Freebox Revolution : prise en main de la Freebox Player

Nicolas Furno |

Avec la Freebox Revolution, Free a souhaité effectuer un changement radical dans la façon de concevoir la Freebox. Fini le côté geek bidouilleur, le produit sera désormais grand public ! Cela se voyait avec la Freebox Server (lire : Freebox Revolution : prise en main de la Freebox Server), mais c'est surtout pour la Freebox Player que les changements sont les plus visibles.

Free a souhaité proposer un produit tout-en-un complet, de la télévision à la lecture de fichiers vidéos, en passant par les DVD et Blu-Ray. C'est donc un produit qui peut remplacer tout autre appareil de lecture sous une télévision, à commencer par un Apple TV. Cette prise en main ne se veut pas exhaustive, mais nous avons essayé de comparer les deux appareils.

Free se met au design

La Freebox Player est très proche du module Server. Le même design général, celui de Starck, se retrouve donc sur les deux boites : même boitier noir anguleux et brillant, mêmes mots gravés sur le dessus, même port USB sur l'avant. Posés l'un sur l'autre, les deux boitiers ne se distinguent vraiment que par la couleur du plastique autour du port USB à l'avant, et par la fente du lecteur DVD et Blu-Ray (BR) qui remplace l'afficheur et les boutons de la Freebox Server.

Les défauts soulignés lors de la prise en main de la Freebox Server demeurent donc : cette box est également bancale et le câble qui relie le port USB à l'avant passe aussi toujours derrière, au milieu des connecteurs. Le port USB dépasse sous l'appareil à gauche et le côté droit n'est pas rééquilibré avec un pied de la même hauteur. Une fois la box posée sous votre télévision néanmoins, le problème ne sera pas trop gênant, sauf si pensiez poser quelque chose au-dessus.

Free est beaucoup plus généreux qu'Apple en matière de connectique. À l'arrière de la Freebox Player, on trouve ainsi deux ports USB, un port eSATA, une prise antenne pour la TNT, une prise Ethernet, une prise Peritel au format rond (un câble vers une prise Peritel standard est fourni), une autre HDMI à la norme 1.3 pour l'image, et une prise optique pour le son. Reste à droite une prise qui ressemble à un connecteur pour téléphone : Free n'indique pas à quoi elle est censée servir, mais on peut y brancher un téléphone, comme sur la Freebox Server, ce qui peut permettre d'avoir le téléphone dans son salon.

Si le port USB avant prend encore sa source dans un des deux ports USB à l'arrière, Free a cette fois mieux fait le travail. Le câble est contraint par de petits guides qui permettent de contourner les autres ports et ainsi réduire la gêne.

Chez Apple, la connectique est réduite à sa plus simple expression : alimentation électrique, sorties son et image, une prise Ethernet et un port micro-USB qui ne sert qu'à la maintenance. Par contre, Apple a casé dans le boitier le transformateur : on branche l'Apple TV directement au secteur.

La prise Ethernet est le seul moyen de relier la Freebox Player à Internet : le plus simple est bien sûr de le faire par l'alimentation qui sert aussi de boitier CPL. Pour son Apple TV, Apple a également fait le choix du WiFi, ce qui peut être pratique dans certains cas. Le kit CPL de Free ne fonctionnera de manière optimale que branché directement à une prise murale, ce qui peut poser problème près d'une télévision où le nombre d'équipements à brancher est important.

Free a fait de gros efforts sur la télécommande livrée avec la Freebox Revolution. Alors que la Freebox Player contient de nombreuses fonctions évoluées, comme un navigateur Internet, Free n'a pas choisi de livrer une télécommande très (trop) complexe, comme on avait pu en voir avec les Google TV (lire : Google TV : l'enthousiasme n'est pas au programme). Au contraire, c'est une télécommande très simple que propose Free, avec un nombre limité de boutons et une mise en avant des fonctions principales par une astucieuse élévation de quelques boutons. Le volume, le changement de chaîne ou encore le pavé directionnel sont ainsi clairement mis en avant et accessible en aveugle. Tous les éléments représentés sur le plastique caoutchouté sont cliquables, même le logo de Free.

La télécommande de Free respire la solidité, notamment grâce à sa base en métal qui est néanmoins sensible aux rayures. Derrière cette partie métallique se cachent les trois piles AAA nécessaires au fonctionnement

Là encore, Apple a fait un choix radicalement différent avec une télécommande extrêmement simple, voire simpliste. L'Apple TV bénéficie néanmoins d'un contrôle plus complet avec les terminaux iOS.

Mais cette télécommande apparemment très simple a plus d'un tour dans son sac. D'une part, elle n'est pas infrarouge, mais commande le boitier par ondes radio. L'avantage évident est que vous n'aurez pas à placer la Freebox Player directement sous la télévision, vous pouvez la laisser dans un coin, cachée. Bonne idée, qui posera néanmoins problème à tous ceux qui utilisaient des télécommandes universelles infrarouge : impossible de les utiliser désormais.

Autre particularité de cette télécommande, elle est munie d'un accéléromètre qui permet, à la manière de la manette de la Wii, de diriger un curseur à l'écran, une fonction utilisée pour le moment uniquement par le navigateur Internet, comme on le verra par la suite. Difficile de connaître pour le moment la consommation de l'accéléromètre et du module radio, mais on imagine que les piles seront plus sollicitées que dans une télécommande infrarouge classique.

Si vous n'aimez pas la télécommande proposée par Free, la Freebox Player ne casse pas la compatibilité avec les télécommandes WiFi et les nombreuses applications iPhone proposées sur l'App Store continueront de fonctionner. Nous avons testé Freemote (1,59 € (iPad) / Lite) et cela fonctionne très bien, même si pour le moment elle est inutilisable dans le navigateur web. On suppose que les différents développeurs mettront à jour leur application.

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Freebox Player : beaucoup de fonctions, pas forcément bien pensées

Free, à la différence d'Apple, n'a pas lésiné sur les fonctions de sa Freebox Player. Certaines fonctions rejoignent celles de l'Apple TV, mais l'offre de Free est beaucoup plus riche.

La Freebox Player est d'abord un lecteur vidéo, avec plusieurs sources possibles. Tout d'abord la télévision par ADSL : 179 chaînes gratuites, et jusqu'à 418 chaînes en option accessibles via sa connexion Internet. Si vous avez une antenne TNT, vous pourrez également utiliser la Freebox Player en guise de décodeur. Mais ce terminal contient aussi un lecteur DVD et BR, et il est capable de lire des fichiers vidéos stockés sur le disque dur de la Freebox Server, ou sur un disque dur connecté en USB ou eSATA.

Par rapport à l'ancienne Freebox HD, Free a considérablement retravaillé le module télévision, avec des menus plutôt esthétiques et efficaces qui permettent d'accéder à différentes informations, comme la durée du programme en cours, un résumé ou encore le programme suivant. Mieux, Free a implémenté un mode de tri de chaînes en fonction du type de programme recherché qui fonctionne autant pour la télévision par ADSL que pour la TNT. L'ensemble est bien pensé et très fluide. L'enregistrement se fait à partir de ce guide de programmes, tandis que le direct peut être immédiatement mis en pause. Les contenus sont stockés sur le disque dur dans le dossier "Enregistrements" au format .m2ts, sauf si la chaîne bloque cette possibilité. Il est toujours possible d'enregistrer un programme à distance.

La lecture de DVD et BR fonctionne sans problème. Il suffit de glisser un média dans le mange-disque pour activer le menu ad-hoc. La lecture se lance alors rapidement et le tout fonctionne sans problème, à quelques détails près comme le volume qui n'est pas pris en compte en lecture DVD. Limite majeure de cette version actuelle si vous avez une télévision un peu ancienne, seule la prise HDMI est capable de lire des DVD ou des BR. L'entreprise a également maintenu, inchangée, le Freebox Replay pour accéder à tout le contenu pendant une semaine et la Vidéo à la Demande (VOD). On trouvera également à l'identique et apparemment non fonctionnelle, la TV Perso.

Au-delà de la télévision, la Freebox Player contient les mêmes fonctions que l'Apple TV, à savoir lecture de vidéos, de photos ou encore de musique. La lecture de vidéos est beaucoup plus souple que chez Apple puisque la liste des formats supportés est assurément plus large : le MP4/H264 comme pour la pomme, mais aussi le DivX, le MPEG-2 ou même le VC1. Le conteneur MKV est supporté et on a pu lire des fichiers en HD sans problème. La fluidité est toujours au rendez-vous et le stockage déporté ne gêne en rien la lecture des vidéos même les plus grosses. Bonne idée de Free, des informations sur chaque film sont automatiquement récupérées sur le site Allociné et s'affichent à la demande.

La lecture des photos fonctionne comme attendu, avec moins de raffinement que chez Apple. Deux modes sont proposés, un diaporama simple et un effet "Mini-photos" où les photos sont disposées aléatoirement sur l'écran de la télévision. Petit problème lié à Mac OS, le système ne masque pas les fichiers cachés ajoutés automatiquement par le système d'Apple, si bien que l'on a deux fois plus de fichiers, mais la moitié inaccessible.

Comme pour les photos et les vidéos, la Freebox Player est capable de lire de la musique à condition de ranger les fichiers dans le bon dossier. Mais contrairement à Apple, Free propose un lecteur très basique dans une interface plutôt moche. Les fichiers MP3 et AAC (les deux formats reconnus) que nous avons essayé étaient pourtant correctement taggués, mais le boitier affiche leur nom et fait défiler les autres noms des fichiers présents dans le même dossier.

Enfin, Free se distingue d'Apple en incluant un navigateur Internet dans sa Freebox Player. Pour le moment, ce navigateur se contrôle entièrement à l'aide de la télécommande et de son accéléromètre, ce qui ne conviendra qu'aux habitués de la Wii. Les autres trouveront sans doute la méthode un peu complexe, surtout quand il s'agit de taper sur le clavier virtuel. On regrette notamment de ne pas pouvoir utiliser le clavier présent sur la télécommande, en parallèle des dix numéros. Néanmoins, la Freebox est compatible avec des claviers et souris USB (nous avons testé ceux d'Apple) et on peut ainsi naviguer beaucoup plus facilement sur Internet… à condition d'avoir de bonnes rallonges USB. Nous avons essayé un clavier sans fil de Logitech, sans succès.

Ce navigateur est plutôt bien réalisé, il faut le reconnaître. La patte Apple est présente, notamment dans l'interface des signets, des onglets ou encore des pages visitées récemment. Le zoom fonctionne plutôt bien et rend la lecture de pages Internet acceptable. La Freebox pourra au moins dépanner, mais ne comptez pas sur elle pour accéder aux vidéos en Flash. Malheureusement et étrangement, YouTube n'est pas plus compatible avec la version HTML 5. L'entreprise a promis un navigateur compatible avec Flash, on suppose donc que la fonction finira par arriver.

Free a également intégré un accès à son webmail : vous pourrez ajouter un ou plusieurs comptes mail de chez Free et y accéder en lecture seule. L'interface de navigation est très confortable, tout se fait avec le pavé directionnel de la télécommande et cela fonctionne très bien. Les mails sont bien rendus et l'interface liste les liens qu'ils contiennent pour accéder directement au navigateur.

La Freebox Player, console de jeu

Free a également souhaité faire de sa Freebox Player une console de jeux grand public. Pour l'heure, cela reste théorique : la manette de jeux qui devait être livrée avec est absente du colis et le magasin où l'on devait acheter des jeux est encore fermé. Difficile, dès lors, de se prononcer sur cette fonction totalement absente chez Apple.

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Conclusion

La Freebox Player offre un mélange étonnant entre un réel effort visible de la part de Free pour améliorer sa box multimédia et la rendre plus accessible au grand public, et des archaïsmes ou incohérences issus en partie des anciennes versions. La différence entre l'offre de Free et celle d'Apple peut se résumer à cela : d'un côté on un a un produit limité à quelques fonctions de base, mais qui les effectue toutes très bien ; de l'autre on a un produit beaucoup plus complet et puissant, bardé de fonctions, quitte à ne pas faire correctement plusieurs d'entre elles.

Parmi les points positifs, la télévision par ADSL ou TNT est désormais très bien gérée, les guides et filtres de programmes sont bienvenus pour accéder rapidement aux émissions ou films voulus. La lecture de vidéos est elle aussi réussie : Free a mis les moyens sur le plan technique pour lire des formats variés en HD, alors que le boitier d'Apple se limite à un seul format vidéo de qualité plus réduite. Le choix de placer le disque dur dans la Freebox Server n'est pas contraignant à l'usage, à dire vrai on ne s'en rend pas compte. Rien à redire non plus sur la lecture de DVD ou Blu-Ray, à condition de disposer d'une télévision moderne équipée d'une prise HDMI.

Free a rejoint Google en choisissant d'ajouter à sa Freebox Player un navigateur Internet. L'idée n'est pas totalement stupide, la réalisation pas mauvaise à condition de maîtriser une télécommande de Wii, mais force est de constater que cette fonction ne dépasse pas le stade du gadget. En cause, des sites qui ne sont pas adaptés à une télévision en grande majorité. On imagine mal naviguer avec sa Freebox plus de quelques minutes, mais on pourra toujours lire un article, ou un mail avec l'interface adaptée par Free. Malheureusement, ce qui aurait pu être intéressant avec ce navigateur aurait été la lecture de vidéos, mais cette fonction est rendue inutile par l'absence de Flash, ou de moyen de contournement.

Autant de fonctions supplémentaires par rapport à l'Apple TV et qui sont significatives de profondes différences de conception entre les deux produits. Free a choisi de fournir beaucoup de fonctions, y compris de mal finies ou mal pensées pour l'écran d'une télévision, comme en témoigne l'interface du lecteur de musique, des radios et du répondeur ou simplement la présence des Télésites. Mais après tout, ce n'est pas si grave : le grand public trouvera des fonctions de base largement améliorées, aux bidouilleurs le soin de découvrir et utiliser des fonctions plus complexes, pas nécessairement très bien pensées, mais qui fonctionnent malgré tout.

Reste que la Freebox Player, comme la Freebox Server, donne le sentiment un peu désagréable d'être à un stade de beta, et non à celui du produit fini. Les fonctions manquantes ou non-fonctionnelles (jeux, TV Perso), les bugs parfois gênants (un DVD qui refuse de sortir) sont autant d'éléments pénibles à l'heure actuelle. On regrette surtout l'absence de pédagogie de Free : faute de manuel, on ne sait pas ce qui doit fonctionner, ni comment cela doit fonctionner. L'objectif de toucher le grand public évoqué par Free n'est dès lors que partiellement atteint…

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