ensuite le Galileo de manière parfaitement transparente.

Sphere, par exemple, demande simplement de préciser si le Galileo est posé sur une table ou monté sur un trépied. Ensuite, il cale automatiquement les axes de rotation, puis prend autant de photos qu’il lui faut pour constituer un panorama sphérique. Le résultat n’est malheureusement jamais totalement satisfaisant et les artefacts sont très nombreux. Pire, l’application a perdu plusieurs de nos panoramas avant de les avoir transférés en ligne où on peut les manipuler librement.

Un autre essai dans les mêmes conditions avait été plus concluant… mais Sphere l’a perdu avant de le transférer en ligne. L’application peut aussi exporter le panorama sous la forme d’une simple image qu’il faudra traiter pour supprimer les zones floues (en haut et en bas) et corriger la perspective.

Les panoramas 360° produits par DMD Panorama sont moins impressionnants, mais beaucoup plus convaincants. Ils sont de très bonne facture… et tout simplement très amusants à réaliser et à regarder. Pour obtenir d’excellents résultats, il peut être utile de vérifier le niveau de l’iPhone avec l’application Boussole : le moindre défaut se verra immanquablement sur le panorama. La réalisation d’un panorama prend une dizaine de secondes, sa génération une douzaine de plus.

Ça peut servir pour les « couvertures » de profil Facebook et Twitter.

TimeLapse demande un peu plus d’implication : il faut notamment régler la cadence de prise de vue, l’angle de rotation par minute si l’on veut décaler progressivement le champ, et évidemment la mise au point et l’exposition. Le résultat, surtout en 4K généré à partir de photos, est néanmoins bluffant. Au prix d’un petit coup de chauffe de l’iPhone et d’un grand coup dans la batterie.

TimeLapse utilise le Galileo pour progressivement décaler le champ et donc rythmer un peu plus les vidéos time lapse. Son paramétrage demande un peu de finesse, mais plusieurs « scènes » prédéfinies (voyage en voiture, traînées de phares de voiture, passage d’une foule, voûte céleste, etc.) sont disponibles pour une première prise en main.

Le mouvement du Galileo est pour ainsi dire continu, en tout cas très fluide : les erreurs de Sphere sont dues à l’application et pas à des à-coups ou un tremblement de l’appareil. Par contre, ses moteurs font un peu de bruit : si l’on compte s’en servir pour de la vidéo, il faudra penser à utiliser un microphone externe ou une autre bande-son. Enfin, on remarque un délai d’une bonne seconde entre une commande et l’action correspondante dans les applications de contrôle à distance comme Collabracam. Autant dire qu’elles ne pourront pas être utilisées pour des travaux fins de filé vidéo.

Un produit de niche

Le Galileo met à la portée de tous des technologies assez pointues. Certes, il fait moins et moins bien que des appareils spécialisés dans la réalisation de panoramas sphériques ou de vidéo time lapse ; mais il coûte bien moins cher, se glisse dans un sac à dos et fonctionne avec un bête iPhone. Il coûte toutefois 149 €, un prix difficile à justifier, d’autant qu’il faut y ajouter le prix des applications compatibles et leurs achats in-app.

Mais quitte à mettre 149 € dans un gadget, autant qu’il soit amusant. Et le Galileo l’est, même très : on se prend vite à l’utiliser pour réaliser une visite virtuelle du nouvel appartement, une vidéo time lapse de la route en contrebas, ou des panoramas du bureau. Ce petit appareil est juste fun.

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