Oracle taxe Google d'irresponsabilité

Anthony Nelzin-Santos |

Florian Müller, le spécialiste de la propriété intellectuelle qui suit de près l'évolution de l'affaire opposant Oracle à Google remarque que les esprits (re)commencent à s'échauffer. Dans un mémo à l'adresse de la cour en charge de l'affaire, Oracle affirme que Google cherche à ralentir les débats, et l'accuse de la plus grande irresponsabilité vis-à-vis de ses partenaires.

Le 2 février dernier, Google se plaignait du fait qu'Oracle l'attaque directement. L'hypothèse d'Oracle est simple : elle considère que Google viole la propriété intellectuelle d'Oracle sur plusieurs points dans Android ; Google contrôlant la marque déposée Android, gérant le développement de l'OS et imposant des règles, elle est responsable de ce problème ; Google doit donc vérifier que ses partenaires n'ont pas été « contaminés » par cette violation. Google considère cette procédure comme un « fardeau » auquel elle n'a pas à se plier.

« Oracle formule l'hypothèse que du code Android dans le dépôt public a été implémenté et/ou utilisé par des acteurs tiers. […] Oracle n'a fourni aucune preuve de ce qu'elle avance. » explique Google, qui précise qu'elle n'est pas responsable du comportement de ses partenaires : « depuis au moins le 4 octobre 2010, Google a averti Oracle que les "développeurs sont libres de modifier le code source de la plateforme Android pour répondre à leurs besoins spécifiques" ».

Pas de quoi convaincre Oracle, qui a répondu le 7 février : « Google en sait beaucoup plus sur la manière dont Android est implémenté et utilisé qu'elle ne veut bien le dire. Par exemple, Google interdit l'utilisation de la marque déposée Android si l'appareil n'est pas considéré comme "compatible Android" ». En effet, un fabricant ne peut théoriquement pas utiliser la marque Android s'il ne répond pas à un cahier des charges prédéfini. Google n'autorise pas non plus la modification de nombreux aspects de son implémentation de Java dans Android. Bref, la firme de Moutain View aurait beau jeu de repousser du dos de la main ces objections : Google contrôle Android.

Pire, selon Oracle, cette conduite est simplement irresponsable : « ayant atteint son objectif, Google veut poignarder ses partenaires et ses utilisateurs dans le dos, feignant l'ignorance ». Oracle attaque ainsi frontalement la firme de Moutain View sur un point qui avait déjà été soulevé : Google ne fournit aucun soutien judiciaire à ses partenaires, et mieux s'en lave même les mains (lire : Android au cœur de la tourmente judiciaire). Un élément d'insécurité qui pourrait jouer des tours à Google : RIM aurait par exemple choisi de ne pas utiliser la machine virtuelle Dalvik à la lumière de l'affaire Oracle-Google (lire : BlackBerry PlayBook : des apps Android, mais pas Dalvik).

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