D'iOS à Android : retour d'expérience pour Battleheart

Florian Innocente |

Noah Bordner, développeur de Battleheart, un jeu de RPG pour iPhone et iPad, assez bien noté sur l'App Store [1.0.5 iPhone/iPad - 2,39€] dresse un premier bilan de son expérience avec Android et le Market de Google [1.13 - 2,10€].

Il y a d'abord plusieurs points positifs. D'abord l'absence de validation, une étape en moins qui lui permet de mettre en ligne à tout moment de nouvelles versions corrigées. Là où Apple obligera à attendre quelques jours, mais souvent quelques semaines même pour de petits bugs. Autre bonne surprise, son application se vend tout à fait correctement côté Android, prouvant par là que le modèle du sponsoring par la pub n'est pas le seul viable.

Toutefois quelques facteurs montrent que le potentiel de ventes sur iOS reste plus élevé. Actuellement les revenus quotidiens du Market équivalent à ceux de l'App Store à 80%. Mais chez sur le premier Battleheart est dans le top 50 alors qu'il est sorti du top 200 d'Apple (ce qui implique qu'il ne figure plus sur la page principale de sa section). Ensuite, promu par Apple à son lancement, le jeu à connu un démarrage 20 fois plus important sur iOS que sur Android.

Il y a donc au final un écart entre les deux boutiques, mais la version Android représente une source de revenus significative qui, avec le recul, justifie ce développement. Mais Bordner de souligner une condition pour que cela marche “J'irai jusqu'à dire qu'un produit de haute qualité et soigné est plus susceptible de bien marcher sur Android que sur iOS, tellement la qualité est à un niveau pathétiquement bas sur l'Android Market”.

Il observe aussi que les utilisateurs Android ont un peu mieux noté son application que ceux d'iOS (4,8 contre 4,5/5) tout en étant moins nombreux. 4000 clients ont fait cet effort sur iOS contre 1000 sur Android. Il en déduit que les utilisateurs de la plateforme de Google sont nettement plus sensibles à des applications de bonne tenue de part une qualité globale inférieure. Enfin, cette application sur Android n'a profité d'aucune promotion, comme l'avait fait à l'inverse Apple, et son auteur a fait le strict minimum sur Twitter. Tout s'est fait par le bouche à oreille. Ce qui est d'autant plus remarquable à son sens au vu des ventes réalisées (il ne donne pas de valeurs sur ce point).

Sur le plan du portage, il y a eu les contraintes habituelles, plusieurs tailles d'écrans à gérer, quelques téléphones qui affichent mal des effets du moteur graphique utilisé (Unity) ou sur lesquels le jeu plante. Mais rien de dramatique et le portage s'est fait en une journée, sachant que 95% du titre repose sur ce moteur multiplatforme.

Les principaux inconvénients sont venus du support technique et de problèmes indépendants de l'application. Par exemple des problèmes d'installation après le téléchargement depuis l'Android Market. 1 à 2% des clients sont touchés, entraînant parfois des demandes de remboursement (une fonction du store de Google proposée dans le quart d'heure qui suit un achat) plutôt que de se tourner vers la FAQ mise en place. Autre désagrément, la gestion des ventes et de l'après-vente que Google laisse aux développeurs, alors qu'Apple s'en occupe.

"Je veux juste faire des jeux, pas écouter les gens se lamenter sur leur application qui ne s'installe pas (en raison d'une erreur de l'utilisateur 9 fois sur 10) et sur le fait qu'ils ont raté la fenêtre de 15 minutes pour obtenir un remboursement, ou qu'ils ne savaient même pas il y avait une telle politique de remboursement... même si elle figure en bonne place sur la confirmation de commande qui est instantanément envoyée à l'appareil qu'ils tiennent dans le creux de leur p..... de main. Oui, ma patience en est arrivée à ce point :-). Il y a des jours où j'ai envie de tout débrancher parce que je suis fatigué de ces personnes de 12 ans (ou des gens qui ont des compétences en communication de ce niveau) qui essaient de me convaincre qu'ils ont été lésés et que je devrais leur rendre leurs 3 dollars. Et je me rappelle aussitôt que la moyenne des avis d'utilisateurs semble indiquer que ceux qui ont ces problèmes sont une minorité bruyante, et je ne devrais pas jeter le bébé avec l'eau du bain.

En conclusion il se dit de manière générale extrêmement satisfait de cette expérience sur Android et il entend la poursuivre. Il lui manque cependant cette interface que représente iTunes entre lui et les clients pour s'épargner des questions sur des problèmes techniques qui ne sont pas de son ressort. Comme la taille du cache de téléchargement bridé par le fabricant ou débridé par l'utilisateur, un fichier temporaire corrompu sur la carte SD de stockage ou encore des fichiers cache d'autres applications qui viennent interférer “cela représente 99% des mail que je reçois et c'est assez épuisant”.

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