Test du Google Chromecast Audio

Anthony Nelzin-Santos |

Deux ans après sa présentation, le Chromecast n’a pas été remplacé par un, mais deux nouveaux modèles. Son successeur direct, qui reprend le nom de Chromecast, permet toujours de transformer un ancien téléviseur en téléviseur connecté aux services de Google. L’autre, le Chromecast Audio, permet plutôt de connecter des enceintes actives ou une vieille chaîne Hi-Fi. À 39 €, il s’agit sans doute de la solution la moins chère pour le faire — mais est-elle aussi complète que ses concurrentes ? La réponse dans notre test.

L’emballage du Chromecast Audio, aussi joli que pratique : il contient tous les accessoires nécessaires au fonctionnement du produit, ainsi qu’un code QR menant directement à l’application Chromecast.

Le Chromecast Audio sort du même moule que le Chromecast, à ceci près qu’il est orné de sillons façon vinyle plutôt que de plastique brillant et coloré. Pourquoi deux modèles plutôt qu’un ? Google assure avoir privilégié cette approche afin de pouvoir optimiser les composants spécifiques à chacun des deux usages, plutôt que de devoir caser des composants génériques au chausse-pied dans un seul appareil. Cela ne veut pas dire que les deux Chromecast sont complètement différents : ils partagent la même puce Wi-Fi bi-bande avec trois antennes pour une connexion plus rapide et plus fiable, et le même petit processeur ARM Cortex A7 bicœur associé à 256 Mo de RAM.

À l’intérieur du Chromecast Audio. En jaune, son convertisseur numérique/analogique, théoriquement capable de gérer les flux 24 bits/192 kHz. Image CC BY-NC-SA iFixit.

Mais le Chromecast Audio se distingue par son convertisseur numérique/analogique AKM AK4430, théoriquement capable de gérer des flux 24 bits/192 kHz, mais bridé en pratique à 24 bits/96 kHz. Et il abandonne logiquement le port HDMI en faveur d’une sortie audio — une sortie combinée, diffusant aussi bien un signal analogique avec un câble 3,5 mm ou un adaptateur RCA, qu’un signal numérique avec un câble mini-TOSLINK vers TOSLINK. Pas mal pour un petit disque de 5 cm de diamètre et 1,4 cm d’épaisseur !

Sauf que « petit », le Chromecast Audio ne le reste pas bien longtemps : si le câble 3,5 mm fourni est court, peut-être même un peu trop, l’adaptateur secteur et son long câble micro-USB est imposant. Un fil devant, un fil derrière, des sillons et du plastique brillant entre les deux, le Chromecast Audio est un véritable attrape-poussière. Qu’il doive absolument ressembler au Chromecast l’affuble de contraintes le diminuant — ce qui fonctionne pour un appareil sûr de trouver des ports HDMI et USB derrière un téléviseur récent ne fonctionne pas forcément pour un appareil utilisable avec trois types de câbles sur différents systèmes audio.

Le Chromecast Audio attire presque autant la poussière que les disques vinyles qu’il singe.

Ces petites frustrations matérielles sont heureusement compensées par de bonnes surprises logicielles. La configuration du Chromecast Audio prend moins d’une minute avec l’application homonyme, et ne demande pas la connexion à un compte Google, même si par défaut, la firme de Mountain View collecte des données d’utilisation. L’appareil doit être connecté à un réseau Wi-Fi : il ne reçoit pas l’audio des appareils qui s’y connectent, mais se connecte directement aux services compatibles. Vos invités sur iOS doivent donc se connecter à votre réseau pour diffuser de la musique sur un Chromecast Audio, alors qu’ils auraient pu se connecter directement à une enceinte Bluetooth ou AirPlay.

La configuration du Chromecast Audio est simple et rapide : il est détecté automatiquement par l’application, diffuse une boucle sonore pour confirmer son bon branchement à un système audio, et se connecte en un tournemain à un réseau Wi-Fi.

En contrepartie, la diffusion est instantanée, puisque les appareils ne sont que de simples télécommandes et que le Chromecast Audio est toujours connecté au réseau. On appuie sur le bouton Lecture, la musique sort immédiatement des enceintes : cela devrait tout le temps fonctionner comme ça, mais c’est rarement le cas avec un appareil Bluetooth ou AirPlay. La chose est tellement naturelle que les rares dysfonctionnements, notamment lorsque l’on défile rapidement dans un morceau ou un épisode de podcast, n’en sont que plus remarquables. Bref, et c’est sans doute le plus beau compliment que l’on puisse faire au Chromecast Audio, « ça marche ».

Ici dans Spotify, le Chromecast Audio est présenté comme n’importe quel autre appareil dans les options de lecture. La connexion est instantanée, et le volume peut ensuite être contrôlé avec les boutons de l’iPhone.

Mais ça ne marche malheureusement pas avec grand-chose : Google ne recense que quelques dizaines d’apps iOS compatibles, et c’est encore pire sur Mac, où il faut absolument passer par Chrome ! Les appareils Bluetooth et AirPlay reprennent la main sur ce terrain… jusqu’à ce que la batterie de votre téléphone soit vide. C’est l’avantage de l’inconvénient du Chromecast Audio : peu de services sont encore compatibles, mais puisqu’il s’y connecte directement, il ne sollicite pas l’appareil qui contrôle la lecture. Et il n’est pas gêné par un appel, alors qu’un coup de fil interrompt la diffusion AirPlay.

Avec un morceau en MP3 dans Spotify ou un podcast dans PocketCasts, il est bien difficile d’entendre une différence entre un flux AirPlay et un Chromecast Audio relié avec un câble optique. La différence est plus sensible avec le câble 3,5 mm fourni et un album lossless dans Qobuz, mais c’est aussi le matériel hi-fi utilisé qui permet de la discerner. Si vous recyclez une vieille chaîne bas de gamme ou connectez des enceintes actives, le Chromecast Audio « sonnera » aussi bien que n’importe quelle autre technologie de diffusion sans-fil.

Mais il faut justement vouloir recycler une vieille chaîne plutôt que d’acheter une enceinte sans-fil, ou posséder des enceintes actives qui ne sont pas déjà connectées, et utiliser Spotify ou Deezer plutôt qu’Apple Music. Alors que l’AirPort Express était sans doute en avance sur son temps, le Chromecast Audio donne l’impression d’arriver après la guerre, dans un monde où tous les produits semblent connectés à internet. C’est clairement un produit de niche — mais si vous êtes dans cette niche, il est difficile de trouver moins cher et plus facile à utiliser.

L’AirPort Express vaut 109 €, et le nouveau modèle n’est plus aussi pratique que l’ancien, même s’il est toujours possible de le brancher à une prise murale avec un peu d’astuce. On peut acheter dix Chromecast Audio pour le prix d’un Sonos Connect, qui dispose certes d’un vaste écosystème logiciel, mais n’est pas plus simple et pratique. Seul le Rocki peut prétendre rivaliser avec le palet de Google, mais il est encore plus limité et coûte 10 € de plus. Même les produits Bluetooth ne sont pas plus abordables : le récepteur B1 d’AudioEngine, une référence en la matière, coûte la bagatelle de 219 €.

Au final, le Chromecast Audio n’a pas de meilleur concurrent que… le Chromecast. Google part du principe qu’un appareil branché derrière des enceintes ne diffusera pas de vidéo, et qu’un appareil branché derrière un téléviseur ne diffusera pas d’audio, en oubliant que le home cinema est le centre de bien des foyers. Mais à 39 € chacun, vous pouvez bien acheter les deux et voir lequel vous convient le mieux avant de renvoyer l’autre. D’autres vendent de simples câbles à ce prix…

Note

Les plus :

  • Aucune solution concurrente n’est moins chère
  • Facile à configurer et utiliser

Les moins :

  • Attrape-poussière
  • Sélection logicielle limitée
7.5
10

Prix :

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