Andy Rubin sceptique au sujet de Siri et de Metro

Christophe Laporte |

Cette semaine, Google est au centre de l’actualité. Après avoir lancé en grande pompe Android 4.0 (lire : Présentation des nouveautés d'Android 4.0), Andy Rubin était l’invité de la conférence AsiaD , la déclinaison asiatique des célèbres conférences D: All Things Digital. Le patron d’Android, qui n’a jamais sa langue dans sa poche, a évoqué Ice Cream Sandwich, et a longuement parlé de la concurrence, et plus particulièrement d’Apple. Il a notamment donné son point de vue sur Siri.

Andy Rubin a commencé à évoquer Ice Cream Sandwich, qui est rappelons-le la première version unifiée d’Android conçue à la fois pour les smartphones et les tablettes. Pour lui, il s’agit de la meilleure version d’Android jamais réalisée par son équipe.

Walt Mossberg, au cours de cet entretien, lui a rappelé une déclaration qu’il avait faite l’année dernière au sujet d’Android, qu’il avait qualifié “de système d’exploitation pour geeks”. Depuis, l’un des objectifs de Google a été selon Rubin de masquer la technologie afin de rendre son système plus abordable. C’est pour cela explique-t-il, que Google a revu sensiblement l’interface d’Ice Cream Sandwich.

Pour Andy Rubin, les terminaux Android sont une extension dans la vie quotidienne des gens. C’est en tout cas le but que poursuit Google et pour cela, son logiciel système doit être aussi intuitif que possible.

Autre sujet abordé : la concurrence. À la question, quel est votre principal concurrent, Andy Rubin n’a pas clairement répondu : “j’imagine que tous mes concurrents sont tous ceux qui sont dans le business des plates-formes. Apple produit un système d’exploitation. Microsoft produit un système d’exploitation”.

Alors que Research In Motion (RIM) a souvent mauvaise presse ces temps-ci, le patron d’Android a volé au secours de la société canadienne estimant que leur approche était intéressante. Rubin est d’une certaine manière admiratif de l’approche verticale de RIM qui maitrise tous les aspects de ses téléphones. C’est à la fois un avantage, car cela limite les dépendances, mais cela vous limite par ailleurs. Il pense qu’avec QNX, RIM peut faire des choses intéressantes.

En ce qui concerne Microsoft, il a critiqué l’interface graphique Metro. Certes, il reconnait que Microsoft n’a pas manqué d’audace. Cependant, cela pourrait être très dangereux pour Redmond selon lui. En effet, Rubin estime que l’interface de Windows Phone laisse moins de place à la créativité et ne permet pas aux développeurs et aux constructeurs de s’exprimer pleinement.

Puis il a été question d’Apple, de sa culture d’entreprise et surtout de sa capacité à innover. Va-t-elle perdre le fil avec la mort de Steve Jobs ? Rubin connait bien la maison pour y avoir travaillé pendant trois ans au début des années 90. Pour aller à l’essentiel, il n’est pas inquiet estimant que l’ADN d’Apple vient de toutes les personnes qui la composent. Certes, c’est une grande perte pour Apple, mais l’heure est venue pour d’autres personnes de monter en grade et de prendre leurs responsabilités.

Un peu plus tard, il a été interrogé au sujet de Siri, Rubin ne partage pas l’enthousiasme d’Apple concernant cette technologie. Pour lui, le téléphone ne doit pas se transformer en assistant personnel. “Votre téléphone est un outil pour communiquer. Vous ne devriez pas communiquer avec votre téléphone, vous devriez communiquer avec quelqu’un d’autre à l’autre bout du fil”.

Le responsable d’Android n’est pas emballé par l’approche d’Apple et ne désire pas aller dans cette direction pour son système. Il a déclaré être curieux de voir comment les choses allaient évoluer. Rubin a très justement rappelé que le concept de Siri n’était pas nouveau. Mais il a reconnu qu’Apple a toujours senti quand une technologie était prête à être adoptée par le grand public. Alors, est-ce le moment ?

En ce qui concerne les tablettes, il a reconnu que Google avait encore beaucoup de travail à faire. Mais la situation n’est pas aussi mauvaise que certains veulent le faire croire. Il a affirmé que six millions de tablettes Android utilisaient les services de Google.

Mais peut-être que son propos le plus intéressant concerne les applications pour tablettes. Il estime que les éditeurs n’ont pas à concevoir des applications spécifiques pour tablettes. Sous Ice Cream Sandwich, toutes les applications fonctionnent parfaitement sur les tablettes. Il n’y a pas de distinction à faire selon lui entre une application pour smartphones et une application pour tablettes. Comme le note John Gruber, finalement pour Google, une tablette est un gros smartphone.

Enfin, concernant le HTML5, il a affirmé que ce n’était pas encore une alternative mûre pour concevoir des applications pour les différents systèmes d’exploitation mobiles.

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