Test de l’IK Multimedia iLoud, une enceinte Bluetooth pour musiciens

Anthony Nelzin-Santos |

L’iLoud n’est pas qu’une énième enceinte Bluetooth — IK Multimedia l’a conçu comme « une enceinte portable pour les musiciens ». Ce que cela signifie ? Qu’elle intègre quatre haut-parleurs pour une puissance totale de 40 W, une batterie pour une autonomie théorique de 10 h, et un circuit iRig qui la transforme en ampli à modélisation. Ce que cela donne ? La réponse dans notre test.

IK ose prétendre que l’iLoud est « extrêmement portable » et qu’elle « passe dans une sacoche d’ordinateur portable ou un sac à dos » — c’est à peu près aussi vrai que si je disais que je rentre dans un pantalon taille 36. Le fait est que l’iLoud est la plus grosse des enceintes Bluetooth que nous avons testées : elle mesure 25x16x6 cm et pèse 1,3 kg, contre 25x8x9 cm pour la Jawbone Big Jambox ou 5,8x18x5,1 cm pour la Bose SoundLink Mini par exemple. Elle est donc transportable plutôt que véritablement portable, et ne passe que dans les plus gros sacs à dos… ou dans le sac de transport ironiquement vendu 30 € par IK.

Au vu de cet encombrement, on s’attend naturellement à une excellente autonomie et un son plus « ample » que sur de plus petites enceintes, deux points sur lesquels IK insiste lourdement. Malheureusement, l’iLoud est loin de tenir les 10 h annoncées : comptez plutôt quatre ou cinq heures d’utilisation à volume moyen, à peine plus de deux à volume maximum. Il vaut donc mieux garder l’adaptateur secteur à portée de main — voilà qui règle définitivement la question de la portabilité de l’iLoud.

Heureusement, l’enceinte d’IK se rattrape brillamment en matière de son. Le fabricant va sans doute un peu loin en comparant l’iLoud aux moniteurs de studio et au matériel Hi-Fi : même si le Bluetooth permettait de parfaitement reproduire le spectre sonore d’un fichier lossless, IK y applique un traitement logiciel sensible. Le résultat est toutefois extrêmement convaincant, bien plus que celui produit par n’importe quelle autre des enceintes Bluetooth que nous avons testées.

Aucun appareil « tout-en-un » n’est capable d’offrir un véritable son stéréo, et l’iLoud ne fait pas exception. À quelques mètres, on décèle néanmoins un début de séparation et une certaine ampleur. Et justement, on peut parfaitement écouter l’iLoud à quelques mètres : ses deux tweeters de ¾" et 4 W et ses deux woofers 3" et 16 W sonorisent une pièce de 50 m² sans que l’on doive tourner l’unique bouton de la façade à fond.

Mieux vaut ne pas trop approcher l’iLoud d’un mur, sauf à vouloir que les basses deviennent brouillonnes et étouffent le reste du spectre. Placé sur une table, il révèle toutes ses qualités : les hautes fréquences sont certes un peu en retrait, mais les basses sont parfaitement maîtrisées. La distorsion est absente même à haut volume — un volume qui de toute manière gênerait les voisins et ferait vibrer l’enceinte qui est vite débordée par sa puissance.

À un volume plus raisonnable, le son est clair et dynamique, riche sans être lourd, quoiqu’assez typé. L’iLoud n’est ni une enceinte de monitoring ni une enceinte Hi-Fi, mais c’est une excellente enceinte Bluetooth. Ces belles qualités demeurent-elles lorsque l’enceinte d’IK est utilisée comme ampli ? Il ne suffit pas d’y brancher une guitare pour le savoir : l’iLoud n’est rien de plus qu’un iRig à haut-parleurs. Les modélisations d’ampli et les effets lui sont apportés par un iPhone ou un iPad, ce qui veut dire un appareil de plus et un câble de plus, et donc encore un peu moins de portabilité.

Une fois les câbles branchés, l'iLoud est nettement moins portable.

Un ancien iRig se connectant à la prise casque, d’ailleurs, et pas un des nouveaux iRig se connectant au port Lightning. La qualité sonore est donc très moyenne, et un « souffle » qui n’est pas sans rappeler le hum caractéristique des vieilles Strats se fait entendre en permanence. On peut l’atténuer en jouant du noise gate, et il est couvert lorsque l’on joue, mais il est bien là.

Dans cette vidéo commissionnée par IK, on entend distinctement le « souffle » de l’iLoud dans les passages les plus délicats. L’iLoud n’est de toute manière pas conçu pour le studio, ce problème peut donc être oublié.

Sauf quand l’iLoud refuse de jouer son rôle d’iRig et n’est « détecté » ni par GarageBand, ni par AmpKit, ni même par l’Amplitube d’IK. Difficile de comprendre l’origine de ce problème, qui se manifeste alors même qu’aucun composant de la chaîne n’a été changé (même iPhone, même application et mêmes réglages, mêmes câbles et même guitare), parfois avec des va-et-vient dans la même journée. Un comportement d’autant plus frustrant quand tout fonctionne et que l’on oublie le problème du souffle, l’iLoud offre une excellente qualité sonore et une puissance largement suffisante pour sonoriser une petite salle de café-concert.

À 249 €, l’iLoud est une des plus chères enceintes Bluetooth nomades du marché — un prix en rapport avec sa stature, ses fonctions et sa qualité sonore. Mais la qualité sonore ne peut excuser ni sa piètre autonomie, ni les dysfonctionnements d’une partie iRig qui semble inachevée. Pour le même prix, mieux vaut peut-être acheter une enceinte Bluetooth de qualité semblable comme la Bose Soundlink Mini et un micro-ampli qui sera toujours plus pratique comme le Vox Amplug.

Note

Les plus :

  • Bonne qualité de construction
  • Excellente qualité sonore

Les moins :

  • Circuit iRig capricieux
  • Piètre autonomie
6.5
10

Prix :

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