Test des objectifs photo Rhinoshield

Anthony Nelzin-Santos |

Avec le beau temps et les vacances, vous aurez peut-être envie d’acheter des bonnettes1, ces petites lentilles que l’on place devant l’objectif de l’iPhone pour élargir le champ ou augmenter le rapport de grossissement. Du cul-de-bouteille monté sur une pince au système Exolens avec des cailloux Zeiss, en passant par les produits très connus d’Olloclip et ceux moins connus de Moment, vous avez l’embarras du choix. Et si cela ne vous suffit pas, ajoutons un nom à la liste, celui de Rhinoshield.

Oui, ce Rhinoshield. Après avoir fait le tour de la question des coques et des films de protection, l’accessoiriste élargit et prolonge sa gamme, en investissant le marché des bonnettes. S’il existe tant de produits différents, c’est qu’il existe différentes manières de résoudre un problème fondamental, la contradiction entre la facilité d’utilisation des bonnettes et le confort d’utilisation de l’iPhone.

Les composants du système de Rhinoshield : l’une des coques compatibles, la monture métallique à vis, et l’une des bonnettes avec son capuchon.

Soit la bonnette est solidaire de son système de fixation, une pince dans le cas des kits à 10 € que l’on trouve un peu partout en ligne, une « épaule » que l’on glisse sur le coin de l’iPhone dans le cas d’Olloclip. La pose de la bonnette prend quelques secondes, et le système de fixation ne gêne pas l’utilisation de l’iPhone au quotidien, mais il faut changer les lentilles lorsque l’on achète un nouvel appareil incompatible avec le système de fixation.

Soit la bonnette est conçue pour une monture, à vis chez Exolens ou à baïonnette chez Moment, fixée à demeure sur l’iPhone. On peut conserver les bonnettes d’un appareil à l’autre et seulement changer le système de fixation, mais ce système entrave l’utilisation de l’iPhone au quotidien. Le « squelette » d’Exolens doit être (dé)monté à chaque utilisation, et Moment n’offre qu’un choix très réduit de coques dotées de sa monture.

Rhinoshield profite de sa position établie d’accessoiriste pour ouvrir une voie intéressante, en séparant la monture de la fixation à proprement parler. La bonnette repose toujours sur la monture, mais cette monture n’est rien d’autre qu’un petit bout de métal fileté, qui prend place dans une coque jouant le rôle de fixation. On peut ainsi choisir parmi le catalogue de coques compatibles chez Rhinoshield, et surtout changer de coque à loisir, en transférant la monture de l’une à l’autre.

À gauche et à droite, deux modèles différents de la coque SolidSuit. Au centre, un « verso » de la coque Mod.

Le fabricant propose trois grandes gammes de coques compatibles, avec un accent porté sur la personnalisation pour les deux premières, et sur la résistance aux chocs pour la troisième :

  • la gamme Mod de coques modulaires, formées d’un bumper décliné dans sept couleurs et d’un « verso » transparent (29,99 €), avec la possibilité d’acheter des « versos » supplémentaires parmi plus d’une centaine de propositions (12,99 €) ;
  • la gamme PlayProof de coques traditionnelles, déclinées dans de très nombreux coloris et motifs (24,99 à 34,99 €) ;
  • la gamme SolidSuit de coques renforcées, déclinées dans trois coloris « classiques » (noir, gris et blanc, 29,99 €), trois finitions bois (chêne, noyer clair et noyer foncé, 39,99 €) et quatre finitions texturées (fibre de carbone, cuir noir, microfibre et métal brossé, 34,99 à 39,99 €).

Sur ces coques, la découpe pour l’appareil photo est biseautée de manière à recevoir l’« adaptateur d’objectif photo Rhinoshield », un petit bout de métal avec un pas de vis de 12,5 mm de diamètre, vendu 5,99 €. En plus d’être disponible pour les smartphones Pixel, il est proposé pour l’iPhone SE et donc les iPhone 5/5s, pour les iPhone 7/8 et les iPhone 7 Plus/8 Plus, et enfin pour l’iPhone X. La coque accueille la monture, la monture reçoit les bonnettes, le système est complet.

Lors de notre premier test du système de Rhinoshield, à l’automne dernier, le pas de vis pouvait se gripper dans certaines conditions. Ce problème a été résolu juste à temps pour notre deuxième test, au printemps, et les montures commercialisées aujourd’hui sont fluides et fiables. Bien sûr, il faut quelques secondes pour sortir la bonnette de sa petite pochette en tissu, et quelques secondes supplémentaires pour la visser, mais c’est le lot de tous les systèmes du genre.

Le grand-angle 2-en-1 : à gauche la lentille macro, au centre la lentille que l’on visse à la lentille macro pour obtenir un grand-angle, à droite le capuchon qui protège le tout. Toutes les bonnettes sont fournies avec une housse de transport en tissu doux et un capuchon souple, le grand-angle HD est fourni avec un pare-soleil et un capuchon à ressorts façon objectif pro.

Venons-en, justement, aux bonnettes. La gamme de Rhinoshield compte quatre produits, tous dotés de lentilles en verre avec un traitement de surface de l’élément extérieur, dans un fût en aluminium anodisé noir :

Pas de téléobjectif donc, mais différents degrés de grand-angle… et surtout différentes qualités. Il n’y a pas de miracles : plus la bonnette est encombrante, plus elle est optiquement performante, et plus elle est chère. Le fisheye et le macro 2-en-1 sont directement comparables avec les bonnettes Olloclip équivalentes. Leur utilité est relativement limitée, même s’il est toujours amusant de jouer avec un fisheye3, qui offre un champ extrêmement large au prix de fortes déformations.

Un exemple permettant de juger à la fois du coefficient de grossissement et des distorsions, avec une vue du Fort National à Saint Malo, sous un temps typiquement breton. Photos prises avec l’application Appareil photo et l’objectif grand-angle d’un iPhone 8 Plus, sans recadrage ni retouches. L’iPhone seul d’abord.

Le 2-en-1 peut rendre de fiers services, mais il faut dévisser la lentille supérieure pour l’utiliser comme un objectif macro, une opération compliquée par la finesse extrême des éléments. La mise au point est relativement aisée lorsque l’on place la bonnette devant l’objectif d’un iPhone 8 ou le grand-angle d’un iPhone X, mais beaucoup plus difficile lorsque l’on place la bonnette devant le téléobjectif, quoique le rapport de grossissement permet alors de capturer des détails infimes.

L’ultra grand-angle ensuite. L’horizon est volontairement bas pour bien montrer la distorsion en barillet et les fortes aberrations sur le pourtour de l’image. L’angle est si large que l’on aperçoit, dans les coins qui manquent de piqué, le muret de la chaussée du Sillon.

L’ultra grand-angle est assez quelconque, surtout en comparaison avec le grand-angle HD, mais ce dernier est deux fois plus cher et deux fois plus encombrant que le premier. C’est inévitable à ce niveau, l’ultra grand-angle souffre d’une forte distorsion en barillet, suffisamment régulière toutefois pour être corrigée logiciellement, au prix d’un serrage du cadre bien sûr. Disons que c’est une bonne entrée de la gamme, idéale pour compléter le grand-angle et le téléobjectif des iPhone 7/8 Plus et de l’iPhone X.

Enfin, le grand-angle HD, qui offre lui aussi un champ très étendu, mais avec une distorsion beaucoup mieux maîtrisée.

Avec sa construction optique plus complexe, le grand-angle HD offre une image nettement plus piquée que ses confrères, même si le contraste et la netteté restent faibles dans les angles. Avec son capuchon à ressorts, son pare-soleil, ses 4 cm de diamètre et plus de 2 cm d’épaisseur, il demande un usage plus posé et réfléchi. En contrepartie, il contient beaucoup mieux la distorsion, et offre des résultats plaisants.

Le macro dans ses œuvres, ici monté devant le téléobjectif d’un iPhone 8 Plus pour un grossissement maximal. La distance de mise au point est minime, et le plan focal aussi épais qu’un cheveu, la périphérie de l’image baigne dans un flou d’autant plus artistique que l’iPhone a tendance à monter en sensibilité pour compenser la faible ouverture du téléobjectif, mais il est toujours intéressant de garder ce genre de bonnettes à portée de mains.

L’ensemble forme un système digne d’intérêt. Rhinoshield ne rivalise pas avec Zeiss et Moment, et ne le veut sans doute pas, mais surclasse aisément les fabricants de produits noname et concurrence directement Olloclip. En séparant la monture de la coque, l’accessoiriste propose des bonnettes nettement plus flexibles que celles d’Olloclip (qui commence à avancer dans ce domaine avec son système Connect X, mais ne propose toujours pas de coque d’une qualité acceptable), et des coques plus variées que celles de Moment (qui pourrait toutefois s’allier avec des accessoiristes, comme elle l’a fait pour des sacs à dos et des périphériques).

Le fisheye et le macro ne sont pas d’une qualité renversante, mais ils font toujours leur petit effet, et l’ultra grand-angle est parfaitement placé sur le plan tarifaire. Pour 100 €, vous pouvez acheter la coque Rhinoshield de votre choix et la monture adaptée, ainsi que l’ultra grand-angle et le fisheye ou le macro. Au-delà, le grand-angle HD laisse espérer que Rhinoshield saura développer son système — un téléobjectif ou un macro HD, pour commencer, seraient les bienvenus.


  1. Le terme correct pour désigner une lentille additionnelle. Pour éviter les répétitions, nous utiliserons indifféremment « bonnette » et « lentille » dans cet article.

  2. En équivalent 35 mm, soit un rapport de grossissement de 0,28x pour le fisheye, 0,4x pour l’ultra grand-angle, 0,6x pour le grand-angle HD, et 0,65x pour le grand-angle.

  3. Un petit conseil créatif au passage : n’hésitez pas à utiliser les bonnettes fisheye ou ultra grand-angle avec le mode panorama. Une fois que vous aurez pris le coup de main, vous obtiendrez des résultats spectaculaires.

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