PlayBook : coulisses d'un lancement raté

Florian Innocente |

Le lancement de la PlayBook de RIM n'a pas connu le succès escompté, c'est un euphémisme, avec des volumes au ras des pâquerettes (200 000 seulement envoyés aux revendeurs ces trois derniers mois) et allant même en déclinant sérieusement d'un trimestre sur l'autre (lire Les "ventes" de PlayBook font grise mine chez RIM). Aujourd'hui elle fait l'objet de promotions de l'ordre de 200$ sur des sites de vente en ligne américains, soit une réduction de quasiment 40% sur le prix d'origine !

La préparation de la commercialisation de cette tablette ne s'est pas non plus faite dans les meilleures conditions explique le Wall Street Journal qui revient sur les quelques mois qui ont précédé sa sortie en juillet dernier.

Jusqu'au sommet de l'entreprise, des désaccords se sont fait jour sur le public à viser. L'agence de marketing Leo Bunnett fut engagée pour mettre en forme le message commercial. Avec l'appui du responsable marketing, Keith Pardy, embauché auparavant pour stimuler la division marketing, fort de son expérience auprès de marques grand public comme Coca ou Nokia.

Pardy et cette agence défendirent l'idée de s'éloigner des campagnes axées sur les caractéristiques matérielles du produit. Une position qui ne fut pas partagée par tout le monde et créa des inimitiés dans le groupe marketing, explique le Wall Street Journal.

RIM annula le contrat avec Leo Bunnett au profit d'une nouvelle agence, 72 and Sunny. Mais elle aussi fit les frais de cette absence de ligne claire sur le message à envoyer aux futurs clients. Ainsi Mike Lazaridis, le fondateur et co-PDG de RIM, militait pour présenter la tablette comme un outil professionnel. Il s'appuyait sur les retours de responsables techniques au sein d'entreprises qui envisageaient ce PlayBook comme une extension des BlackBerry. D'autres responsables chez RIM préféraient un positionnement ludique et multimédia à l'attention de clients lambda.

72 and Sunny tint des réunions hebdomadaires avec RIM, présentant projet sur projet, pour les voir à chaque fois rejetés. Début mars, Keith Pardy le responsable marketing, démissionna de son poste trois mois avant le lancement de la PlayBook (officiellement pour des "raisons personnelles"). Et d'après deux sources du Wall Street Journal, l'agence 72 and Sunny fut congédiée un mois seulement avant la sortie de la tablette.

Le Journal rappelle aussi l'anecdote du jour du lancement à New York, après que les premiers articles sur la tablette eurent globalement exprimé des déceptions. Les journalistes se pressèrent autour d'une scène lors de cette soirée de lancement, mais au dernier moment RIM annonça que les deux PDG ne viendraient pas.

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